Chalon sur Saône
TRIBUNAL DE CHALON - Un sexagénaire lourdement condamné pour avoir frappé son amie, pour une sombre histoire de bouteille de Pastis
Publié le 06 Décembre 2014 à 09h24
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Les gendarmes ont trouvé verres et assiettes cassés dans l'appartement.
4 heures après les faits, le compagnon violent présentait encore une alcoolémie de 1,68 gramme...
« C'est une banale dispute d'ivrognes qui a mal tourné » a fait observer devant le tribunal correctionnel de Chalon Me Elina Gautron, qui défendait François, un sexagénaire autunois, jugé mercredi en comparution immédiate pour des actes de violences aggravés par un état d'ivresse manifeste.
Les faits se sont passés dans la cité éduenne aux premières heures de mardi, au domicile de son ancienne concubine, avec laquelle il continue d'entretenir des relations amicales. Lui faisant la cuisine, les courses, le ménage. François a voulu boire un pastis, mais son amie lui a alors reproché de se servir de sa bouteille d'anisette. Un reproche que le prévenu a mal pris, d'autant plus mal qu'il était complètement saoul. Plus de quatre heures après les faits, un contrôle a révélé un taux d'alcoolémie d'encore 0,84 mg par litre d'air expiré, soit 1,68 gramme.
Le ton est monté et les coups ont plu de part et d'autre. Au final, la victime a fait l'objet d'une ITT de 15 jours et le mis en cause d'une ITT de 3 jours. Lorsque les gendarmes sont arrivés sur les lieux, ils ont trouvé un grand désordre dans l'appartement avec des assiettes et des bouteilles cassées, une serviette pleine de sang et des objets jetés par la fenêtre.
L'enquête a montré que le sexagénaire avait fait la connaissance de la victime il y a deux ans, qu'ils étaient devenus amants mais que depuis une année ils n'avaient plus de rapports sexuels. L'enquête a également montré que ce n'était pas la première fois que Madame avait été victime de violences et qu'elle s'était déjà rendue à plusieurs reprises aux Urgences afin de se faire soigner. « J'ai pas de tort. C'est elle qui commence. Quand elle tombe elle se fait mal sérieusement. Elle tombe sans arrêt d'une chaise à l'autre » a affirmé François. « Est-ce que vous pensez que vous êtes crédible ? » lui a alors demandé le président Thierry Deschanels. « Pas tout... oui, à ma façon » lui a répondu le prévenu, lequel a tenu à préciser « Elle est méchante avec moi. Je ne la tape pas. Je préfère m'en aller ».
Le président Deschanels a aussi abordé avec le prévenu la dépendance à l'alcool de ce dernier. En réponse à une question du Tribunal, François a raconté à la barre qu’il ne buvait pas plus de trois-quatre verres par jour, expliquant que les journées sont longues pour un homme qui se lève à cinq heures du matin. Une habitude prise quand il était ouvrier dans le bâtiment. Il semble bien que le sexagénaire ait volontairement ou non très très largement minimisé sa consommation quotidienne. Au cours de l'enquête, son amie a parlé de vingt verres de pastis chaque jour et sur les quatre condamnations qui lui ont été infligées depuis 2002 trois se rapportent à des conduites en état alcoolique.
« La violence faite aux femmes est une délinquance de masse » a rappelé le substitut Anne-Sophie Kopacz. « En France, tous les trois jours une femme meurt sous les coups de son conjoint ». La représentante du ministère public a souligné que dans ce dossier il y avait peu d'éléments, car la scène s'est passé dans le huis-clos du domicile, mais que les éléments dont disposent le parquet sont bien établies. Un certificat médical qui fait une page, un coquard à l'œil gauche et des hématomes sur tout le corps qui ne peuvent pas s'expliquer que par des chutes. Le substitut Kopacz a ainsi requis notamment 1 an de prison avec mandat de dépôt.
« Une sanction qui n'est pas adaptée » a estimé Me Gautron « La prison ne va pas freiner les élans de mon client vers la bouteille ». Auparavant l'avocate de la défense avait confié que la victime n'était pas totalement blanche comme neige, faisant remarquer qu'un certificat médical indiquait qu'elle souffrait d'éthylisme chronique.
Finalement le Tribunal n'a pas décerné de mandat de dépôt à l'encontre du prévenu mais l'a néanmoins condamné à 12 mois de prison, dont 5 mois avec sursis, assorti d'une mise à l'épreuve de 2 ans avec obligation de se soigner et d'indemniser la victime et avec interdiction de rentrer en contact avec celle-ci et de paraître aux abords de son domicile. L'affaire a été renvoyée sur intérêts civils à l'audience du 12 février 2015 à 9h 30.
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