TRIBUNAL DE CHALON -Une bande de voleurs se servait à bon compte dans les rayons des magasins

Anna-Maria, Angelica, Ecaterina, Sorin et Viorel, cinq ressortissants roumains, âgés entre 21 ans et 46 ans, étaient jugés vendredi en comparution immédiate par le tribunal correctionnel de Chalon pour trois vols et une tentative de vol commis le 3 décembre dernier dans des magasins de Chalon et de la région.

A les écouter, ils sont venus en France pour trouver du travail et ce ne serait que le hasard de la vie qui les aurait contraint à voler. Autrement dit, s'ils avaient eu du boulot dans notre beau pays, ils ne se seraient jamais retrouvés devant un tribunal français. Anna-Maria, Angelica, Ecaterina, Sorin et Viorel, cinq ressortissants roumains, âgés entre 21 ans et 46 ans, étaient jugés vendredi en comparution immédiate par le tribunal correctionnel de Chalon pour trois vols et une tentative de vol commis le 3 décembre dernier dans des magasins de Chalon et de la région.
Un vol de lames de rasoir et de produits cosmétiques réalisé à l'hypermarché Carrefour Chalon Sud pour un préjudice de 6 923 €. Un vol également de lames de rasoir et de produits cosmétiques au supermarché Auchan à Sennecey-le-Grand pour un montant de 1 137,18 €. Un vol de diverses marchandises au supermarché Lidl à Saint-Marcel pour une somme de 41 €. Et enfin une tentative de vol de différents produits, dont des bouteilles de parfum et encore des lames de rasoir, au supermarché Intermarché à Ouroux-sur-Saône pour un préjudice de 288,70 €. Une tentative qui a échoué, les voleurs ayant été dérangés dans leur entreprise.
Quatre magasins visités en une seule journée, la série aurait pu continuer s'ils n'avaient pas été interpellés ce 3 décembre 2014, en début de soirée, sur le parking de Carrefour Chalon Sud, par les policiers chalonnais, avisés par le service de sécurité du grand magasin. 
Il semble que le mode opératoire ait été bien rodé. Les cinq individus rentraient simultanément dans le magasin. Après un repérage des marchandises à voler, une des femmes remplissait le sac, dont le fond avait été au préalable recouvert de papier aluminium pour tromper le système de sécurité, tandis que la deuxième faisait le guet. 
La deuxième prenait ensuite le sac et se dirigeait vers la troisième. Cette dernière récupérait alors le sac et s'avançait vers les caisses de sortie. Les deux hommes se chargeant de l'avertir par téléphone portable que la voie était libre pour quitter tranquillement le magasin par la sortie sans achat.
Anna-Maria, Angelica, et Sorin, n'ont pas de domicile en France et n'y ont jamais été condamnés. Ecaterina et Viorel, qui sont concubins depuis une quinzaine d'années et parents de cinq enfants, n'ont pas non plus de domicile dans notre pays mais y ont déjà été sanctionnés par la justice. C'était en 2003, lors d'une précédente venue en France. S'étant certainement concertés, les cinq mis en cause ont tous dit à leurs juges qu'ils reconnaissaient les quatre délits, qu'ils avaient tous ensemble eu l'idée de voler, et qu'ils volaient tous ensemble.
Anna-Maria a indiqué qu'elle était en France depuis deux semaines, qu'elle était arrivée dans la région par le train avec Angelica et qu'elle avait fait auparavant différents petits boulots en Roumanie, après avoir eu une enfance difficile, car son père buvait. Angelica, qui est mère de deux enfants, a signalé que, elle aussi, elle vivait de petits boulots dans son pays d'origine et qu'elle n'était arrivée en France qu'à peine depuis un mois. 
Or ses empreintes digitales ont été prises par les gendarmes de Villeneuve d'Ascq le 26 septembre 2014, à la suite d'un vol à l'étalage, et par ceux de Molsheim le 10 octobre 2014 pour un vol. Pour sa part Sorin a confié qu'il était en France depuis le 24 octobre 2014, ce qui est contredit par des empreintes digitales relevées à Saintes le 30 août 2014, qu'il aurait rencontré Ecaterina et Viorel à la gare de Strasbourg et qu'il aurait commis des vols pour pouvoir se payer le voyage retour en Roumanie. Une version confirmée par Ecaterina et Viorel, lesquels ont expliqué qu'il avait fait tout cela pour avoir de l'argent qu'ils auraient donné à un homme, qui les aurait tous ramené en Roumanie.
Dans ses réquisitions le substitut Anne-Sophie Kopacz a relevé le préjudice important des méfaits : plus de 8 100 € en une seule journée. La représentante du ministère public a fait observer que la culpabilité des cinq prévenus était établie par leurs aveux, tant en garde à vue que dans le box des accusés, et par les différents témoignages et les vidéosurveillances. 
En notant que le degré d'implication n'était pas le même entre Ecaterina et Viorel d'une part et Anna-Maria, Angelica et Sorin d'autre part, le couple semblant avoir un certain ascendant sur les trois autres mis en cause. La magistrate du parquet a ainsi réclamé 9 mois de prison avec mandat de dépôt pour les deux premiers et 6 mois de prison avec mandat de dépôt pour les autres.
Conseil d'Anna-Maria, Angelica et Sorin, Me Mélanie Thomas a souligné « On leur a promis un peu de l'eldorado français. Il existe des réseaux, des contacts, qui font croire que la France va procurer à des gens comme eux une vie plus facile. Ils ont eu l'espoir d'amélioration de leur existence ». L'avocate a également estimé que les réquisitions étaient particulièrement sévères. 
« Est-ce qu'elles auraient été aussi lourdes, si les voleurs avaient été des Français. En France ils sont primo-délinquants », avant d'ajouter, concernant le mandat de dépôt « En prison, ils vont trouver une population carcérale, qui ne va pas leur apprendre le français, ni les bonnes manières. Mes clients n'aspirent qu'à une seule chose : rentrer en Roumanie ». Me Elina Gautron, qui défendait Ecaterina et Viorel, a réfuté l'argumentaire du ministère public. « Contrairement à ce qu'on veut nous faire croire, mes clients ne sont pas des meneurs. Il faut les juger sur des preuves ».
En définitive, le Tribunal a tenu compte des explications de Me Thomas et a condamné Anna-Maria, Angelica et Sorin à 6 mois de prison avec sursis. Quant à Ecaterina et Viorel ils ont écopé de 8 mois de prison avec mandat de dépôt. Unis dans la délinquance, comme dans la vie, ils se sont pour une fois séparés : elle est partie à Dijon tandis qu'il prenait la direction de Varennes-le-Grand. En outre les cinq mis en cause devront payer in solidum 200 € de dommages-intérêts au supermarché Auchan de Sennecey-le-Grand et 100 € au titre des frais irrépétibles.