Chalon sur Saône

Carton rouge, bas les pattes ! On ne badine point avec l’éthique sportive…

Carton  rouge, bas les pattes ! On ne badine point avec l’éthique sportive…

Avec un directeur de jeu comme Jean-Claude Ladoix, inattaquable dans sa probité comme pas deux, les joueurs de foot et leurs entourages respectifs n’ont qu’à bien se tenir en n’enfreignant pas les règles de bon usage. Dans la comédie Carton rouge dont le créateur est Jacques Chambon (qui personnifie le technicien de surface), compromis de bas étage, abus de pouvoir ou de faiblesse, clientélisme, complicité de paris truqués…sont systématiquement mis sur la touche. Vendredi soir dans un Théâtre Piccolo qui n’a pas fait le plein, la franche rigolade ne s’est pas dérobée.

Un quatuor d’arbitres grand-guignolesque

Jean-Claude Ladoix n’aspire pas à sortir par la petite porte lorsque l’heure de la retraite sonnera. Saturé entre autres par les quolibets et propos orduriers endurés sur les terrains à longueur de temps, le garant des lois du sport roi a décidé de se retirer. « C’est un 32ème de finale de Coupe de France, je m’en branle de leur Coupe, j’arrête l’arbitrage. C’est personnel. J’ai encore rien dit à la fédé. » L’homme sait comment on dit « fils de pute » dans toutes les langues, les capacités oratoires des frappeurs de ballon au travers d’un lexique costaud n’étant par ailleurs pas leur fort. « L’imagination, c’est pas trop leur truc aux footeux », a fait remarquer celui qui ne compte plus le doux compliment « arbitre enculé » vociféré tant et tant de fois à son endroit. Les deux assesseurs prévus ne pourront officier et relever leur drapeau, vu qu’ils ont été victimes d’un accident de voiture. Alors, les appréciateurs dûment référencés n’ayant rien d’un vivier extensible à l’infini, l’instance fédérale désigne deux remplaçants, nullement des foudres de guerre au demeurant. Il y a Aldo, au surprenant retour en grâce puisqu’il revient de loin : suspendu à vie pour « conflit artistique ». Le grand retour du paria, du banni, du réprouvé, s’annonce a priori positif. « « J’ai vu une fois de plus un joueur se rouler par terre comme un goret. C’est pas possible d’être aussi mauvais comédien. Je lui ai explosé la gueule avec un poteau de corner. J’avais agi de façon un peu épidermique », se repent-il. A présent le jusqu’au-boutiste et caractériel intervenant s’est assagi. « J’étais chargé d’énergie négative, de pulsions mortifères, de concupiscence. J’ai fait ma révolution intérieure. Maintenant je suis un homme nouveau. » Le second juge de touche, Franck, un  vieux garçon très précieux et propret, complète le tableau d’un trio particulièrement hétérogène. Il s’ensuit que la fédération a commis une erreur, elle a oublié de désigner un 4ème arbitre. Tombant dans la facilité et ayant recours à un expédient, Jean-Claude Ladoix et ses sbires feront tout pour convaincre le technicien de surface, qui n’y connaît strictement rien aux subtilités du ballon rond, de relever le défi, somme toute mineur : annoncer les changements de joueurs, vérifier la longueur des crampons, et afficher le temps additionnel.

Une fable avec un épilogue moralisateur…

L’ensemble de l’intrigue a pour cadre le huis clos du vestiaire, où conciliabules, coups de gueule, plans échafaudés, échauffement…suscitent autant de bordées de rires de la part de spectateurs pas obligatoirement au fait des grands-messes footballistiques Droit comme un i dans ses bottes, Jean-Claude Ladoix lâche du lest. « L’arbitrage c’est une passion. On a un rôle social, on joue le rôle de bouc émissaire. Ils nous traitent d’enculés le dimanche, et le reste de la semaine ils sont un peu civilisés. » Ainsi va la vie de juge des pelouses. A la mi-temps du match qui oppose une petite équipe d’amateurs à une grosse cylindrée de L1, le score est de 3 à 0 en faveur des pros. La cause semble donc entendue. Lors de cette pause Jean-Claude reçoit un coup de fil de personnes véreuses –qui, pour son plus grand malheur sont chez lui en compagnie de sa femme- opérant de la sorte à chacune de ses prestations, proposant du fric afin d’inverser le cours des rencontres. «C’est pour ça que je veux arrêter, je veux sortir la tête haute. J’ai des principes. » Mais devant la menace affectant son épouse, il renonce aux moyens légaux. « On laisse filer le match.. » Résultat final : renversement de la vapeur, et 6-3 au profit du petit poucet. Rongé par le remords, il crache « sa honte, son déshonneur. 25 ans de carrière sans un accroc, c’est de l’argent sale ces 50.000 euros gagnés chacun. » Heureux dénouement : Jeannot, l’homme de ménage et 4ème arbitre, sort fier de lui qu’à la mi-temps il n’était pas allé satisfaire un besoin naturel comme convenu, mais avait signifié aux pros qu’un contrôle des urines aurait lieu pour les vainqueurs… »Quand même, c’est génial », a explosé de joie Jean-Claude Ladoix, désireux de profiter de la manne financière avec sa dernière bande de copains tout de jaune vêtus…

Toujours du rire en perspective vendredi à venir

Le prochain rendez-vous fixé par A Chalon Spectacles, encore estampillé « Les Régalades du Piccolo », aura lieu le vendredi 6 février à 20h, salle Marcel-Sembat. Tarif : 22,00 euros. C’est Arnaud Ducret avec « J’me rends… » qui en occupera la scène. Renseignements : [email protected]; 03.85.46.65.89 Infos et réservations dans les points de vente habituels (auprès par exemple de l’Office de tourisme du Grand Chalon, 4, place du port Villiers, 03.85.48.37.97).

                                                                               Michel Poiriault