Opinion de gauche

En 2015, sortir de la confusion !

En 2015, sortir de la confusion !

« De toute façon, la droite et la gauche, c’est la même chose ». Ce jugement simpliste et souvent entendu entretient la confusion. Il permet, aux uns d’avancer la thèse « UMPS », à d’autres de prétendre que Le Pen et Mélenchon c’est la même chose, et à certains de justifier leur abstentionnisme. C’est un leurre !

La droite décomplexée, populiste ou nouvelle, administre en permanence une potion doucereuse,  infiniment dangereuse, dont le seul fumet est le dénigrement systématique de toute réforme progressiste et l’adhésion à une ligne conservatrice ayant pour horizon le maintien de l’ordre établi, qu’il soit social ou économique.

Le jour de Noël a été marqué par un événement absurde : l’installation de grillages anti-SDF autour des bancs publics par le maire UMP d’Angoulême. C’est une manière très droitière de souhaiter de bonnes fêtes aux plus exclus de la société! Qui s’indigne ? Qui applaudit ? Selon la réponse, c’est une façon de se situer sur l’échelle des valeurs et sur l’échiquier politique. 

Se situer à gauche, c’est répondre à des questions universelles par l’ action politique en s’appuyant sur des valeurs telles que la solidarité, l’équité, la non-violence, l’humilité, l’attention à autrui, l’intérêt général.

La grille d’analyse économique systématiquement proposée comme référence est celle du libéralisme. Tout se passe comme si cette référence était devenue une idéologie, un dogme. A droite, ce n’est pas une surprise. A gauche, c’est un fourvoiement.

Thomas Piketti, économiste de renommée internationale, qui vient de refuser la Légion d’Honneur, préconise pour la France, d’instaurer un impôt sur le revenu progressif avec un taux pouvant aller jusqu’à 80%, un impôt sur les grandes fortunes au niveau mondial, un arrêt immédiat des politiques d’austérité en Europe, et un investissement massif dans l’éducation. Ce serait un bon changement de cap !

Une politique économique se réclamant de la gauche ne peut pas donc pas accepter les considérations et injonctions politiques, d’où qu’elles viennent, dont l’unique objectif est la confiscation des finances au détriment des législations nationales, des protections sociales et des populations. 

Autre exemple, la redistribution égalitaire des prestations n’est pas synonyme de justice sociale. L’équité est un marqueur bien plus progressiste. Il n’est pas choquant qu’une politique de gauche favorise plus un ménage avec moins de 2000 Euros par mois qu’un ménage avec plus de 6000 Euros par mois. La redistribution équitable est un outil d’égalité des chances pour les jeunes. Il en existe d’autres.

Pour sortir de la confusion, la gauche s’honorerait de redonner confiance à la jeunesse, aux exclus,  aux salariés du public et du privé, aux retraités en proposant une vision d’une société ambitieuse qui ne soit pas vouée à la dictature de la finance, aux délires des fondamentalistes, aux appétits des lobbys , tous ennemis du camp progressiste.

L’espoir au présent se situe en Grèce. Nous souhaitons aux héritiers d’Homère, de Pythagore, d’Hippocrate et de…Mélina Mercouri  de réussir dans leur volonté de siffler la fin de la récréation ultralibérale et la course folle vers le précipice planétaire. Bonne année.

2 janvier 2015,

Lucien MATRON