Chalon sur Saône

Ca a gazé pour Aldebert, décrypteur de mots de passe de l’enfance, et ses sujets

Ca a gazé pour Aldebert, décrypteur de mots de passe de l’enfance, et ses sujets

L’auteur-compositeur-interprète Aldebert et ses quatre musiciens ont fait figure d’extraterrestres en atterrissant à Chalon-sur-Saône…en soucoupe volante ! A l’aide de leur album « Enfantillages 2 », sorti en octobre 2013 (le neuvième), les gais lurons ont élevé la température de plusieurs degrés, et mis sur un pied d’égalité jeunes et moins jeunes. Sauf qu’ici le réchauffement climatique n’avait aucun signe extérieur de maladie !

L’enfance, sujette à bien des petits bonheurs, mais aussi à des turpitudes

Salle Marcel-Sembat samedi soir Aldebert et sa bande ont en moins de temps qu’il n’en faut pour dire ouf, comme jeté un sort à une assistance remarquablement fournie et très bien conditionnée préalablement, lui répondant du tac au tac. Voire anticipant même, quant au déroulé des chansons. « Mon père il est tellement fort », « Range ta piaule », « Dans la maison de mon arrière-grand-père », « Y’ a rien qui va », « Le dragon », « « Mon petit doigt m’a dit », « Du gros son », « Taxidermiste », « Super mamie 2 » », etc. ou l’art et la manière par voie de conséquence de se maintenir en enfance pour les uns, d’y retourner avec délice pour les autres. Avec ce langage universel le bondissant Bisontin n’aura eu aucun mal à capter l’attention et à la sauvegarder jusqu’à l’issue de son tour de chant. Il faut dire que tout concourait à une capacité d’écoute élevée. Erigée en épreuve de vérité, la soucoupe volante aura su fédérer l’injonction de la soirée, à savoir le fondu enchaîné dans l’âge tendre, période charnière de la vie, synonyme pour Aldebert de nostalgie, avec ses imperfections, les comportements, mine de rien, un brin moralisateurs, ou carrément englués dans la flemmardise. Cette leçon de choses n’a pas été, doux euphémisme, d’une linéarité absolue. L’accompagnement musical se devait d’être dynamique, parfois explosif, et changeant afin de mettre le maximum d’atouts dans son jeu. Et il le fut. Du blues au heavy metal en passant par le rock ou le rap, liste non exhaustive, les histoires contées prirent de suite une intonation différente, propre à envoyer paître le conventionnellement correct. Un chanteur, des musiciens, des styles musicaux peu compatibles entre eux, certes. Sur l’indispensable, est venue se greffer, cadeau royal, une noria d’effets spéciaux, tant visuels (images de dessins animés, grimaces à tour de rôle des cinq intervenants…) qu’auditifs, chargée de tenir en haleine, via l’aéronef, ces chères têtes blondes. Dans la salle, sans distinction d’âge, on a chanté à tue-tête, dansé, suivi à la lettre les indications d’un chanteur incitant à se mouvoir selon son bon vouloir. Non contents d’assumer la franche partie de rigolade sur scène, les cinq compères, avec Aldebert sur des échasses, sont descendus à la fin dans le public, accueillis comme des rois avec un ban bourguignon couronnant des échanges pleins d’acuité. Nul doute que, au vu des forces engagées, chacun aura su trouver midi à sa porte. C’était le but de la manœuvre. L’honneur est donc sauf.

                                                                                         Michel Poiriault