Chalon sur Saône

Avec davantage de solidarité active, le réseau flambant neuf des glaneurs chalonnais se veut vertueux

Avec davantage de solidarité active, le réseau flambant neuf  des glaneurs chalonnais se veut vertueux

Chaperonnant une conception incessante du combat contre le gâchis alimentaire qui tombe sous le sens, ce depuis trois ans, l’association caritative Les glaneurs du Chalonnais n’éprouve nulle envie de s’agiter seule dans son pré carré et de s’y poser à demeure. Désireuse encore et toujours de prendre le taureau par les cornes, elle rêve d’un soulèvement populaire dans la tête du citoyen lambda afin que ce qui reste consommable et dont le sort funeste est d’aller grossir la poubelle, reprenne adéquatement du poil de la bête. Pour que cette mentalité gagne en consistance, elle enfante le réseau chalonnais de lutte contre le gaspillage alimentaire.

Plus d’attributaires…par voie de conséquence moins pour chacun. Elémentaire, mon cher Watson !

Toute l’année quelles que soient les conditions atmosphériques, Les glaneurs du Chalonnais sont sur le pont, à une exception près : durant le festival Chalon dans la rue, dont une portion s’implante dans la cour de l’Evêché, qui sert le reste du temps de quartier général aux récupérateurs de denrées périssables. Le vendredi et le dimanche, place Saint-Vincent et rue aux Fèvres les bénévoles font du « porte-à-porte » auprès des bienveillants commerçants non sédentaires (lesquels ont baissé le niveau de leurs cessions en regard des raisons économiques) pour répartir avec les moyens du bord les invendus aux quémandeurs démunis, lorsque les dons  ne proviennent pas d’agriculteurs ou, comme l’été dernier, de jardiniers amateurs. Mais tout est tellement aléatoire et fluctuant qu’il est particulièrement ardu de gérer les volumes, dans un système de flux tendus en permanence. Le déséquilibre s’avère flagrant, et de toute évidence pas en passe de se résorber. « On arrive à un point où les glaneurs redistribuent beaucoup moins, comme il y a de plus en plus de bénéficiaires. Ca pose problème. Et les gens qui nous donnent, c’est très anarchique pour le moment », déplore la vice-présidente Dominique Copreaux.

Si c’est dans vos cordes de réduire à néant ou de freiner le bousillage, allez-y !

Alors l’association –dont la prochaine assemblée générale aura lieu le mardi 24 février- a décidé de sortir le grand jeu, passer la vitesse supérieure. A l’image de ce que la ville de Paris est en train de réaliser, ou dans ce coin d’Aquitaine, processus monté par les services publics, « Les glaneurs du Chalonnais » ont sous le coude un plan visant à fédérer l’ensemble des personnes conscientes que l’on ne peut indéfiniment se rouler dans la fange de l’incohérence et de la déprédation de biens parfaitement vivables, victimes du délit de faciès et de comportements pour le moins douteux. D’où une profession de foi à valeur de coup d’accélérateur et d’électrochoc salutaire. Il faudra désormais se faire au petit dernier : « Le réseau chalonnais de lutte contre le gaspillage alimentaire », exhortant toutes les sources possibles d’approvisionnement à montrer le bon exemple. « L’association souhaite faire de l’initiative du réseau un levier de redistribution efficace. A ce souci de solidarité s’ajoute une préoccupation environnementale au travers de la prévention des déchets, mais aussi l’économie en eau, en engrais, en travail agricole…participant ainsi à l’instauration d’une économie circulaire et donc à la préservation de notre environnement. Les glaneurs du Chalonnais souhaitent ancrer cette dynamique d’anti-gaspi par un engagement local fort. Nous vous invitons tous à cette démarche d’intelligence collective : restauration collective, agriculteurs, professionnels de l’agroalimentaire, grande distribution et petits commerces, transporteurs, établissements scolaires…Le gaspillage n’est pas une fatalité, il est possible d’agir tous ensemble», est-il spécifié.

 

Des quantités perdues suscitant la nausée…

L’optimisation des actes (ramassage, puis offrande sans aucun justificatif réclamé) est dans le collimateur. « Ce qu’on voudrait avec ce réseau, c’est essayer d’être plus pointus. Pour l’instant ça se passe au petit bonheur la chance. On a pris contact avec la Chambre d’agriculture, on espère que ça donnera quelque chose », relate Dominique Copreaux, qui n’ignore pas que l’image des glaneurs irrite parfois, même si avec les Restos du Cœur par exemple l’entente est très cordiale «On n’est pas comme les autres, on travaille avec les précaires, et ça, ça énerve. On est assez novateurs. On a de la chance, on a toujours trouvé des opportunités, la chaîne du froid par exemple n’est pas rompue grâce à des moyens réfrigérants. On aimerait lancer une dynamique. Du fait que c’est éparpillé, ça permettrait de voir comment travailler et redistribuer. Aujourd’hui il faut s’agrandir. On met ça au service du Chalonnais», poursuit-elle. En 2014 les glaneurs ont remis en mains propres 8,8 tonnes de fruits et légumes, soit une progression de 26% par rapport à 2013 ! Parallèlement, 4,4 tonnes de pain rassis ont également été délivrées ; là également la quantité est en hausse. Au plan national, plus de 2,3 millions de tonnes de nourriture partiraient en fumée dans la distribution ; concernant la restauration, collective et commerciale, la gabegie serait de 1,5 million de tonnes ; chaque Français se débarrasserait de 20 kilos voués à l’alimentation en moyenne par an …Des constats édifiants.

 

Des emplois d’insertion ?

Depuis l’origine à la recherche d’un local digne de ce nom, d’un lieu plus adapté à la réception puis la dispersion des acquisitions, l’association procède au coup par coup. Heureusement, l’union n’est pas un vain mot. « On est toujours retombés sur nos pieds. Nous formons un groupe soudé, on peut compter les uns sur les autres. De plus, pour le 21 mars l’E.M.A (Ecole Média Art) Fructidor de chalon va nous construire un chariot de quatre saisons, et on a demandé au maire une fresque pour que le hangar soit moins lépreux », révèle la vice-présidente. En allant au bout du raisonnement, en extrapolant, les bons samaritains estiment qu’il n’est pas utopique de se projeter dans l’avenir d’une  manière réfléchie. « On pourrait créer des emplois d’insertion, en livrant à domicile, en confectionnant des confitures, mais on aurait alors besoin des institutionnels. On a notre bonne volonté, nos bras, mais on ne peut pas tout faire tout seul… »

 

Entrez dans la sarabande de l’esprit de corps

Il y a l’adresse facebook (presque 1.100 amis) : www.facebook.com/reseauchalonnaisdeluttecontrelegaspillagealimentaire

la messagerie dédiée :

[email protected]

Contact :

Dominique Copreaux au 03.85.93.33.97

Dans six mois un bilan des allées et venues virtuelles sera effectué, lequel s’assortira le cas échéant de la création d’un site internet.

                                                                                            Michel Poiriault