Chalon sur Saône

La CGT AREVA pointe les menaces qui pèsent sur la filière nucléaire en Saône et Loire et plus largement en Bourgogne

La CGT AREVA pointe les menaces qui pèsent sur la filière nucléaire en Saône et Loire et plus largement en Bourgogne

Pour la CGT Areva... "c'est tout simplement l'Etat d'urgence" qui est décrété alors que s'annonce le plan de restructuration d'Areva fixé au 3 mars. "C'est un plan de casse industrielle et sociale sans précédent dans l'histoire du groupe avec des répercussions localement qui s'annoncent difficiles". Info-chalon a fait le point avec les représentants syndicaux des sites saône et Loiriens.

"Cela fait des années qu'on tire la sonnette d'alarme, depuis 2011 plus exactement et ce n'est seulement que maintenant que la direction prend la mesure de la situation dans laquelle est plongé le groupe Areva". Les délégués CGT Areva des sites de Chalon sur Saône, Saint-Marcel et du Creusot sont très inquiets face à la situation "qui n'a fait que dégénerer depuis des années". 

Le 3 mars prochain, le groupe Areva doit annoncer son plan de restructuration avec des annonces qui "ne seront pas sans casse" lancent les représentants syndicaux, qui appellent la direction, à assumer sa part de responsabilité. "Comment des dirigeants qui sont à l'origine de la situaiton peuvent-ils se remettre en cause" ? Les premières annonces en dehors du plan de restructuration laissent présager la note salée que devront porter les salariés du groupe. "Ce sont déjà  500 postes non remplacés à La Hague, 30 emplois non remplacés sur Creusot Forge, le blocage des embauches sur tous les sites, des salaires bloqués, des mobilités géographiques imposées entre sites... On vous le dit, il n'y aura pas grand chose de bon en perspective. Si c'est d'avoir un groupe qui réduit son déficit, qui gagne de l'argent mais qui ne crée pas d'emplois en France, l'intérêt est ou ? "

"Il y a une mise en péril de toute la filière industrielle française"

Les délégués syndicaux affirment haut et fort que la filière nucléaire, fleuron de l'industrie française, et porteuse de milliers d'emplois qualifiés, est dans le collimateur. "La question est de savoir si on souhaite avoir une vision financière du dossier ou une vision industrielle ?".

La direction rassure et annonce une charge jusqu'en 2017...

"Mais de quelle charge parlons-nous ? Les contrats partent en Espagne ou en Chine alors que nous avons la productivité et le savoir-faire localement." En novembre dernier, la CGT avait déjà interpellé sur le dossier des générateurs vapeurs pour la centrale sud-africaine de Koeberg fabriqués en Chine. "On a dépassé le stade de productions chinoises pour le marché chinois, ici, c'est tout simplement de la production tournée vers l'export." Grâce à l'interpellation de la CGT, Saint-Marcel a ainsi pu récupérer quelques 22 000 heures de travail sur des générateurs de vapeur, une goutte d'eau bien évidemment par rapport à la commande, "mais aujourd'hui on en est pas à faire la fine bouche, on se bat sur tout". 

La fameuse commande UK ? 

La direction d'AREVA avait annoncé avec les clairons l'arrivée d'une commande de deux EPR  sur le territoire anglais. "Mais aujourd'hui, ou est-elle cette commande ? Le délai pourrait même être encore reculé, ce serait tout simplement une catastrophe pour Saint Marcel avec les conséquences sur l'emploi que cela engendrera". 

La forge du Creusot... en dehors de la filière du nucléaire ? 

L'inquiétude est grande du côté des creusotins "alors que la semaine dernière à la forge, il a été annoncé par la direction le non remplacement des départs et surtout qu'il fallait que son activité devienne principalement non nucléaire". Pour le syndicats, le doute n'est guère permis, "la direction se prépare à vendre des actifs et pas n'importe lesquels avec les coups aux salariés que cela engendrera". Pire... "Creusot Forge est le seul et l'unique fournisseur de Saint Marcel... la question est donc posée, quel est l'avenir de Saint-Marcel ? C'est toute la pérénnité  des établissements de Saône et Loire qui est en jeu !"? .

Le 12 février, ce sera une journée d'action syndicale sur tous les sites AREVA, "en espérant le soutien de toutes les autres organisations syndicales. Ce sont des arrêts de travail d'une heure qui seront proposés avec des assemblées générales permettant de faire le point sur la situation et de proposer des solutions alternatives". L'Agence des Participations de l'Etat sera bien évidemment sollicitée, "c'est une bataille qui s'inscrit dans la durée avec la volonté de redonner une logique industrielle au groupe". 

Au mois de juin, la CGT lancera ses assises nationales sur la filière nucléaire avec en amont des conférences régionales en Normande, Rhône-Alpes et Bourgogne. Quant aux interpellations faites auprès des députés Christophe Sirugue et Philippe Baumel, "on est toujours dans l'attente d'une réponse". 

Laurent Guillaumé