Chalon sur Saône

Les Fills Monkey et leur tonitruant show humoristico-poético-musical

Les Fills Monkey et leur tonitruant show humoristico-poético-musical

D’habitude géographiquement en retrait lors d’un concert de qui que ce soit, la batterie balance son gros son un peu dans son univers de paria. Avec les Fills Monkey, ces batteurs professionnels, rien de tout cela. Plutôt que l’arrière-plan, les deux artistes ont privilégié le devant de la scène, où ils canalisent à longueur de temps leur tempérament de feu et leur savoir-faire de manière tout à fait baroque. Et l’effet bœuf fonctionne invariablement.

Les batteurs fous ont sévi jusqu’à plus soif

Ce n’était jeudi soir en la salle Marcel-Sembat de Chalon-sur-Saône pas le plus important public constaté en termes de volume à ce jour, il s’en faut de beaucoup, mais alors, quelle réceptivité de sa part, obéissant au doigt et à l’œil aux deux énergumènes maîtrisant à merveille leur instrument fétiche. A l’évidence parmi cette communauté d’un soir, une quantité non négligeable de fidèles aura été trop heureuse de communier à cette grand-messe. Et le pire dans cette histoire c’est qu’aucun mot n’est prononcé du début à la fin, le moyen de communication adopté par les batteurs étant l’interjection bizarroïde, la vocifération au plus fort de leur crise ! Ce qui donne toute sa valeur à l’universalité de l’élocution musicale avec cette rythmique endiablée du tap’tada qui, lorsqu’elle parvient aux oreilles de chacun, permet d’être sur un pied d’égalité. Pour ce faire Sébastien Rambaud et Yann Coste utilisent toutes les ficelles qui se présentent à eux. Taquins, mutins, les compères ne craignent nullement d’affronter l’autodérision, ni de se mesurer mutuellement, aux fins d’embrasement collectif. Si les prouesses techniques sont bel et bien là, l’intérêt majeur réside dans la moquerie à outrance, par différentes voies. Bien que ne se prenant pas au sérieux, Sébastien et Yann ont du répondant en permanence. Avec eux une constante : les percussions. Pourtant notablement fournis en variantes grâce à leur appareillage de base, les musiciens cherchent à répandre leur cadence mélodique partout. Avec des raquettes de ping-pong, de tennis, « improvisant » même une partie de tennis avec des fûts, évoluant avec des bâtons surdimensionnés, ou à l’aide d’autres ustensiles, en plastique et colorés, des baguettes fluo, leurs mains nues, le claquement de doigts ...Travailler dans le clair-obscur avec une lampe frontale ne les effraie nullement. Descendre dans les travées de l’assemblée et frapper le sol ou les murs, pas davantage. La démonstration s’accompagne parfois de signes tangibles, comme cette invasion de bulles aux couleurs de l’arc-en-ciel. Et quand ils sont à bout d’arguments, la pantomime constitue leur roue de secours. Des tubes planétaires défilent, du moins sous l’angle instrumental, et les duettistes de s’emparer des tempos comme des morts de faim. Après en avoir pris plein la vue, jamais plus le spectateur novice n’avisera la grosse caisse, la caisse claire, les cymbales,…en tant qu’instrument de seconde zone. Si tel n’est pas encore votre cas, alors accourez vers leur site : www.fillsmonkey.com, ainsi que sur Facebook.

                                                                                                Michel Poiriault