Chalon sur Saône

La voie de la voix qui dépasse l’entendement, Louis Delort a frappé fort !

La voie de la voix qui dépasse l’entendement, Louis Delort a frappé fort !

Il a un physique avantageux, est très jeune, et a été doté par la nature d’une voix qui lui autorise toutes les issues possibles. Louis Delort a subjugué samedi soir l’assistance –entre cinq cents et six cents spectateurs- de la salle Marcel-Sembat de Chalon-sur-Saône ayant apprécié à leur juste valeur les inflexions vocales plurielles, ainsi que la nature des textes jetant un chaud à perte de vue.

A 21 ans Louis Delort est entré dans le vif du sujet en 2012 à la faveur de la saison 1 de l’émission télévisée The Voice au cours de laquelle il s’est fait ravir au dernier moment la place la plus enviée, celle sur la marche supérieure du podium. Ce qui ne l’a pas relégué pour autant dans l’ombre, puisqu’on lui a confié le premier rôle dans la comédie musicale Les Amants de la Bastille. Parallèlement il devait sortir un disque en août 2013 seul, et un autre avec son groupe The Sheperds au printemps 2014. En octobre de la même année celui semblant promis aux plus hautes destinées si l’on fait référence aux qualités qui sont indéniablement les siennes, a lancé le premier album –Louis Delort&The Sheperds- avec ses acolytes connus sur les bancs du lycée dont le fruit de la collaboration est une condition sine qua non à son profil artistique.

Il a des choses à sortir de lui, cette beauté intérieure qui accroche l’esprit

En tout cas le magnétisme a fonctionné d’emblée entre son public et lui. Les admirateurs (admiratrices à une majorité écrasante), charmés, ont très rapidement et durablement adopté la station debout, s’agglutinant devant la scène, pour ne plus se remettre sur leur séant de la séance de sublimation. Un signe qui ne trompe pas…Engendreur de dix titres de l’album, Louis y a par conséquent beaucoup mis de sa personnalité, fidèle reflet d’un romantique ne déguisant pas sa sensibilité en circuit libre dans ses fibres…Avec le scrupuleux fil conducteur de son timbre envoûtant à géométrie variable, sa voix mâle parfois ourlée de soie, les mots ensuite ne peuvent que prendre du relief incessamment à grands coups de charges émotionnelles. Pop, folk occasionnellement mâtiné de country et d’influence celte, ou carrément rock, son répertoire oscille entre ces variantes dont l’idée fixe réside dans un tir groupé missionné pour déposer au tréfonds de chacun un présent à manipuler mentalement selon son propre ressenti. « M’appelle pas chéri », « Sur ma peau », « Château de sable », « Sans retour », « Sentinelle », « Outre Manche », « Corps à la chance »,etc. la diversité des genres et la relation fusionnelle auront emboîté le pas au cisèlement du couple chanson-musique. Les jeux de lumière devaient de surcroît inonder de plaisir les groupies, et les cinq musiciens des Sheperds, eux, s’arrachaient afin d’être en symbiose totale avec leur interprète d’ami. Ce fut donc le cas avec le guitariste, le bassiste, le batteur. Mais il y en avait deux autres de plus qui, à l’aide de leur instrument, ont goupillé quelque chose de singulièrement réussi : le violoncelliste souvent frénétique, et le plus flegmatique violoncelliste. A n’en point douter, les absents ont eu tort de ne pas communier autour de la sainte scène. Mais faute avouée…

                                                                                     Michel Poiriault