Chalon sur Saône

TRIBUNAL DE CHALON - 1 an de prison ferme pour deux frangins revendeurs de stupéfiants


TRIBUNAL DE CHALON - 1 an de prison ferme pour deux frangins revendeurs de stupéfiants


« C'est un triste épisode de vie », pour reprendre les dires de Me Nathalie Bernard, l'avocate de la défense, qu'a évoqué mercredi le tribunal correctionnel de Chalon. Celui de Mickaël, Philippe, son frère, et Lolita, la compagne de ce dernier, trois Creusotins, respectivement âgés de 36 ans, 33 ans et 22 ans, et qui depuis de nombreux mois, voire depuis de longues années pour les deux trentenaires, sont tombés dans la spirale infernale de la toxicomanie, au point de ne pas pouvoir en sortir. A les voir derrière la vitre du box des prévenus et à la lecture du dossier, le Tribunal a pu se rendre compte, une nouvelle fois, des ravages physiques qu'entraînait une consommation importante et régulière d'héroïne.

Comme cela arrive très souvent pour les drogues dures, dont l'achat est coûteux, afin de financer leur propre consommation, Mickaël, Philippe, et parfois Lolita ont commencé à vendre de l'héroïne, de la cocaïne ainsi que de la méthadone. Leur petit commerce aurait pu marcher encore longtemps s'il n'y avait pas eu une dénonciation anonyme auprès de la police du Creusot. Après plusieurs mois de surveillance et après un mois de mise sur écoute téléphonique, les policiers de la Cité du Pilon ont décidé d'intervenir, en interpellant ce mardi les trois dealers, aussitôt placés en garde à vue. Au domicile de Mickaël, les fonctionnaires de police ont découvert 204 g d'héroïne, 36 flacons de méthadone, plusieurs balances et une certaine somme d'argent. Dans le logement occupé par Philippe et Lolita ils ont trouvé 279,6 g d'héroïne, 8,1 g de cocaïne, 194 flacons de méthadone, une balance et du numéraire. Qui plus est, par peur d'une éventuelle perquisition, Lolita avait caché également de l'héroïne dans son soutien-gorge et à l'intérieur de son vagin.

Interrogé par la présidente Laurianne Baillargeaux, Mickaël a indiqué qu'il n'avait jamais touché à la cocaïne, aussi bien en tant que consommateur que revendeur, mais que par contre il consommait 3-4 g d'héroïne par jour. Le mis en cause a révélé aux enquêteurs qu'il achetait l'héroïne 10 € le gramme, essentiellement auprès de son frère, et qu'il la revendait 30 € le gramme à 4-5 clients. Pour sa part, Philippe a signalé qu'il consommait 7 g d'héroïne et 0,3 g de cocaïne  par jour, mais que c'était surtout pour calmer ses souffrances physiques. Le prévenu, dont l'état de santé est plus que précaire, a en effet notamment un ulcère à la gorge, mais dont on ne peut pas l'opérer, tant qu'il n’est pas abstinent. Au cours de sa garde à vue, il a aussi dit aux policiers qu'il s'approvisionnait à Torcy, qu'il revendait le tiers de ses achats au prix de 20 à 30 € le gramme d'héroïne et de 30 à 50 € le gramme de cocaïne et qu'il avait près de 30 clients. En revanche il a contesté la vente de méthadone. Les 194 flacons qu'on a trouvé chez lui, ils auraient été prescrits par un médecin et il se les serait procuré au cas où... Une explication que le Tribunal a eue bien du mal à croire... Quant à Lolita elle a indiqué qu'elle consommait 3-4 g d'héroïne par jour mais qu'elle avait arrêté la cocaïne.
Dans ses réquisitions, le substitut Anne-Sophie Kopacz a fait observer que c'est Philippe qui avait le rôle central et que les deux frères trafiquaient en toute connaissance de cause. Tout en admettant que ce n'était sans doute pas des trafiquants de grande envergure, la magistrate du parquet a néanmoins souligné que la revente de drogue était devenue pour eux, qui ne travaillent pas depuis de nombreux mois, « une activité lucrative » et que les bénéfices de la revente, estimés au total à 3 000 € à 4 000 € par mois, leur permettaient de subvenir largement à leurs besoins quotidiens.

Après avoir signalé que ses trois clients avaient globalement reconnus les faits, Me Bernard a estimé, dans le cadre de sa plaidoirie, que, même s'ils étaient actuellement au fond du trou, il y avait encore quelques espoirs qu'ils s'en sortent et qu'ils avaient surtout besoin qu'on les aide. Prenant l'exemple de Mickaël, l'avocate a notamment souligné que ce dernier avait stoppé sa consommation de 2008 à 2013, parce qu'il était alors suivi par des organismes sociaux et que depuis il avait rechuté, car du jour au lendemain il n'avait plus été encadré. Evoquant le cas de Philippe, Me Bernard a confié que vu l’état physique du mis en cause l’incarcération n’était pas la meilleure des solutions.

Finalement, au bout d'une demi-heure de délibéré, le Tribunal a condamné Mickaël à 3 ans de prison, dont 2 ans avec sursis, assorti d'une mise à l'épreuve de 3 ans avec obligation de se soigner, de travailler et de régler les amendes douanières. Philippe a écopé de la même peine, tandis que Lolita s’est vue infliger 10 mois de prison avec sursis, assorti d’une mise à l’épreuve de 2 ans avec les trois mêmes obligations. L’administration douanière avait demandé une amende de 5 120 € à l’encontre de Mickaël et une amende de 8 290 € in solidum à l’encontre de Philippe et de Lolita. Enfin le Tribunal a décerné un mandat de dépôt contre Mickaël, qui tombait sous le coup de la récidive pour avoir été condamné pour des faits similaires en avril 2011 par cette même juridiction, et contre son frère Philippe.

Gabriel-Henri THEULOT