Opinion

Mouvement en grève en prévision à l'Education Nationale mardi prochain

La FSU et ses syndicats appellent les personnels à se mettre en grève le 3 février. Pour réussir l’école, il faut davantage d’enseignants pour améliorer les conditions de travail, mais aussi de la formation et une revalorisation salariale.

« Tous en grève le 3 février prochain  ». C’est l’appel lancé par la FSU et le SNUipp dans cette période de crise économique et sociale et de montée des inégalités. Plus que jamais notre pays a besoin d’école, il faut lui donner les moyens de lutter efficacement contre l’échec scolaire qui touche en premier lieu les enfants issus des milieux populaires. C’est une des conditions pour offrir une culture commune à tous et toutes et permettre l’émancipation de chacun-e. Alors que les nouveaux rythmes scolaires accentuent la dégradation des conditions de travail des enseignant-es et renforcent les inégalités territoriales, la priorité au primaire ne se traduit pas dans les écoles.

Budget : pas assez de postes pour la rentrée prochaine

Avec seulement 2 511 créations d’emplois programmées pour la prochaine rentrée, le budget est nettement insuffisant. L’école manque de postes et 6 académies se voient même imposer des suppressions. Deux mesures actées pour la rentrée 2015 - l’amélioration du régime des décharges pour la direction d’école et les demi-journées d’allègement de service en REP+ - vont déjà consommer 1 650 postes. Il ne restera donc plus que 861 emplois pour accueillir les 23 400 élèves supplémentaires attendus à la rentrée 2015, soit un emploi enseignant pour 27 élèves. Le nombre d’élèves par classe, déjà au-dessus des moyennes européennes, ne va pas baisser et même augmentera dans de trop nombreuses écoles. Les autres priorités affichées par le ministère - « plus de maîtres que de classes », « scolarisation des moins de 3 ans » - ne vont pas se déployer et notre école ne va pas rattraper son retard par rapport à 2008 : manque de 1 800 postes de remplacement et 4 834 RASED. Afin de pouvoir classer en éducation prioritaire toutes les écoles dont les caractéristiques le justifient cette réforme nécessite un tout autre budget.

Baisser les effectifs et améliorer les conditions de travail

La taille des classes, déterminante pour la réussite des élèves comme le confirment plusieurs études, doit baisser. Pour le SNUipp-FSU, les effectifs ne doivent pas dépasser 25 élèves par classe, pas plus de 20 élèves en REP et REP + et pas plus de 15 élèves pour les moins de 3 ans. Pour réussir la scolarisation des élèves en situation de handicap, il faut des professionnel-les formés avec statut pérenne et un salaire à hauteur des missions. Dans les classes scolarisant au moins un-e élève en situation de handicap les effectifs doivent être allégés. Les nouveaux rythmes scolaires, censés apporter une réponse à la difficulté scolaire, ne font qu’accentuer la dégradation des conditions de travail des enseignant-es et renforcent les inégalités territoriales. Le SNUipp-FSU continue d’exiger une remise à plat de cette réforme. Les APC ne répondent pas non plus au traitement de la difficulté scolaire. Le SNUipp-FSU demande la fin des APC et le retour à un temps de concertation institutionnalisé dans l’emploi du temps régulier des écoles. Enfin, la gestion des personnels (inspection, rapport à la hiérarchie, mutations, temps partiel, droit syndical,…) a subi des dégradations incessantes ces dernières années. Elle doit être remise à plat. 

L’urgence salariale

Devant le déclassement salarial des enseignants, la revalorisation devient une urgence. L’annonce de la prime aux recteurs et rectrices a sonné comme une provocation alors que le salaire des enseignants va baisser en janvier (lire ici). Il faut d’urgence rattraper les pertes de salaires, augmenter le point d’indice - gelé depuis 2010 – et aligner immédiatement l’ISAE (400 € bruts annuels) sur l’ISOE du 2nd degré (1200 € brut annuels) tout en la rendant accessible à tous les enseignants. L’ouverture de discussions pour aboutir à une programmation de la revalorisation de l’indemnité est d’ailleurs explicitement réclamée par le SNUipp-FSU.

Formation initiale et continue

Enfin, demander aux PE stagiaires de cumuler un mi-temps en responsabilité et un mi-temps en ESPE n’est pas tenable, ni réaliste. Cela ne correspond pas à une véritable formation professionnelle et il faut retrouver d’urgence un maximum d’1/3 en responsabilité et 2/3 en ESPE, afin que le volume de formation didactique et théorique prenne toute sa place et son sens. Quant à la formation continue, elle a quasiment disparu. Alors que le métier est devenu de plus en plus complexe le SNUipp-FSU estime qu’il faut d’urgence rétablir une formation continue de qualité sous forme de stages remplacés sur le temps de classe.

Alors oui ! « Tous en grève le 3 février ».