Chalon sur Saône

TRIBUNAL DE CHALON - Trois ans de prison pour avoir violé sa belle-fille

TRIBUNAL DE CHALON - Trois ans de prison pour avoir violé sa belle-fille

Un an de prison ferme, deux avec sursis et mise à l’épreuve pour un homme de 49 ans reconnu coupable d’agression sexuelle sur sa belle-fille, mineure au moment des faits.

Les faits remontent à quatre ans, à juillet 2010. Jean a abusé sexuellement de sa belle-fille mineure, une des enfants de sa compagne. Il a été placé sous contrôle judiciaire en 2011. Il est papa de deux enfants, nés en 1991 et 1994. Presque de l’âge de sa victime.  Il a été président d’un petit club de football, n’a jamais eu de problèmes avec les mineurs qu’il encadrait. « Aucune perversité sexuelle » disent les experts qui l’ont examiné. Quand Marie (prénom changé) sa belle-fille a dénoncé ses actes en portant plainte, il a nié, pendant deux auditions chez les gendarmes. Il n‘a avoué qu’à la troisième audition. Pour Jean, Marie était « provocatrice et consentante ». « Elle m’appelait et me montrait ses seins » a-t-il déclaré à la barre. Il s’en veut d’avoir cédé à l’interdit de l’inceste. Il s’est tourné vers sa belle-fille pendant l’audience pour lui demander pardon. Assise sur un banc du public dans une salle déserte, aux côtés de son petit ami la jeune femme, le nez dans un grand col roulé, a l’air aussi frigorifiée que perdue. Elle ne bouge pas un cil quand Jean lui adresse la parole.

 

Jean vit avec la mère de Marie depuis des années. Marie semble avoir toujours eu du mal à trouver sa place dans la famille. Pas très populaire chez elle. Elle s’entend mal avec son beau-père. Des tensions existent entre elle et sa sœur. Davantage évidemment depuis que Marie a parlé, a raconté son viol, s’est plainte. L’ambiance familiale est désormais glaciale. Marie est désormais à part.  L’été prochain, la mère de Marie, « qui a choisi le camp de son compagnon contre sa fille » selon Me Jean-Louis Croccel, l’avocat de la victime, épousera Jean.

 « Ma cliente est toute « écafouillée » (1) ce matin, pour reprendre un mot bien bourguignon, a poursuivi  l’avocat.  Cet homme a détruit cette jeune femme. Elle se fait accuser par sa mère d’avoir détruit la famille ! Mais qui était l’adulte dans l’histoire ? Qui a détruit la famille ? Il y a eu des dégâts générés sur le corps et l’âme de ma cliente. Elle a été victime du compagnon de sa mère, sous la  contrainte. Il a commis un acte odieux ! » La partie civile, précise que sa cliente a demandé l'aide juridictionnelle mais « qu’elle travaille, se reconstruit, partage sa vie avec son petit ami ». Il demandera 18.000 euros de dommages et intérêts.

Les faits, reconnus par le prévenu sont graves pour Mme Saenz-Cobo, la procureure. « Ses explications sont mensongères. Il n’a  certes pas maltraité sa victime pur obtenir des actes sexuels mais a exercé une contrainte. La jeune femme est fragile, c’est un fait. On  est face à un beau-père abuseur et une mère qui préfère sauver son couple » Le parquet requiert 15 ans de prison.

Me Ramazan Ozturk, l’avocat du prévenu, souligne que l’affaire « est très délicate et très douloureuse ». Il ne plaide pas  la relaxe, assume « la responsabilité de son client ». Mais il insiste sur la personnalité de la victime : « je ne dis pas qu’elle a menti dans le cadre de ce dossier mais cela fait partie de sa personnalité. Je ne veux pas l’accabler vu le contexte familial très tendu. Mon client a beaucoup de mal à s’exprimer. Il n’a jamais eu de pathologie pédophile. Mais ne fuit pas sa responsabilité. Il a eu à un moment, un comportement déviant, il a transgressé un interdit ». De retour à la barre, Jean, en jeans et blouson a l’air totalement sonné par l’audience.

 

Le tribunal le reconnaît coupable d’agression sexuelle et le condamne à 3 ans de prison dont deux ans avec sursis assortis d’une mise à l’épreuve. Il devra suivre des soins psychologiques, indemniser sa belle-fille. Son année de prison ferme, s’il maintient une activité professionnelle est susceptible d’être aménagée. Jean est désormais inscrit à vie au fichier des délinquants sexuels. 

 

Florence Genestier

(1)    (1) Ecrasée, écrabouillée.