Opinion

"J’espère seulement ne pas être la seule… "

"J’espère seulement ne pas être la seule… "

Quand elle ne donne pas son avis sur les bédés qu’elle a aimées (ou pas), Adèle Pantre pousse des coups de gueule. Info-Chalon publie le dernier en date.

Ce mercredi 26 novembre 2014, l’Assemblée nationale, ou plutôt les quelques 143 députés sur 577 qui ont pris part au vote, c'est-à-dire ceux d’entre eux qui n’avaient sans doute rien d’autre à faire à ce moment-là, ont adopté une résolution, cosignée par tous les présidents de groupe, pour réaffirmer le droit fondamental à l’IVG.  

 

Eu égard aux passions que le projet de loi porté par Simone Veil en 1974 avait pu déchaîner, on était probablement en droit de craindre des débordements. Toutefois, à l’inverse de la violence des échanges il y a 40 ans, c’est un débat calme, limite soporifique, qui a eu lieu pendant une heure et demie. Est-ce à dire qu’il n’y a eu aucun incident à déplorer ? A vrai dire, si le député Jacques Bompard, comme c’était prévisible, n’a pas manqué de péter sa durite en débitant un virulent discours anti-avortement, aux côtés de toutes les grenouilles de bénitier de l’UMP – Jean-Frédéric Poisson – et du cumulard de Neuilly – le député-maire Jean-Christope Fromantin -, on se serait presque cru dans… une église. De mauvaises langues diraient : dans un cimetière. De plus mauvaises encore oseraient : dans un désert intellectuel.

 

Pour ma part, en voyant tous ces députés s’entrecongratuler, se pousser du col, se la péter, cirer les pompes de Simone Weil, j’ai eu envie de hurler. Et encore plus quand j’en ai entendu se féliciter que l'IVG soit remboursé à 100 %... Pas un, en tout cas pas un seul des cinq députés de Saône-et-Loire, pour oser dire que l'on est en train de vider ce droit de toute sa substance, en laissant peu à peu fermer les centres où l'on peut pratiquer l'IVG, ceci pour des raisons budgétaires. Parce qu'il faut bien faire des économies pour rembourser la dette publique, largement née du sauvetage des banques en 2008… A ce propos, il est pas commode l’argument de la dette ?

 

Franchement, quelle est la valeur d'un droit que l'on peut de moins en moins exercer faute d'infrastructures et de personnels pour pratiquer l'IVG ? Quelle est la valeur d’un droit  quand, à l’hôpital de Chalon, plus aucun gynécologue ne pratique l’IVG ? Quand les médecins d’un hôpital public peuvent refuser de pratiquer cette intervention, en invoquant une clause de conscience ? Décider de rembourser à 100 % un acte que l’on peut de moins en moins pratiquer, ça a un nom. Que mon éducation de femme bien élevée comme il faut, c'est-à-dire bien dressée à fermer sa gueule, m’empêche d’utiliser. Mais je n’en pense pas moins. J’espère seulement ne pas être la seule…

 

Adèle Pantre