Chalon sur Saône

De l’inédit avec Fills Monkey, la batterie sort avec les honneurs des préjugés ghettoïsants

De l’inédit avec Fills Monkey, la batterie sort avec les honneurs des préjugés ghettoïsants

Souffrant d’un –relatif- déficit de notoriété, la batterie s’avère un brin le parent pauvre d’un orchestre type. Avec les duettistes de Fills Monkey et leur « The Incredible Drum Show » elle glisse de l’ombre à la lumière, eux qui vont marcher à la baguette dans le registre épique. A coup sûr, ainsi débridée, la partie d’eux-mêmes effectuera un bond en avant gigantesque. Plus jamais alors vous ne lui jetterez un œil condescendant. C’est tout le mal que vous souhaite ci-après Sébastien Rambaud, l’un des deux compères…


Au départ, faire franchir le pas au public pour qu’il vienne voir et entendre deux musiciens avec leur batterie, ce ne doit pas être évident ?

«Effectivement, ce n’est pas loin d’être un tour de magie ! Faire venir un public pour un trio de rock c’est plus facile car c’est une formule conventionnelle. Ici, ce sont deux batteurs, et pas forcément avec un instrument sexy ! C’est un des problèmes auxquels on s’est heurté. Le bouche-à-oreille est la meilleur pub, avec les mots des gens, leur conviction, même si le concept peut en dérouter certains. Autrement on fait de la promo télé, radio, dans la presse. C’est un spectacle construit pour absolument tout le monde, et pas uniquement pour les batteurs ou les musiciens. C’est accessible de 4 à 96 ans, puisqu’on l’a remarqué dans le public ! Le langage, inventé, est universel, basé sur le rythme « tap’tada.»

Comment, une fois qu’il est là, parvenez-vous à le mettre dans votre poche ?

« C’est l’unique but du spectacle, qui n’est pas fait pour nous, mais pour le public. Nous en sommes à peu près à la cinq centième représentation, et la seule raison pour que l’on continue encore, c’est que les gens entrent dans notre univers très communicatif. Il y a 1h30 de rapports très intimes avec l’assistance, on lui parle. Le rythme et l’humour sont deux langages qui touchent directement. On parle au cœur des personnes sans artifice. C’est un spectacle du cœur. »

Avez-vous créé un précédent avec ce « two-men-show » ?

« Deux batteurs sur scène, de ce qu’on en fait, ça n’existait pas. Il y a eu des duos de batteurs dans le passé, mais qui lient l’humour et la performance, c’est un terrain qui était vierge. C’est très excitant, on a l’impression de se rouler dans une neige fraîchement tombée ! Les groupes s’inspirent maintenant de ce qu’on a réalisé, nous sommes très honorés de ça. »

Qu’évoque pour vous cet instrument ? Est-il un moyen, un but ?

« C’est beaucoup plus un moyen qu’un but. Ce moyen d’expression, c’est comme un autre instrument, ou l’art au sens large. Le but : communiquer avec les gens d’un manière simple pour qu’ils puissent comprendre. On est tous les deux batteurs professionnels avant d’avoir monté ce duo. Au moins là, notre instrument n’est pas relégué au fond de la scène. »

Neuf ans de collaboration avec votre partenaire, ceci doit signifier une entente artistique des plus cordiales. Le confirmez-vous ?

« Oui, et heureusement ! On connaît des ensembles qui continuent à collaborer sans l’entente cordiale. Ca doit être un enfer ! Je pense qu’on s’est bien trouvé humainement et rythmiquement. Il y a eu une sorte d’alchimie, et il y a eu énormément de travail derrière. L’idée, c’est d’être le plus en harmonie possible, ça s’est fait naturellement. Nous sommes devenus amis. On est une espèce de couple avec les inconvénients mais pas les avantages. On est très, très proches. »

Comment se déroule la tournée ?

« On a un spectacle évolutif, jamais figé, en transformation perpétuelle. Il n’y a pas de début ni de fin dans cette tournée, ça tourne sans arrêt. En revanche on peut dire qu’on a commencé en 2011 au moment où on s’est mis dedans à 100%. C’est non-stop. Nous sommes en permanence sur la route, et l’année 2015 est déjà quasiment bouclée. On commence à regarder 2016… »

La batterie devrait-elle être davantage démocratisée ?

« Ce qui est sûr et que l’on constate, c’est que Fills Monkey permet de redorer le blason de cet instrument assez méconnu des gens. Fills Monkey le rend beaucoup plus visible. On voit beaucoup de parents nous dire que leur fils a débuté la batterie après avoir vu Fills Monkey. »

Imagineriez-vous, un jour, renoncer à votre outil de travail tout en oeuvrant en tandem, ou seul sur scène, au nom de l’humour ?

« Ce serait dur de s’en passer ! On a commencé en étant uniquement batteurs, et petit à petit on a appris à jouer la comédie. Le fait d’être considérés comme humoristes, c’est donc nouveau. Nous deux on restera des musiciens et des batteurs, qui jouent un peu la comédie. Il y a d’ailleurs plein de moments où on ne joue pas de la batterie, mais pendant lesquels on fait de la percussion avec d’autres choses. Il faudrait beaucoup de temps autrement, sans compter que ce serait un sacré défi ! Je pars toutefois du principe que rien n’est irréalisable. Avec du travail et de la passion on  peut tout faire, mais ce n’est pas actuellement dans nos projets. »

 

Les renseignements pratiques

A Chalon Spectacles, Youz et Flèche productions proposent Fills Monkey le jeudi 27 novembre en la salle Marcel-Sembat de Chalon-sur-Saône. Ouverture des portes à 19h30, spectacle fixé à 20h30. Prix des places : plein tarif 18 euros, tarif réduit (- de 12 ans)  12 euros ; sur place, 16 euros pour les adhérents de la FNAC (attention, c’est limité). Renseignements : www.achalon.com, informations au 03.85.46.65.89

                                                                                      Michel Poiriault