Chalon sur Saône
L’éducation, une grosse affaire disséquée par Marcel Rufo
Publié le 21 Mars 2015 à 16h39
Il a diablement l’art de la dialectique et de la rhétorique, le pédopsychiatre Marcel Rufo, rompu qu’il est à l’exercice médiatique, tant à la radio qu’à la télé. Deux heures trente durant le spécialiste a sans notes vendredi soir salle Marcel-Sembat à Chalon-sur-Saône devant quelque sept cents entendants, apprivoisé la nébuleuse didactique en s’armant de faconde, d’humour, de commentaires, d’anecdotes, de vécu, en se mettant à la portée de tous, bref en rendant son analyse vivante et digne du plus grand intérêt.
« Le bébé est devenu une majesté, le roi de notre temps »
« Le pari de ce soir, c’est de faire une sorte de voyage sur l’histoire d’une exploration de nos enfances et adolescences », a dit M. Rufo pour camper le décor. Invité à deviser sur le thème « De l’enfant à l’homme, l’éducation en question » par A Chalon Evénements, il aura balayé un large champ d’exploration sans jamais souhaiter donner l’impression d’avoir la science infuse, ni de déconcentrer par indigestion un public à la nette prééminence féminine. « Il est temps vraiment d’être optimiste et de cesser ce pessimisme ambiant. Il faut trouver une capacité chez les enfants pour leur permettre de rebondir et d’avancer. L’imaginaire, c’est plus important que la réalité » Pourfendeur de la maussaderie, Marcel Rufo a évoqué « la linéarité de ce qu’on vit petit quand on devient grand », et quand même regardé la Grande Faucheuse droit dans les yeux : «L’inhibition, c’est la crainte de l’idée de mort chez un enfant. Celui qui a des rituels lutte contre l’idée de la mort. Très jeune, j’ai été envahi par l’idée de mort. J’allais vers elle pour vaincre ma peur. » Bien des phénomènes existent in utero. « Avant de naître on a de la part de nos parents tout un imaginaire qui a à voir avec leur passé. Il y a le socle incroyable que possède le bébé sur le plan organique, sur le plan des rêves, etc. et en même temps il va devoir négocier cela toute sa vie sans savoir tout ça. Les messages sont cependant très, très brouillés. Le bébé va avoir des infos très particulières par sa maman, et la présence de son père. Au 8ème mois de la grossesse on s’aperçoit que le bébé a des tas de compétences. Lorsque l’on étudie le sommeil paradoxal –le support des rêves- on peut se demander si la transmission des caractères ne repose pas sur le sommeil des mères au 8ème mois. C’est un argument central en ce qui concerne la grossesse pour autrui. Le bébé entend la chanson de ton langage, pas tes mots. Quelque part on hallucine notre bébé pour qu’il progresse. Il va finalement investir le monde. Le bébé est devenu une majesté, le roi de notre temps » La gent féminine dispose à l’en croire d’un filon spécifique. « Les femmes ont une certaine capacité à projeter une identification. La petite fille, à cinq ans, rêve de faire infirmière, institutrice, maman. Le petit garçon, lui, aspire à devenir footballeur, pompier, membre du G.I.G.N….mais pas papa. »
Une réserve d’espérance
Autres temps, autres mœurs… »Avant, les parents éduquaient. Maintenant, ils veulent comprendre, mais ils veulent séduire leurs enfants. On est dans un registre actuel très, très particulier. La fille de Freud disait : « On a ce qu’on a mérité ». Pour qu’un enfant dise « oui », il faut lui dire « non ». L’histoire du développement de l’enfant aboutit à un moment très central du roman familial. L’enfant a besoin d’une famille plus huppée que la sienne. » Et de louer l’apprentissage des formateurs. « Les enseignants ont un rôle incroyablement important pour les enfants, ceux-ci vont leur projeter toutes les qualités que leurs parents n’ont pas. » L’adolescence, objet de tous les maux ? « Satanée adolescence. C’est un moment essentiel peuplé de doutes. Il y a 600.000 jeunes qui vont mal. Ca commence tôt avec les préadolescents. Il y a un paradoxe : je veux être unique et semblable aux autres. Je veux me plaire pour plaire, c’est assez insoluble aussi. » Finalement sur une vie, la part consacrée à la proximité avec sa descendance ne fait pas long feu. « C’est avec ses enfants qu’on vit le moins. Il n’y a rien de pire que la « maladie chronique » des frères et sœurs. C’est avec eux que l’on va vivre le plus longtemps. L’amitié, c’est aussi essentiel. Les qualités de quelqu’un que je ne possède pas, ça me construit. Goethe a dit qu’on est adulte quand on a pardonné à ses parents. On projette sur nos enfants toutes nos trajectoires. Tu m’enrichis par ta découverte du monde. C’st la question de la liberté qui se pose. Ce n’est pas quelque chose de très compliqué d’être le supporteur de ses enfants. Quand il va mal, c’est le regard de ses parents qui compte. On est parent même quand on n’est plus là. Vous vivez avec vos enfants des petits moments qui vont être déterminants pour eux sans que vous vous en aperceviez. »
Des colles qui ont perdu leur caractère originel
Au terme de son exposé, l’orateur a échangé avec la salle, et une pluie de questions s’est abattue sur lui. L’interrogation sur les repas de substitution à la cantine a « lancé les hostilités ». « Je suis pour la possibilité de la différence comme un enrichissement, autrement ça radicalise tout. Ca montre bien qu’on est dans une situation un peu complexe», a-t-il argumenté à ce sujet. S’agissant des fessées et des claques : « On doit être contre, mais sans légiférer. Le battu croit qu’être aimé c’est être battu. » Si Marcel Rufo était ministre, il adopterait ce comportement équilibré: «Je mettrais six mois de congé de maternité, suivis de six mois de paternité. » La monoparentalité, la crise d’adolescence (« On n’est pas très bien dans son évolution, c’est extrêmement compliqué de devenir propriétaire de soi »), avoir deux papas ou deux mamans, les étudiantes avec le voile (« Toute interdiction exclut, entraîne une radicalité ; la tolérance est plus intéressante que l’interdiction »), la non-perfection des ascendants (« Il faut être une mère à 12/20, pas trop bonne. Cette histoire d’avoir des défauts n’est pas un défaut pour les parents. Il faut savoir échouer »), pourquoi beaucoup de femmes ont-elles besoin de voir leur mère tous les jours ?, le rôle du portable et d’Internet, etc. nombre de questionneurs avaient à cœur de se délester de leur fardeau en engrangeant un avis des plus autorisés.
Michel Poiriault
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