Chalon sur Saône

Chevallier-Laspalès comme cul et chemise, larrons en foire

Chevallier-Laspalès comme cul et chemise, larrons en foire

Avec la paire détonnante Chevallier-Laspalès qui évoluait à sa guise jeudi soir dans l’antre chalonnaise d’une salle Marcel-Sembat remplie à souhait, c’était l’assurance avec leur spectacle « Vous prendrez bien quelques sketches » de saillies verbales consacrées aux côtés de gags encore pas ancrés dans la conscience populaire. Les Théâtrales de Pascal Legros Productions assistées de la structure A Chalon Spectacles ont encore atteint leur objectif.

Dès qu’ils jettent leur dévolu sur une cible, les deux lascars la torpillent à loisir

Ces moments acoquinés au non-sens sont tellement sidérants qu’ils ne peuvent immanquablement conduire qu’au lâcher prise. Car même les choses anodines de la vie dites par eux prennent de suite une autre dimension. Risible. Ils persistent et signent, s’enferrant dans des histoires abracadabrantes qui n’ont pour autre finalité que de faire réagir au quart de tour leur public inconditionnel. Tout est prétexte à la dérision, les sujets graves comme les plus insignifiants, avec toujours le reflet de ce que le citoyen lambda est susceptible de rencontrer au gré de ses cheminements. Une amputation de jambe, une carte bancaire soi-disant privilégiée, deux députés qui prennent un verre à la buvette de l’Assemblée nationale en échangeant des propos étranges, la voix sensuelle du GPS quand elle donne des ordres, la Chine, le maître boulanger, les aberrations du billet de train avec Pau comme destination…Les opportunités de refaire le Monde se sont avérées nombreuses et sans appel.

Quelques-uns de leurs fleurons

S’ils reconnaissent que « les portes de la culture avec un grand Q nous sont ouvertes », dans un même élan ils admettent qu’il n’y a jamais de professeurs de français dans les salles où ils évoluent, puisque ces derniers sont tous à l’opéra ! Dans le genre délires à gogo, notons « le cocktail de bienvenue au Pérou à base de crachats de lama », ou bien plus près de nous : « Tu as vue sur mer à Limoges ? Eh bien dis donc, l’immeuble il doit être drôlement haut ! ». Sempiternellement à l’affût des incongruités, Philippe Chevallier et Régis Laspalès n’en loupent pas une. Prenons par exemple la féminisation des noms de profession. « Si on mettait une entraîneuse à la tête des Bleus, peut-être qu’ils courraient plus vite ! « Une autre ? « Vous remarquerez que pisseuse n’a pas de masculin… » Dans un registre davantage licencieux : »La tailleuse existe, mais je vous répondrai que ma vie privée ne vous regarde pas. » Les remue-méninges sociétaux ont également été sous les feux de la rampe. « Deux personnes du même sexe ont le droit de se marier du moment qu’elles ne sont pas homosexuelles… »Comprenne qui pourra ! «Si une personne homosexuelle veut épouser une personne homosexuelle je ne suis pas contre, à condition qu’elles ne soient pas de même sexe ! » A propos des maisons de retraite, « demain il y aura des épinards, ils ont tondu la pelouse ! » La Chorale n’est pas passée au travers : « C’est pratique de chanter du Carla Bruni pour les petites vieilles, elles n’ont plus beaucoup de voix ! » Quant au civisme, ce n’est en aucune manière leur point fort, contrairement à l’opportunisme forcené. « Le mieux pour le week-end c’est d’aller chez des amis qui ont les moyens. C’est déjà bien beau  qu’on vienne les voir dans leur patelin de bouseux. Il faut arriver les mains vides, les cadeaux ça ne plaît jamais ! » Après, pour la moralité, « c’est vous qui voyez… »

                                                                                            Michel Poiriault