Chalon sur Saône

Carré Santé, à Chalon d’abord, puis à Torcy, manière d’optimiser le quotidien des médecins

Carré Santé, à Chalon d’abord, puis à Torcy, manière d’optimiser le quotidien des médecins

Mieux vaudra pour les années à venir être doté d’une santé de fer. Effectivement, l’épée de Damoclès qui plane sur les malades en puissance du fait de la désertification médicale pronostiquée ne laisse rien entrevoir de bon. Si l’on s’en tient strictement à l’échelon bourguignon alors qu’au plan national l’horizon ne s’éclaircit pas pour autant, nous nous promettons des lendemains qui déchantent. Guy et Yves Pons ambitionnent d’amoindrir l’impact des effets pernicieux grâce à Carré Santé, une structure qui a effectué récemment ses premiers pas à Chalon-sur-Saône.

De sombres perspectives d’ici 2030

 Il n’est point question de copier les Cassandre, l’analyse prospective s’avère implacable, le destin, guère reluisant. La simple réalité des chiffres résume à elle seule la quadrature du cercle. D’un côté, inexorablement les médecins prennent de l’âge, et de l’autre, la population augmente (+10% entre 2006 et 2030). A titre d’exemple dans le Grand Chalon la moitié de ces soignants seront en mesure de goûter aux joies d’une retraite bien méritée en 2020. Circonstance aggravante, en tout état de cause le nombre de successeurs ne correspondra pas à la somme des départs. Il ne faut en outre pas occulter les difficultés liées à l’installation des jeunes médecins, lesquels sont beaucoup plus tentés par une centralisation des compétences sous le sceau du salariat que par l’exercice solitaire du cabinet, avec toutes les contraintes que cela sous-entend. La population, elle, ne rajeunit pas davantage, l’accroissement des poly-pathologies (obésité, diabète, hypertension, risques cardio-vasculaires, etc.) y allant gaillardement (c’est le cas pour 93% des personnes de 70 ans et plus). Bref, ce vers quoi l’on s’achemine benoîtement, présentera toutes les caractéristiques d’une disette en 2030, tant vis-à-vis des médecins généralistes, que des spécialistes, l‘inévitable conséquence étant l’allongement des délais de rendez-vous.

 

L’entreprise GESO en figure de proue

C’est ici qu’intervient la société chalonnaise GESO à la notoriété publique fondée par Guy Pons, qui travaille dans le mobilier commercial et industriel en étant porteuse de projets d’intérêt général. Yves, le fiston, par ailleurs directeur général de ladite société, et Guy, son père, ont réfléchi longuement aux besoins des habitants en matière médicale, épluchant quantité de rapports, plus d’une centaine ! « Tout est parti du constat que nous étions en plein désert médical. Qu’est-ce que l’on fait pour améliorer ça, aux côtés de l’Agence Régionale de Santé, des médecins, de tous les professionnels de santé, des collectivités publiques ?… », introduit-il. Sixième région française la plus mal dotée (bilan A.R.S. fondé sur des statistiques nationales), la Bourgogne va pâtir d’une situation peu glorieuse. La torture psychologique sera terrible : les médecins généralistes en particulier devront-ils être en porte-à-faux par rapport au serment d’Hippocrate en refusant de prendre en compte des personnes touchées dans leur chair et leur esprit, car arrivés à un point de non-retour ? Ou continuer de s’employer à tout prix au risque de tomber les armes à la main ? Etant donné, entre autres, que l’instauration du tiers payant aura joué sa partition…

 

L’âge aidant, les maladies se frayent insidieusement un chemin…

Le vieillissement de la patientèle et l’accroissement des polypathologies ont posé question sur la réorganisation du parcours de soins. Il y a une constante : la photo des déséquilibres fait froid dans le dos. Une chose est sûre, si rien n’est réalisé ça ne va pas s’améliorer. Tant et si bien qu’Yves Pons devait trancher dans le vif, mû par une réaction citoyenne. Histoire d’avoir le maximum de garanties dans un dossier un béton, le groupe GESO s’est entouré de spécialistes, en l’occurrence et notamment, de l’EHESP (Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique) de Rennes, et l’UTC (Université Technologique de Compiègne). Le but de la manœuvre réside dans l’allègement des charges bureaucratiques afin que les médecins se concentrent sur leur vrai métier, dans les meilleurs conditions possibles. Avec en corollaire la troïka amélioration de la qualité de travail des soignants, maintien et abonnissement de la qualité des soins, cap sur la réduction des coûts de la santé publique. Ce projet cache des valeurs cruciales, symbolise la nécessité de s’unir aujourd’hui pour faire face aux écueils que rencontre la société moderne, ainsi qu’aux enjeux de demain.

 

Processus enclenché à Chalon, prochainement à Torcy

Concrètement, le dessein caressé depuis plus de trois ans répond désormais à la dénomination Carré Santé, réparti entre Chalon-sur-Saône et Torcy. Le baptême du feu de la structure chapeautée par une association type loi 1901 –face émergée de l’iceberg- a déjà eu lieu. C’était le 8 décembre dernier dans la cité de Niépce, où une antenne en dermatologie a vu le jour, au n°29 du Rempart Saint-Pierre. Un second dermatologue s’établira au premier trimestre 2015, alors que des recherches sont effectuées pour en faire venir un troisième  Pas un luxe lorsque l’on sait qu’il y aura 33% de dermatologues en moins en France d’ici 2030, et que le Grand Chalon n’est pas en mesure de parader à ce sujet…Quant à Torcy, Carré Santé déploiera ses ailes en face de la mairie, sur la zone commerciale du Pilon. Son développement passera par différents paliers en 2015 et 2016, avec deux visées médicales : coller aux urgences, et que cela corresponde aux principes du « smart hôpital ». Radiologie, puis soins dentaires, ophtalmologie, dermatologie, gynécologie devraient s’immiscer dans la place…

                                                                                                      Michel Poiriault