Opinion

Il était une fois …

A l’évocation de ces quatre mots, on sait tout de suite à quoi s’attendre : à un conte de fées. Incipit (1) emblématique de ce genre littéraire, il nous promet de quitter le monde réel pour nous retrouver embarqués dans un pays imaginaire, dans la forêt enchantée ou dans tout autre lieu merveilleux dont on ne peut que rêver.

 

Car c’est bien de cela qu’il s’agit. En effet, les contes de fées nous ont bercés toute notre enfance, laissant libre cours à notre imaginaire. Ainsi, la majorité des petites filles se sont déguisées en princesse, arborant fièrement la robe et le diadème, et rêvant du magique baiser du prince charmant, qui arriverait sur son beau destrier blanc pour les délivrer de leur sort. Quant aux jeunes garçons, l’épée – en plastique bien sûr – à la main et agitant leur cape, buste en avant, ils se sont déchainés des heures durant contre un dragon imaginaire à terrasser ou une méchante reine maléfique à mettre hors d’état de nuire. C’est si beau l’innocence.

 

Mais à y regarder de plus près, avec un œil d’adulte plus aguerri, on se rend compte assez facilement que nous avons doucement été bercés d’illusions et que, dans la réalité, nous ne vérifions pas tous le célèbre adage : « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. ». Quelle femme resterait aujourd’hui bien sagement dans sa tour, remettant son destin dans les mains d’un seul homme, sans défense et, surtout, sans tenter de se battre pour s’en sortir elle-même ? Quasiment aucune, me semble-t-il. En outre, quel homme ne vivrait que pour les actes héroïques parce que tel est son devoir, risquant sa vie à chaque détour d’un chemin ?

 

Si certains seraient parfois tentés de dépeindre leur belle-mère de sorcière maléfique et de voir en d’autres personnes leur ange gardien personnel, à l’image de « marraine la bonne fée », si donc, bien entendu, certains personnages de contes ont des liens similaires à notre réalité, pour le reste, nous sommes bien loin de vivre dans un royaume doré, fabuleux.

 

Imaginez : Il était une fois… un homme et une femme, relativement heureux et en bonne santé, qui se levaient tous les matins pour aller travailler, gagner un salaire en retour de leur labeur, pour pouvoir payer toutes les factures qui les assaillent et tenter malgré tout de subsister, tout en espérant s’octroyer un petit plaisir de temps en temps si leur situation leur permet. C’est tout de suite moins vendeur. On comprend alors mieux pourquoi on nous nourrit de rêves et d’espoirs, à travers des tableaux féériques.

 

Car après tout, que deviendrions nous sans espoir ? Des âmes errantes dans ce vaste monde qui survivra bien des années après nous, du moins peut-on l’espérer... Nous avons besoin de croire que le bonheur est possible pour tous, qu’après la pluie - ou la tempête - vient le beau temps, et si les contes de fées nous aident à oublier certains aléas difficiles, alors il n’y a finalement pas de mal à rêver d’un monde parfait. A condition toutefois de ne pas perdre de vue que nous sommes des combattants, de passage sur cette Terre, et que chaque minute compte pour profiter de cette vie qui nous a été offerte. Pour espérer. Pour rêver. Mais surtout pour savourer.

 

M.M.