Politique de droite
En Saône et Loire, Alain Juppé fixe son cap ... vers l'Elysée
Publié le 28 Janvier 2015 à 22h27
Ce mercredi soir, devant une salle bondée, Alain Juppé, invité d'Arnaud Danjean, s'est imposé en qualité de "chef d'Etat". 2017 est encore loin.. mais pas tant que ça. Info-chalon revient sur cette soirée riche en annonces.
Pour sa première sortie nationale depuis bien longtemps, Alain Juppé a choisi la Saône et Loire. Une Saône et Loire présentée de main de maitre par le duo Marie-Claude Jarrot et Arnaud Danjean. Les deux hommes se connaissent bien et s'apprécient depuis déjà de nombreuses années, et ce ne sont pas les louanges adressées à l'un et l'autre par l'un et l'autre qui viendront démentir cet état de fait.
Bien évidemment le déplacement d'Alain Juppé n'est pas à déconnecté de la campagne électorale des départementales qui se joueront les 22 et 29 mars prochain. En venant à Branges, Alain Juppé est venu apporter un soutien indéfectible à l'un de ses fidèles qu'est Arnaud Danjean, mais également à Anthony Vadot, jeune maire de Branges, qui brigue le poste de conseiller départemental du canton, pour lequel il a souhaité "de vous voir saluer la prochaine fois en qualité de conseiller départemental", ainsi qu'à l'ensemble de la liste portée André Accary en Saône et Loire.
Pour Arnaud Danjean, "le courage ce ne sont pas seulement des mots et des postures"
"Il convient de réfléchir à ce que l'on veut faire pour notre pays plutôt que de se pencher sur un nouveau nom ou de nouveaux statuts. Toutes les actions gagnées ont été dans l'union. Le terrain a toujours été plus sage que les états-majors. C'est la bonne volonté qui nous anime".
"Ca a été un bonheur de travailler avec lui", "il y a très peu de ministre qui s'aventurent au parlement européen et son passage est encore commenté aujourd'hui".
"L'avenir ? il a un rôle éminent à jouer dans l'avenir dans notre pays. On a la chance d'avoir beaucoup d'hommes d'état, Sarkozy, Fillon, Juppé… et Le Maire qui incarne la nouvelle génération . Il faut confier notre pays à quelqu'un qui a la stature d'un homme d'état.
Regardez la Gauche, ils n'avaient personne… et on le paye durement aujourd'hui.
Arnaud Danjean explique son soutien à Alain Juppé
"En 2007, 2012, j'assume Sarkozy, et j'en suis fier. En 2012, j'ai soutenu Fillon en élection interne et je ne le regrette pas non plus. En 2014, j'ai soutenu Bruno Le Maire, c'est l'avenir de notre famille politique, il est remarquable. Pour les échéances qui viennent, je choisis Juppé. C'est un cheminement logique. Il n'y a pas d'incohérences. Ce n'est pas un papillonnage. Son expérience, sa vision d'une France rassemblée, apaisée, correspond au moment où le pays en a besoin. Il va falloir apaiser ce pays, le rassembler, lui donner un cap, une vision, faire don de soi, à un pays qui demande une abnégation sans intéressement personnel. Ces caractéristiques correspondant à Juppé".
Il faudra rassembler la droite et le centre… et ce n'est pas une mince affaire en terme de valeurs.
Le tâcle adressé au Front National
"Celles et ceux qui lassés de l'inefficacité du gouvernement sont parfois tentés d'apporter les suffrages à une force dite alternative…. Ca n'en est pas une. C'est autre chose avec lequel je ne me sens aucun point commun. Ce n'est pas à moi qu'on va faire des leçons de patriotisme. Ne vous laissez pas abuser par ces discours populistes". Avant de pointer du doigt l'attitude des euro-députés FN à Bruxelles au sujet du fameux PNR, lié au transport aérien, dans le cadre de la lutte antiterroroste, " nn a eu un vote le 25 novembre et les socialistes français ont rejeté mais également le FN, ces héros de la sécurité qui votent contre les dispositifs. Voilà la vérité".
Les élus UMP "ne travaillent pas assez"
Au sujet des élections départementales, Arnaud Danjean a mis en garde. "J'ai très bon espoir de reprendre ce département. Uniquement en étant unis, il faudra que ça tienne jusqu'au bout et ensuite. Ne croyez pas que la médiocrité de la gauche nous garantit la victoire. On ne reviendra que si on est uni, et si on travaille. Ce ne sont pas postures qui nous feront revenir. J'aimerai que notre famille politique travaille un peu plus. Travailler ce ne sont pas des postures et des slogans. Le courage ce ne sont pas seulement des mots et des postures… il faut bien se le mettre en tête. En France on est un peu trop attaché aux postures et aux slogans. Ce n'est pas le mimétisme avec la gauche qui nous fera gagner. Ce n'est pas notre attitude sectaire qui nous fera gagner. C'est la gauche qui fragmenté le pays à coups de réformes, carte scolaire, mariage pour tous… des propos clivants…
L'intérêt national j'y travaille tous les jours… j'ai même reçu Harlem Désir cette semaine. Sur les thèmes régaliens c'est nécessaire, mais l'unité nationale ne doit pas prévaloir sur le socle de cette désespérance française.
La liberté c'est la valeur essentielle de notre société. Le mot libéral n'est pas un gros mot. La liberté, c'est d'abord la liberté d'expression, celle des valeurs, c'est ça qu'il faut défendre. Il faut être d'une intransigeance absolue.
A propos des attentats en France
Arnaud Danjean s'est voulu très clair après les actes perpetrés contre Charlie Hebdo et contre la France, "Ils ont échoué en France les Kouachi et autre Coulibaly"…"La faute aux musulmans ? ah bon ? Beaucoup sont Français et demandent à être considérés comme tels. Ce sont des Français de confession musulmane. C'est un débat intéressant mais pas en terme de stigmatisation. On a une responsabilité particulière" avant de rappeler son parcours de vie dans les balkans, "qui m'ont marqué à vie".
Pour Arnaud Danjean, le doute n'est donc guère permis, faire le choix de Juppé, c'est " avoir conscience de l'intérêt supérieur de la Nation et du continent".
Alain Juppé, "Je me suis lancé pour élaborer le projet que je proposerai aux Français le moment venu".
Attentats en France
Libertés républicaines bafouées, démocratie frappée dans son coeur, les Français ont compris que le combat ne se livrait pas seulement en Irak ou au Mali. Le peuple s'est levé, dans un même élan. le bien précieux.. la liberté… Liberté de penser, d'exprimer sa pensée, liberté de la presse, liberté de caricature, le peuple a montré qu'il était un peuple fort. On le disait apeuré, on a vu un peuple debout fidèle à ses idéaux,
Unité nationale
Le moment ne doit pas être au calcul partisan… l'intérêt national doit nous guider, incarner une opposition constructive et vigilante. Les défis à relever sont nombreux.
Des défis à relever
Alain Juppé a énumérer des pistes et des thèmes forts sur lesquels il entend concentrer son "cap".
SECURITE - "faire preuve d'autorité et affirmer sa souveraineté. Je ne me résigne pas à ce que nos compatriotes juifs se sentent menacés. On doit soutenir toutes les initiatives prises dans ce sens. Compléter l'arsenal juridique ? C'est possible… on a une imagination débordante… mais si on appliquait déjà celles qui existent.
Suspendre l'effectif de l'armée ? C'est une bonne décision. Avec le livre blanc de 2008 ce sont 54000 suppressions qui ont eu lieu. Il fallait étaler dans le temps. on ne peut pas baisser la garde.
Comment financer ça ? C'est là que le bas blesse…
Comment les dépenses supplémentaires vont elle être financées ? Est ce que les crédits seront abondés ? Ce serait une erreur de frapper encore l'armée.
C'est un changement de culture que de voir les CRS applaudis ! On a besoin de forces de l'ordre pour assurer notre sécurité. Il faut leur donner les moyens humains et financiers.
Au sujet de la politique pénale menée par Christiane Taubira, "les orientations depuis 2012 sont catastrophiques. Quelle est la parenté entre avant et après 2012 ? C'est le jour et la nuit. C'est une politique de gribouille qui n'est pas tolérable.
On a découvert les failles dans notre dispositif du renseignement… c'est l'arme indispensable. Il faut les combler d'urgence et resserer la coopération.
LE VIVRE ENSEMBLE - "Est ce que je vais renoncer à voir les Français vivent heureux ensemble ? On a pas le droit d'y renoncer. La France est riche de cette diversité. Diversité oui mais dans l'unité de l'égalité, de la laïcité, de la liberté… l'égalité entre Femmes et hommes… Elle n'est pas négociable. La laïcité ? C'est l'affirmation de la loi civile sur la loi religieuse. Ce n'est pas négociable. Il n'y a pas de confusion entre les ordres. C'est le temporel qui l'emporte. Voilà les règles qui définissent notre démocratie.
Les musulmans sont prêts à respecter et ne se réconnaissent pas dans cette idéologie de haine et de mort. Il y a des devoirs vis à vis de la république. Il faut qu'ils s'expriment. La communauté musulmane doit permettre un dialogue constructif. A bordeaux, je n'ai pas d'interlocuteur, il faut qu'elle s'organise. Le conseil du culte musulman ne fonctionne pas bien. Il faut trouver des interlocuteurs. Comment assurer un financement transparent ? Les questions sont posées.
EDUCATION - 3e défi… la réforme de l'école, c'est la mère des réformes. Les nostalgiques appellent le retour du service militaire. On a besoin d'une armée de professionnels pas de jeunes appelés. il nous faudrait accueillir 800 000 jeunes… ça n'a pas de sens… Sauf un service civique.. c'est une bonne voie d'avenir pour former des citoyens réfléchis et responsables.
Tout se joue bien avant… La qualité de la langue se dégrade, ça commence par là… Préparer nos jeunes à la vie professionnelle…
Relever les défis, en donnant plus de responsabilités aux chefs d'établissements, (il impulse une cohésion), mieux personnaliser l'enseignement, mettre davantage l'alternance, les filières professionnelles… la réussite dépend des enseignants eux-même. Faut mettre les enseignants au coeur de l'école, des enseignants mieux formés, pieux accompagnés, une gestion des ressources humaines qui ne ressemble pas à celle de l'armée rouge… Une vraie politique de ressource humaine.. Situation matérielle et sociale des professeurs… la rémunération… il va falloir faire évoluer avec des contreparties… d'être davantage présents, participer davantage à la tâche éducative.
ECONOMIE - Il n'y a jamais eu autant de chômeurs. Ce cancer ronge l'ensemble de la société française et ce n'est pas la loi Macron qui changera quelque chose. Cette loi est un fourre tout, des autocars, des huissiers, des notaires… c'est un peu n'importe quoi. Il y a des choses pas mauvaises (libéralisation du travail du dimanche)… mal préparée, mal concertée… Elle n'est pas à la hauteur des enjeux. Les notaires ça fonctionne et ce n'est pas acceptable.. cette loi ne mérite pas d'être approuvée et pas à la hauteur des enjeux. On a besoin d'un grand souffle de liberté sur les entreprises. Le ponpon étant le compte de pénibilité… C'est une bureaucratie ingérable. Qu'on doive la prendre en compte … oui mais pas comme ça… Négocier au plus près, assouplir les adaptations d'emploi, dégager des moyens de financement de l'entreprise, simplifier les normes…
Liberté mais aussi stabilité… les zig zag incessants du gouvernement et du président, ont fait des grandes déclarations d'amour aux entreprises et on laisse des amendements renforcés le contrôle du travail On attend un cap, voilà les mesures et surtout ne pas faire de rétroactivité fiscale.
L'EIROPE.. On assiste à des alliances contre nature. Ne nous laissons pas aller à des confusions avec des partis aussi irresponsables. On a donné beaucoup d'argent aux Grecs. Mais voilà, ils n'ont pas de cadastre, d'administration fiscale, des administrations non contrôlées mais à un moment faut payer. Je comprends que les Français ou les Allemands ne veuillent plus sortir le carnet de chèque. L'Europe c'est la paix… encore bien plus… On sera bien mieux ensemble que séparément. Je tiendrai un discours et des propositions dans le sens du renforcement de l'Europe.
Alain Juppé a lancé un tour de France de la consultation... en vue d'un programme. D'un programme ? pour 2017 bien évidemment, le doute n'est plus guère permis? "Le moment venu, je ne présenterai pas 110 propositons, mais 7,8.9 réformes fondamentales. Ce soir, ce sont des directions de recherche. Aujourd'hui, je fais appel à vous. Aidez moi.. rassemblons nous…!"
Le maire de Bordeaux qui n'a donc pas fait mystère de ses ambitions a appelé toutes les bonnes volontés à le contacter, à orgnaniser des groupes de travail, des comités de réflexion sur le terrain, " mais on ne fera pas concurrence à l'UMP ou l'UDI. Venez vous serez accueilli à bras ouverts ! C'est ce que je veux donner à la France !". La route vers la reconquête du pouvoir est lancée de toute évidence.
Laurent Guillaumé
Photos Laurent Guillaumé
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