Opinion de gauche

"Les imposteurs de la République"...

"Les imposteurs de la République"...

« Tout citoyen peut…parler, écrire, imprimer librement ». (Article 11 de la Constitution du 26 août 1789). Ainsi, depuis la Révolution Française, la liberté d’expression est un droit fondamental, de tradition laïque, républicaine et démocratique.

Mais, comment concéder que les potentialités culturelles et démocratiques des moyens de communication, réseaux sociaux et internet compris, soient de plus en plus négligées, voire abandonnées au nom de la rentabilité, de la démagogie ou du « buzz »?

Sur les plateaux télé ou dans les studios radio, sont considérés comme « bons clients » ceux qui «font des parts de marché». Le plus souvent, ce sont donc les provocateurs, les excentriques ou ceux qui font spectacle du populisme et du voyeurisme le plus obscène qui se retrouvent sous les projecteurs…au détriment de tout ce qui peut paraître sérieux, posé et perspicace. 

Ceux qui se délectent des « zemmourades » ou des « dieudonneries », ceux qui sont dans l’admiration béate et la fascination des petits « chefs » patronaux ou politiques, sans scrupule et sans autre morale personnelle que celle de l’argent et du pouvoir, doivent s’interroger. Les leçons de l’histoire sont terrifiantes à cet égard. 

Le plus grand danger est que la haine, l’intolérance et la médisance deviennent la règle de tout discours. Il est tout aussi inquiétant que les déclarations simplistes et démagogiques encouragent la division, le dogmatisme, l’obscurantisme et trop souvent la violence.

A qui la faute ? Les politiques au service de la rente et de la finance sont les premières responsables. Mais elles ne sont pas les seules. 

Une part de responsabilité incombe également à ceux qui depuis des décennies sacrifient l’éducation, la culture, le pluralisme des idées, l’intérêt général sur l’autel du profit, de la pensée unique et de l’individualisme forcené. Mais également, à ceux qui sont plus perméables aux pressions des lobbys fortunés qu’aux revendications légitimes des petits et des sans-grade.

Nous sommes nombreux à penser que le racisme, le nationalisme, l’individualisme n’apporteront aucune solution aux maux de la société française. Alors, ne nous laissons pas abuser et anesthésier par les imposteurs de la République laïque et fraternelle. Plus tard, il sera trop tard.

Nos parents et nos grands parents se sont battus contre l’injustice et la barbarie, pour inventer un modèle social envié par de nombreux peuples. Poursuivons leur combat. Comme Stéphane Hessel réaffirmons : «  Créer, c’est résister. Résister, c’est créer. »

Le 4 décembre 2014,

Lucien MATRON