Chalon sur Saône

Mais où va-t-on avec « le Fils du Comique » ? Suspense insoutenable…

Mais où va-t-on avec « le Fils du Comique » ? Suspense insoutenable…

On avait eu droit il y a quelques années au Comique, sorti tout droit de l’imagination de Pierre Palmade. Cette fois il a pondu « Le Fils du Comique » qui a fait ses preuves à Paris dans un premier temps, avant de partir en tournée en 2014 régaler les tenants du rire sans réserve. Il ne faudra à aucun prix louper pour les régionaux de l’étape la salle Marcel-Sembat de Chalon-sur-Saône le vendredi 10 avril à 20h, puisque derrière il n’y aura plus qu’une représentation. L’enjeu est de taille, Ariane Mourier a la ferme intention d’assurer la descendance de Pierre par ses propres moyens. Là où le bât blesse, c’est qu’elle n’est pas seule sur les rangs…

Ariane, êtes-vous en place depuis le début du « Fils du Comique » ?

« Non, j’ai remplacé en octobre dernier Camille Cottin qui tenait le rôle, quand ça a repris au Théâtre Saint-Georges à Paris, et puis pour toute la tournée, cette année en tout cas. Pierre m’a proposé d’y venir suite au fait que j’ai été retenue. »

Chalon-sur-Saône sera l’avant-dernière date de la tournée 2015 avant une remontée en direction de la capitale. Ca doit sentir un peu l’écurie, non ?

« Là, on rentre au dépôt, ça sent la fin (rires). Effectivement ça va être la fin mais c’est super sympa de finir en plus en région parisienne, dans des chouettes endroits et théâtres. C’est toujours un petit peu triste évidemment, en plus c’est réellement une très, très chouette aventure qui se termine, aux côtés de Pierre, avec Benjamin, Emmanuelle, Alexis, Joffrey. Il y a toujours évidemment un petit parfum de tristesse, et puis après on part sur d’autres projets. On est tous aussi dans la troupe à Palmade, donc on continue quand même de se voir et de travailler ensemble régulièrement. »

Pouvez-vous, en schématisant, définir le rôle joué par vos partenaires, à l’exception de Sylvie ?

«Il y a Benjamin Gauthier qui joue le petit ami de Pierre, Alexis Cadrot -en alternance avec Joffrey Platel- qui interprète mon ex-ami au stade où en est la pièce, et Pierre, qui est un  auteur très égocentrique, très charmant et très drôle. C’est un peu son alter ego de la vie en un petit peu plus caricatural, et Sylvie, sa meilleure amie à qui il a promis de faire un enfant. Il se trouve qu’il va me rencontrer, moi qui suis une actrice pleine d’ambitions, et on a une espèce de coup de foudre, pas amoureux, mais de personnalité. Et il va  ce soir-là, où il me rencontre, me proposer de jouer dans sa prochaine pièce, et de faire un enfant avec lui. Ca va mettre à mal les projets de Sylvie, et tout va se décider autour d’un dîner pendant lequel les deux femmes vont gentiment s’affronter, puis de moins en moins gentiment au bout d’un moment pour décider qui des deux aura le plaisir et l’honneur d’avoir l’enfant de Pierre Mazar. »

Un duel entre deux femmes (Emmanuelle Michelet en Sylvie, et vous en Isabelle) pour une seule maternité, la lutte doit sans doute être sans merci ?

«Ce sera sans merci progressivement. Déjà, une lutte entre deux femmes en général, c’est sans merci, mais là l’enjeu est tel qu’il y a de grands moments sans pitié… »

En ce qui vous concerne (en bleu marine sur la photo), de quelle façon cherchez-vous à en imposer à votre rivale ?

«On est deux personnalités extrêmement différentes, mon personnage est très élégant, elle est pleine d’esprit. Elle cherche avec ses armes qui sont plutôt l’élégance, la féminité, l’esprit, tandis que Sylvie est un petit bout de femme très sympa, elle est très spontanée, un petit peu rentre-dedans. On est deux personnages énormément éloignés et voilà, on se bat chacune avec nos arguments. »

La pièce ne vogue-t-elle que sur la légèreté et l’irrationalité, ou laisse-t-elle entrevoir des messages plus ou moins subliminaux ?

«Evidemment Pierre dit beaucoup de choses dans ses textes, comme sur l’homosexualité, tout ça, mais on ne peut pas dire que ce soit une pièce qui revendique. C’est une histoire qui aurait pu arriver à n’importe qui,  que ce soit à un couple hétéro ou à un couple homo, là c’est un couple homo car Pierre a choisi d’écrire sur ce qui est très proche de lui, de ce qu’il est, mais ça ne revendique rien. On a surtout le plaisir de voir évoluer un couple homo de façon tout à fait normale, comme si c’était un couple hétérosexuel, il n’y a pas de différences. C’est peut-être le message principal de cette pièce. »  

Avec un membre emblématique de la comédie comme Pierre Palmade, se sent-on continuellement aspiré vers le haut ?

« Oui, car Pierre est quelqu’un de très exigeant sur scène et dans la vie, donc effectivement  à ses côtés on apprend beaucoup et on prend beaucoup de plaisir. C’est aussi une vraie contrainte, car vraiment il ne laisse rien passer, mais c’est très agréable d’avoir cette exigence-là en permanence. »

Vous qui intervenez en-dehors des situations burlesques, dans des pièces classiques, et êtes par ailleurs auteur, danseuse, clown, à quoi correspond ce besoin vraisemblablement viscéral de diversifier vos atouts ?

« Il faudrait faire une analyse probablement (rires), mais j’explique que c’est aussi le principe de la comédie, d’avoir plein de cordes à son arc pour pouvoir éventuellement jouer un grand nombre de notes. C’était un peu mon cas, et le principe du théâtre, moi je joue principalement au théâtre, c’est quand même de répéter tous les soirs, à la fois quelque chose de nouveau et un exercice extrêmement répétitif, alors voilà on va chercher à côté plein d’autres choses pour enrichir son jeu, chaque soir. »

Quels seront vos futurs proche et plus éloigné à l’issue du « Fils du Comique » ?

« C’est toujours la grande question chez les intermittents, le plaisir étant de ne pas totalement  toujours savoir. J’ai plusieurs projets dont je ne peux encore pas trop parler, et puis j’ai écrit une pièce que je vais bientôt mettre en route. »

Avez-vous d’irrépressibles envies artistiques à satisfaire ?

« C’est justement cette pièce que j’ai quasiment terminé d’écrire, dans laquelle je me suis attribué un rôle, et je voudrais vraiment l’amener jusqu’au bout. Son titre est trouvé, c’est « Les lapins sont toujours en retard ». J’espère qu’elle sortira avant la fin de l’année, sinon en début d’année prochaine. Elle devrait commencer à Paris, ou alors au festival d’Avignon, c’est un beau début pour les pièces parfois. Ce serait dans ce cas en 2016, à moins que… »

Il y a encore des places à saisir

Il s’agira avec « le Fils du Comique » de la dernière des huit pièces des Théâtrales 2014-2015 de Pascal Legros Productions, avec A Chalon Spectacles en guise d’armature. Tarifs : 55,00 euros, 45,00 ou 35,00 euros. Infos et réservations : 03.85.46.65.89 ; www.achalon.com; www.les-theatrales.com, Office de tourisme du Grand Chalon au 03.85.48.37.97…

 

 

Crédit photos 1-2 : Fabienne Rappeneau                              Michel Poiriault