Chalon sur Saône

Tout le monde était Dobritz samedi à Chalon

 Tout le monde était Dobritz samedi à Chalon

Grâce à Jean-Claude Michel, l’ex-directeur durant deux ans de Creusot-Montceau Développement, à présent homme de main et ami du dessinateur de presse Jean Dobritz, ce dernier a marqué de sa présence ses phosphorations à la galerie L’Art au Garage, sise au n° 11 de la rue Saint-Georges à Chalon-sur-Saône, tenue par Michel Crâpeau.

« Je ne suis pas un dessinateur d’humour »

Jean Dobritz œuvre au sein du Figaro en qualité de dessinateur officiel depuis vingt-sept ans ans. On ne compte cependant plus les journaux et revues, tant en France qu’à l’étranger, ayant bénéficié de son caractéristique coup de patte.« La Croix », « Télérama, « La vie socialiste », l’Allemagne, les Etats-Unis, etc. ont pris acte des produits finis à l’aura internationale de Jean, toutefois mutiques. Depuis quatre décennies qu’il met à mal ses feuilles blanches en couchant sur le papier de manière stylisée ses humeurs, cela représente à l’arrivée plus de trente mille représentations ! Excusez du peu ! Au départ le destin devait lui tendre la perche. « Je faisais du dessin de presse sans le savoir, j’étais comme M. Jourdain ! Je n’étais pas très bon dessinateur à l’époque, et je m’amusais au lycée », admet-il. L’autodidacte, auteur d’une dizaine de bouquins, sort de ses gonds lorsque la confusion joue sa partition. « Ce qui me met en colère, c’est que l’on associe le dessin de presse au dessin d’humour. Je ne suis pas un dessinateur d’humour », martèle-t-il. Lui qui est également journaliste ne va pas chercher midi à quatorze heures. « Le dessin de presse est inutilement nécessaire, et c’est bien quand il y est. Mes dessins sont beaucoup plus intelligents que moi. Il y a différents niveaux de lecture. J’aime citer cite cette phrase d’une chanson de Trenet : »Ne cherchez pas dans mes pianos ce qu’il n’y a pas ». Si ses dessins se suffisent à eux-mêmes en allant à l’essentiel, ils traduisent une marque de fabrique qui fait que, les yeux dans les yeux, l’essence des traits vaut mieux que mille discours. A contre-courant de ce qu’il a remarqué. « J’ai lu que les lecteurs de BD ne regardaient pas les dessins, mais lisaient les textes. » En tout cas le plaisir de donner vie est sempiternellement intact. « Ca m’amuse déjà de les faire, les dessins, j’ai toujours été très graphique », condition sine qua non pour que les visualisations par les observateurs génèrent également un haut degré de contentement.

 

La littérature et l’érotisme brandissent la carte de la complémentarité

A Chalon il y a deux thèmes : la littérature, et puis l’érotisme, sans que jamais ça ne sombre dans la trivialité. Raffinement, élégance et angles suggestifs sont ses frères d’armes. Ses créations tombent sous le sens, et invariablement la conquête de la compréhension s’accompagne d’un sourire, avec la subjectivité en bandoulière. Anti-héros tout autant qu’héraut par excellence, Dobritz avait plutôt bonne mine samedi. De toute façon il n’est pas du genre à se faire un sang d’encre, même quand ses circonvolutions cérébrales lui portent préjudice : « J’ai reçu des tas de lettres d’insultes », avoue impassible celui qui a caricaturé Mahomet, à la différence près qu’il a été incarné par des ayatollahs. De là à la tragédie de Charlie… »C’était inconcevable. J’en ai chialé, j’étais mortifié. Jamais je n’aurais pensé à ça, je n’arrête pas d’y penser. C’étaient des copains. Tignous, Honoré, Cabu je le connaissais depuis quarante ans. On pouvait ne pas se voir pendant trois-quatre ans, puis se retrouver. On fait un métier où on n’est pas des milliers. On ne se croise jamais. » Gare toutefois aux postulants. « Le problème maintenant dans les journaux, c’est qu’il n’y a plus de sous… »

 

Le compte à rebours a débuté…

L’expo-vente est ouverte en accès libre tous les jours pendant un mois et demi de 10h à 12h et de 14h à 18h30, sachant que le dimanche signifie jour de fermeture, et que le lundi on y entre que l’après-midi de 14h à 18h30. Renseignements au 06.49.95.79.36

                                                                                         Michel Poiriault