Saône et Loire économie

"Les dysfonctionnements du RSI nous tuent à petits feux" déplorent les restaurateurs

"Les dysfonctionnements du RSI nous tuent à petits feux" déplorent les restaurateurs

Instauré depuis 2008 sous Nicolas Sarkozy, le Régime Social des Indépendants n'en finit plus de soulever la colère des petits entrepreneurs. Ils sont restaurateurs entre Bouzeron, Mercurey, Ecuisses et Saint Léger sur Dheune, et ils ont souhaité dénoncer les dysfonctionnements aux lecteurs d'info-chalon.com.

Pour certains, c'était la première fois qu'ils se rencontraient mais tous ont le même problème... à savoir le RSI et son mode de fonctionnement. "Non pas que nous n'ayons pas besoin d'un système mais depuis le départ, il a été perverti. Plus de 60 % des sommes sont consenties au frais de fonctionnement du RSI, c'est ahurissant" dénonce Patrick, patron du Saint-Pierre situé à Ecuisses. Chiffres à la main, ils dénoncent la perversion du système pour Joseph, patron d'une pizzéria à Saint Léger sur Dheune ou tout simplement "l'impossibilité de vivre de notre métier et de passer du temps avec nos enfants" surenchérit Ludovvic, Chef du Bouzeron. 

Ils seront tous au rendez-vous parisien du 9 mars avec un grand rassemblement contre le RSI. Et à les entendre, le ras le bol gronde et pourrait vite déborder, au point que face à la situation, ils n'ont d'autres solutions que de ralentir leurs activités, " on nous bride, on nous empêche de créer de la richesse, c'est incroyable d'en arriver là. C'est à un point où on tire vers le bas tout un pan de l'économie française alors qu'on pourrait embaucher avec plus de souplesse".

"47 à 50  % de notre bénéfice"

La question demeure dans toutes les têtes "face à l'opacité du dispositif. A qui profite le crime  ? A quoi sert tout cet argent collecté. Si encore nous étions bien couvert, on pourrait éventuellement comprendre mais nous n'avons le droit à quasi rien en retour si nous tombons malades et encore moins à la retraite". Parmi eux, c'est Ludovic, le patron du Bouzeron qui est le plus remonté face au dispositif, obligé de réduire son activité et même son revenu alors qu'avec sa conjointe, ils ont un enfant en bas âge, et qu'ils ne comptent pas leurs heures pour faire tourner la boutique. "On ne peut plus continuer comme ça, c'est impossible. Tout est fait en France pour empêcher la création de richesse. C'est évident. A ce rythme là, qu'ils nous laissent gérer notre argent nous-même, après tout c'est notre pognon, on ne l'a pas volé. Depuis 4 ans, on se verse 700 euros par mois !".

Même sentiment du côté du Saint Pierre à Ecuisses, qui ne peut dépasser la rémunération de 1000 euros net/mois "parce qu'à la fin de l'année, ce sont 18 000 euros de charge qui vous sont réclamés. Vous vous rendez compte ?". "On se demande comment on ne peut pas finir à Sevrey parfois quand on se lève le matin. C'est lourd à supporter et je peux vous dire qu'on en dort mal la nuit". 

On ne peut même pas s'arrêter au risque de ne plus pouvoir redémarrer

"On a tous des familles, on arrive au stade que prendre quelques jours de congés avec nos enfants, ça en devient coûteux de prendre du temps avec nos enfants. C'est honteux". Du côté du patron du Saint Pierre, "lorsque j'ai ouvert il  y a 3 ans j'étas à 3500 euros de charge trimestrielle... j'en suis aujourd'hui à 6000 par trimestre sans avoir rien changé. J'ai fermé trois semaines en septembre et j'arrive à le regretter, tant le redémarrage est parfois compliqué lorsque vous prenez quelques jours comme n'importe quel salarié". 

Du côté de Joseph à la pizzéria de Saint Léger sur Dheune, "le calcul a été vite fait. Je travaille désormais seul. J'ai réduis mon activité mais on n'a pas d'autres choix alors que j'avais un emploi avec moi. On force à nous brider. C'est le paradoxe absolu". 

Les choses bougent politiquement mais en attendant les entrepreneurs souffrent...

Bruno Le Maire et Julien Aubert, député de Vaucluse, ont fait parvenir vendredi 6 février à Claude Bartolone, Président de l’Assemblée nationale, une lettre cosignée par 106 députés, demandant la mise en place d’une mission parlementaire sur l’organisation et les dysfonctionnements du Régime Social des Indépendants. "De toute manière quand on les appelle, ils sont incapables de vous donner une information qui soit valable dans le temps, c'est quand même hallucinant !" rajoutent les restaurateurs, qui appellent tous les indépendants à venir les rejoindre le 9 mars prochain pour le grand rassemblement contre le RSI.

Pour les restaurateurs, mais le sentiment est valable pour tous les indépendants, "nous sommes les dindons des politiques, on arrive que les cons du dîner c'est bel et bien nous, mais la situation ne peut plus durer, qu'ils se rassurent !". 

Laurent Guillaumé