Chalon sur Saône

« Voix You Voix Yelles » au Temple, un concert toujours aussi éclectique

« Voix You Voix Yelles »  au Temple, un concert toujours aussi éclectique

La chorale chalonnaise « Voix You Voix Yelles » a été fondée en juillet 2010. Quelques mois plus tard, début 2011, à l'initiative de l'un de ses membres, elle se produisait au Temple de la rue Carnot et y obtenait un premier succès. Depuis cette date, histoire de bien commencer la nouvelle année, quand revient le mois de février, ce chœur pas tout-à-fait comme les autres donne à nouveau rendez-vous dans le lieu de culte protestant aux nombreux amateurs d'art choral, que compte notre ville. A l'occasion de son cinquième concert au Temple, la chorale, dirigée par Greg Johnson, a une nouvelle fois conquis l'assistance, parmi laquelle on reconnaissait Benoît Dessaut, adjoint chargé de la culture et du patrimoine, et Bernadette Vellard, adjointe en charge de la jeunesse et des équipements de quartiers.
« Nous sommes un peu des voyous » a coutume de dire Olivier de Sérésin, le président choriste de cette chorale. Et c'est vrai que, comme des « voyous », tout au long de ce concert, les quinze chanteurs ont eu bien du mal à ne pas bouger. Montant à la tribune, se déplaçant dans l'allée centrale, changeant de pupitre, au gré du morceau. Durant plus d'une heure, sous la conduite de Greg Johnson, ils nous ont promenés sur les chemins de leur univers musical. Un univers étonnant, fait de rencontres sérieuses et d'autres qui le sont un peu moins ou même pas du tout...
Le concert a débuté par les six nocturnes de Mozart. De courtes pièces vocales écrites en 1787-1788 à Vienne par le fameux compositeur autrichien sur des textes de l’Italien Pietro Metastasio pour les soirées de son ami Von Jacquin. Dans un style gracieux, vif et envoûtant Mozart y exprime tout à la fois les joies et les tourments de l’amour. La première partie du concert s’est terminée par l’«Insalata Italiana » de Richard Genée, un compositeur autrichien du 19e siècle. Dans cette œuvre surprenante, dans laquelle Richard Genée se moque des opéras italiens, Greg Johnson a montré qu’il n’était pas seulement un excellent chef de chœur et un excellent organiste mais également un remarquable chanteur.
Pas le temps au public de « souffler » durant l’entracte : aux claviers de l’orgue plus que centenaire du Temple, l’infatigable Greg Johnson a interprété « Rhosymedre », œuvre de Ralph Vaughan-Williams, un des compositeurs anglais les plus connus du 20e siècle, et « In dir ist Freude », œuvre écrite en 1713 par le grand Jean-Sébastien Bach et tiré de l’Orgelbüchlein, son recueil de 46 chorals pour orgue.
La seconde partie a commencé avec un « Ave Maria ». Celui de Tomas Luis da Victoria, le plus fameux polyphoniste de la Renaissance espagnole, à qui l’on doit notamment vingt messes et deux passions. Avant un changement de cap à 180 degrés et trois œuvres profanes dédiées au vin. A Chalon, n’est-on pas dans une région de vignoble ? « Changeons propos, c'est trop chante d'amours », une chanson curieusement composée par Claudin de Sermisy, maître de chapelle de François 1er sur un texte du poète Clément Marot. «Hymne à Saint Vincent » de Jean Aubelle et « Te voici, vigneron » des Suisses Carlo Boller et Maurice Budry.
Et une fois n’est pas coutume, ça a swingué à l’intérieur du Temple, mais personne ne s’en est plaint... Avec pour terminer « Quand revient la nuit », un morceau composé par le jazzman français Claude Bolling et « Soon and very soon », un gospel très entraînant du pasteur américain André Crouch.
Un concert qui par son programme éclectique, alliant humour et spiritualité, profondeur et gaieté, aura sans doute laissé quelques regrets à tous ceux qui n’ont pas pu y assister. Mais qu’ils se rassurent ! On reverra « Voix You Voix Yelles » dans quelques semaines, le 5 juillet en l’église de Saint-Martin de Laives et très vraisemblablement le 30 mai en l’église de Cortevaix.

Gabriel-Henri THEULOT