Chalon sur Saône

Dites trente-trois Guy Charrieau, comme le nombre de marathons consommés avec l’épilogue d’Athènes

Dites trente-trois Guy Charrieau, comme le nombre de marathons consommés avec l’épilogue d’Athènes

C’est ferme et définitif. Le Chalonnais Guy Charrieau, dit « Sam », a raccroché ses baskets en ce qui concerne la course à pied de compétition. Son ultime fait d’armes, le marathon d’Athènes, a été couru piano le dimanche 9 novembre dernier. La boucle est bouclée, sans regrets d’aucune sorte par rapport à l’ensemble de son oeuvre.

Courir de plaisir en étouffant dans l’oeuf la notion de temps qui passe

Avant la cité hellénique, Guy avait dévoré l’asphalte de trente-deux marathons européens, hormis celui de New York en 1997, au demeurant son souvenir le plus marquant, tandis que son meilleur chrono a été réalisé en 1986 lors de l’épreuve de Lyon, en 2h58 minutes et des broutilles. Un temps très respectable comparativement à la moyenne des coureurs…A Athènes ils furent 13.000  (de 120 nations, avec un fort pourcentage d’abandons de 35%) à emboîter le pas à Philippidès, lequel en 490 avant Jésus-Christ aurait selon certaines sources hâté le pas pour claironner aux Athéniens la victoire contre les Perses. Puis de succomber d’épuisement. Ce tracé particulièrement vallonné à ses dires, celui des jeux Olympiques de 2004, s’achève dans le stade olympique des J.O. de 1896. En fin gourmet, Sam l’a apprécié à sa juste valeur. « Je n’avais jamais fait Athènes, mon rêve. C’est là qu’est né le marathon, c’est la légende. Mon but c’était de finir. Je suis parti en footing, je suis arrivé en footing, avec les marcheurs, sous une température maximale de 27° ! J’ai participé avec une tendinite au fascia lata (muscle tenseur de la cuisse), mais je n’en ai pas souffert, étant donné que j’ai couru en souplesse pour prévenir un éventuel incident. Il y avait 800 Français, et une quinzaine, dont moi, sous les couleurs de l’agence des sports d’endurance VO2 Max Voyages. J’ai été doublement touché durant ce séjour : une spectatrice m’a tendu une feuille de laurier, que j’ai tenue tout le long pour me porter chance. Je l’ai d’ailleurs conservée. Ensuite le soir à l’hôtel Electra où je résidais, une ola en mon honneur a été faite par des coureurs, à la fois parce que j’avais terminé, et aussi car j’avais à mon actif le plus grand nombre de marathons parmi ces supporteurs. »

 

« Sam » n’est pas un ingrat

Le sportif sait très bien que s’il n’avait pu compter sur l’aide de tiers, rien n’eût été réalisable. Alors il renvoie l’ascenseur à qui de droit. « C’est avec joie que j’ai pu effectuer le voyage à Athènes, et surtout le marathon légendaire. Je tiens à remercier plusieurs personnes, dont mon ami Adolphe Dubois qui a apporté son concours financier et technique pour l’organisation de ce périple, ainsi que ses amis et membres du comité d’entreprise AMCOR. Je ne voudrais pas oublier le président du Grand Chalon Athlétisme Jean-Claude Scalogna, pour le programme d’entraînement et le financement du dossard, de même que l’animateur sportif Didier Pommey pour m’avoir conseillé l’agence VO2 Max Voyages, et enfin le président d’un club de boxe française Frédéric Renaud à propos de son soutien logistique. »

 

Solidement fixé à Chalon, à l’exception d’une liaison de 17 ans avec Montceau-les-Mines

S’il ne dispose pas à proprement parler d’un palmarès ronflant, dont il n’a cure en vérité, Guy Charrieau a longtemps écumé les lieux voués, à un moment donné, aux cavalcades. La piste, la route, les milieux naturels, auront été exploités jusqu’à satiété, avec une fidélité rare. En 35 championnats de Saône-et-Loire de cross et 33 championnats de Bourgogne, excusez du peu ! « Sam » n’a abandonné qu’à une reprise, lors de l’épreuve régionale 2014. Ajoutons un second renoncement en 2007 à l’occasion du championnat interrégional, et vous avez là les deux seules fois de toute sa carrière où « Sam » a dû, la mort dans l’âme, renoncer. Chapeau bas ! Se dégourdissant les jambes dans les courses d’antan qualifiées de populaires afin de se faire les crocs, Guy Charrieau devait signer sa première licence en 1979 au C.O.O.C (Club Olympique Ouvrier Chalonnais), club devenu C.O.C., puis Grand Chalon Athlétisme. Une unique incartade de dix-sept ans au profit de l’E.A.B.M. (Entente Athlétique du Bassin Minier) a mis entre parenthèses son attachement à la structure chalonnaise.

 

Place au karaté maintenant

Vis-à-vis du Grand Chalon Athlétisme, son dernier club, « Sam » a opéré une brusque décélération. Il a pris de la distance. Désormais la course à pied (« elle m’a apporté beaucoup au plan du mental ») ne trouvera grâce à ses yeux qu’avec du footing d’entretien, et une ou deux courses de rayonnement modeste dans l’année. Son nouvel objectif consiste en la reprise du karaté traditionnel dès janvier 2015, discipline qui était la sienne de 1976 à 1981 au Budokan Chalonnais, période pendant laquelle il a effectué des stages avec Dominique Valera. « Les arts martiaux me rappellent de bons souvenirs. C’était avant les marathons, période où j’ai couru trente-deux semi-marathons ; je ne comptabilise pas ceux faits ensuite… »

La retraite dans quelques jours…

Guy aura soixante ans le 29 décembre. Employé de la société chalonnaise ARCOR, il fera valoir ses droits à la retraite le samedi 13 décembre au matin. Pas volée au regard de ses quarante-deux ans (dont trente-huit ans et neuf mois de postes) d’activité professionnelle entre le bâtiment, mais surtout l’industrie avec le bouchage…Patience et longueur de temps, « Sam », le plus dur est derrière. N’a-t-on point argué par le truchement d’une chanson que « La vie commence à 60 ans » ?...  

                                                                                                    Michel Poiriault