Opinion de gauche

Lettre ouverte à Mme la Ministre de l’Education Nationale,

Mme la Ministre, vous avez déclaré au salon de l'éducation, que la politique de l'éducation prioritaire qui existe depuis trente ans en France présente des résultats mitigés. De nouveaux établissements seraient apparus avec de vraies difficultés et devraient rentrer dans la carte de l'éducation prioritaire. 

Nous ne pouvons que vous approuver, après le choc des résultats de l’enquête triennale PISA, l’OCDE pointant la France comme le système scolaire le plus inégalitaire, la classant loin derrière les pays qui ont le même niveau de vie. Si on ne tenait compte que des performances des élèves issus de milieux sociaux les plus défavorisés, la France se situerait à la 33e place sur 64 alors qu’elle est la 5ème puissance économique mondiale. Plus grave, l'OCDE considère que ces jeunes n'ont pas les compétences suffisantes pour poursuivre des études et participer « de manière efficace et productive » à la vie de la société.

Faire rentrer de nouveaux établissements dans le dispositif de l’Education prioritaire portera donc ses fruits, on le sait (plafond du nombre d'élèves par classe, accompagnement éducatif, école ouverte, coordinatrice RRS, aide aux devoirs, enseignants spécialisés, intervention des RASED, scolarisation des moins de 3 ans …). Mais pourquoi jouer aux chaises musicales, en sortant de la carte de l'éducation prioritaire les établissements qui vont un peu mieux, sachant que, privés de ces dispositifs, le niveau de leurs élèves serait inévitablement amené à rechuter rapidement ?

 

Les mobilisations se multiplient partout en France et à Mâcon, car les enseignants, les parents, les élus trouvent  inacceptable, que dans des quartiers défavorisés identiques, on choisisse de déshabiller un collège pour en habiller un autre.

 

Vincent Peillon s’était attelé il y a un an, à remettre de l’équité républicaine dans les dotations :  faire financer des heures d'enseignement en plus dans les zones d'éducation prioritaires par une harmonisation des heures des professeurs de classes préparatoires. Il n’y est pas arrivé face à la grogne des conservatismes. 

 

Madame la Ministre, nous connaissons votre implication et votre détermination. Nous ne doutons pas qu’avant de s’attaquer aux ZEP, vous saurez explorer toutes les pistes possibles et arbitrer avec toute l’équité républicaine que nous réclamons tous, afin que toutes les ZEP, et en particulier celle de Saint-Exupéry à Mâcon dont je connais les excellents résultats, puissent continuer de sauver nos enfants en difficulté.

Dans cette attente, Madame la Ministre, veuillez accepter mes respectueuses salutations.

 

Nicole Eschmann

agrégée de mathématiques

Vice-présidente du Conseil Régional de Bourgogne chargée des lycées