Chalon sur Saône

Frédéric Diefenthal se repaît du jeu scénique d’avec Michèle Bernier : «C’est un jour heureux sans fin »

 Frédéric Diefenthal se repaît du jeu scénique d’avec Michèle Bernier : «C’est un jour heureux sans fin »

Ces deux-là s’entendent désormais comme larrons en foire durant la comédie « Je préfère qu’on reste amis », laquelle fait partie intégrante des Théâtrales de Pascal Legros Productions, sous le couvert d’A Chalon Spectacles. L’amitié, l’amour, vont effectuer une partie de ping-pong avec quel vainqueur ? En tout cas les résolutions tardives de celles et ceux qui n’ont pas leur place pour le vendredi 27 février à l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône sont caduques : c’est complet ! Cependant Frédéric Diefenthal a très élégamment honoré sa profession en répondant aux questions d’info-chalon.

Est-ce la première fois que vous donnez la réplique à Michèle ? Comment la trouvez-vous en tant que partenaire ?

« Oui, c’est la première fois, et c’est une partenaire, en un mot, délicieuse, qui est dans le partage. Elle vous grandit. Quand on joue dans la générosité avec l’autre, dans l’écoute, ça vous monte. C’est un jour heureux sans fin, voilà. »

Comment cela se passe-t-il pour cette pièce ?

« On a commencé en janvier 2014 et on a fait une année complète à Paris avec neuf mois de représentations, jusqu’au 3 janvier 2015. On a fait quelques petites haltes, on est allés chacun en tournée notamment, et là on est en tournée depuis le 15 janvier jusqu’au mois de mai. Nous ferons des dates exceptionnelles en province en fin d’année pour ceux qui n’ont pas pu la voir, car la demande du fait de notre succès est telle que nous ne sommes pas du tout des victimes, au contraire ! C’est un réel bonheur d’avoir cette preuve d’amour du public, un beau cadeau. »

Laurent Ruquier a réalisé du sur-mesure, ça doit par conséquent rendre votre travail plus agréable ?

« Il a écrit la pièce pour Michèle au départ, il n’avait pas l’idée du personnage masculin et après qu’elle ait accepté de la jouer, car là aussi c’était un beau cadeau qu’il lui faisait, eh bien ils ont choisi ensemble qu’il fallait me voir (rires). »

Dans cette comédie, quelqu’un tire-t-il plus son épingle du jeu ?

« Non, non, non. C’est pour ça qu’elle fonctionne la pièce. C’est un tandem, chacun va de toute façon bousculer l’autre et le pousser dans ses retranchements. Ces deux amis, finalement, ils se connaissent depuis quelques années, ils pensent se connaître mieux que personne, et en fait, tout au long de cette pièce ils vont se découvrir, ça va les emmener assez loin, jusqu’au point de rupture. Et qu’est-ce qu’il va se passer derrière ? C’est là où c’est amusant, et où c’est l’enjeu de la pièce…C’est une grande, grande amitié qui va être totalement remise en cause, et quelquefois ça peut paraître plus grave qu’une histoire d’amour. »

Vous avez beaucoup de films et de téléfilms à votre actif, contrairement au théâtre où il s’agit à l’heure actuelle de votre 6ème incursion. Regrettez-vous de ne pas en avoir fait davantage ?

« Non, c’est vrai que j’ai tourné beaucoup depuis près de vingt ans, tournage, tournage, puis quand je suis entré par la grande porte au théâtre j’ai décidé de ne plus arrêter. Si on regarde bien, tous les deux-trois ans c’est un bon rythme. A 46 ans j’espère en jouer encore quelques-unes. Je n’ai aucun regret ni aucune frustration, bien au contraire. Je l’ai pris au bon moment, j’avais la maturité pour, et j’apprends tellement de choses à chaque fois au théâtre, que c’est aussi pour moi une façon de faire mes barres, comme un danseur. Au-delà du plaisir et du résultat qu’on donne et qu’on savoure, le travail du théâtre vous rend meilleur pour le reste, pour l’écran. »

Dans l’absolu, aimez-vous davantage interpréter des personnages qui sont aux antipodes de votre personnalité ?

« Je n’ai pas vraiment de préférence, s’il faut à un moment jouer quelqu’un qui soit aux antipodes, pourquoi pas, mais ça peut ne tellement pas être vous que la composition peut être très rude, et vous pouvez passer totalement à côté. Je pense qu’il y a toujours quelque part même aux antipodes un moyen de déceler quelque chose qui fait que vous auriez pu être ça aussi. Ca devient un peu intellectuel entre guillemets, mais c’est aussi ça. Je vais en parler avec le metteur en scène, l’auteur, il faut qu’il y ait quelque chose qui se déclenche en vous et là après vous pouvez commencer le travail d’un rôle qui va être aux antipodes de ce que vous êtes. S’il n’y a pas le petit déclencheur, le problème c’est que ça peut devenir laborieux et vous pouvez vous planter. Oui  j’aime autant l’un que l’autre. Quand vous êtes un peu bosseur et que justement vous ne voulez pas aller vers la facilité, ça ne vous rend pas le travail plus simple. Avant tout, ce que je cherche dans un personnage c’est de ne pas m’ennuyer dans une histoire, autrement je n’y vais pas. Autant quand on tourne il peut y avoir des choses plus légères, parce que le temps d’un tournage est beaucoup plus rapide. Au théâtre on y passe du temps, ce n’est pas pour jouer trois mois. Le but c’est d’aller ensuite aller en tournée. J’aime ça. »

Préférez-vous faire rire, donner à réfléchir, ou amener des pleurs ?

«Ca serait très prétentieux de préférer faire rire, donner à réfléchir ou amener des pleurs. C’est provoquer de l’émotion avant tout que je cherche. Quand cette émotion elle est dans le rire, là c’est cadeau, mais ce n’est pas juste pour provoquer des larmes, du rire, etc. car le lendemain les gens ne se souviennent pas de grand-chose. J’aime quand ça va un peu plus loin. C’est ce qui se passe avec cette pièce. C’est une vraie comédie romantique, déjà dans l’écriture profonde de Laurent, il y a aussi des choses personnelles, et l’interaction du coup avec le public elle reste. Bien sûr que ça rigole du début jusqu’à la fin, même s’il y a des silences. C’est jubilatoire d’avoir les deux choses : émouvoir des gens mélancoliques, les toucher au plus profond, et en même temps les faire marrer. Waouh ! »

Où peut-on, et pourra-t-on vous voir ces temps-ci dans d’autres contextes, à court, moyen ou long terme ?

« Il y a un téléfilm qui doit passer dans pas longtemps, au printemps, je ne connais pas la programmation, qui s’appelle « Le chapeau de Mitterrand », avec plein, plein d’acteurs : Roland Giraud, Michel Leeb,…c’est presque un film à sketches. C’est assez étonnant, décalé, je pense que ça va surprendre, mais je ne sais pas si ça marchera ! Je suis le passeur du soir, celui qui va tout déclencher en récupérant un chapeau oublié dans un restaurant par François Mitterrand, c’est un objet assez symbolique, et on va voir comment ce chapeau va changer la vie de tous ceux qui vont l’avoir en main. Et avant tout le personnage que je joue, qui va être le premier à l’avoir, ne veut surtout pas s’en débarrasser, tellement ça va changer, et malheureusement il va le perdre. Ce chapeau va comme ça passer, c’est pour ça qu’il y a plusieurs histoires. Il revient à chaque fois complètement fou, hystérique d’avoir perdu ce  chapeau, c’est inconcevable. Chaque soir je suis toujours là, et dans un état de plus en plus lamentable. »

    Crédit photo : Bernard Richebé                                                     Michel Poiriault