Saint-Rémy

Le Rotary organise une dictée pour sensibiliser au problème de l’illettrisme

Le Rotary organise une dictée pour sensibiliser au problème de l’illettrisme

Organisée par le club Chalon Saint-Vincent, la première dictée du Rotary s'est déroulée samedi après-midi au Musée de l'école en Chalonnais à Saint-Rémy.

Un lieu hautement symbolique volontairement choisi par les organisateurs. « Une dictée pour sensibiliser les gens au problème de l'illettrisme dans une ancienne salle de classe, qui a vu des dizaines et des dizaines de petits San-Rémois apprendre à lire et à écrire, on ne pouvait pas trouver de meilleur endroit. On a la chance d'avoir un musée unique dans toute la région. Il fallait en profiter » a confié à Info Chalon.com un des responsables de la manifestation.

Une trentaine de personnes s'est donc retrouvée dans la salle Rossignol, une salle de classe typique des années « quarante-cinquante », qui a rappelé à la plupart des participants de plus ou moins bons souvenirs. Et pour cette grande « première » les organisateurs avaient bien fait les choses, en faisant appel à deux « maîtres d'école », qui en leur temps ont porté haut les couleurs du sport chalonnais : André Coupat, triple champion du monde d'aviron en 1975, 1976 et 1977, et Adrien Hardy, champion olympique d'aviron en 2004. Les deux champions ont parfaitement joué leur rôle et ont même dû faire preuve de l'autorité nécessaire pour faire taire certains élèves, qui auraient bien mérité d'aller au coin.

La dictée proposée n'était pas un texte donné à une épreuve de « certif » au siècle dernier et tiré d'un extrait d'un roman d'Hugo ou de Zola mais avait été spécialement écrite pour la circonstance... avec des mots d'aujourd'hui, ce qui a suscité quelques réactions au sein d'une assistance beaucoup plus habituée aux tournures de phrase de l'auteur des « Misérables », ou de celui de « Germinal ».

Malgré tous les efforts de lecture d'André Coupat et d'Adrien Hardy, aucun candidat n'est parvenu à faire « zéro faute », d'autant plus que le texte était particulièrement long et comportait pas mal de pièges. « Cela ne fait rien, on s'est quand même bien amusés » a indiqué une participante, visiblement prête à revenir pour la seconde édition, d'ors et déjà programmée en mars 2016.

Car cette dictée, qui se voulait être un moment convivial et ludique et qui en définitive l'a été, était organisée dans le cadre d'une action nationale du Rotary : le même jour, à la même heure, dans de nombreuses villes de France, dont Autun en ce qui concerne notre département, le même texte (voir ci-dessous) a été proposé à la réflexion de milliers de personnes. En organisant pareil événement, le Rotary souhaitait sensibiliser les Français au problème de l'illettrisme. Il faut en effet savoir que 7% de nos compatriotes sont concernés par ce véritable fléau et que 160 000 enfants quittent chaque année le CP sans maîtriser correctement la lecture et l'écriture.
Chantal Lutz, gouverneur 2012-2013 du district 1750, Eric Sauty, adjoint du gouverneur, représentant François-Régis Brulé, gouverneur 2014-2015 du district 1750, ainsi que Florence Plissonnier, maire de Saint-Rémy, ont honoré de leur présence cette manifestation, qui s'est achevée par une remise de récompenses, en l'occurrence des livres, aux candidats les plus compétents. Occasion pour Mme le maire de dire toute sa satisfaction de voir semblables événements être organisés au Musée de l'école, qui fêtera, comme l'a rappelé Michel Solignat, son vice-président, ses 20 ans le 21 juin prochain.
 

G.H. THEULOT

 

Le texte de la dictée

P R E M I E R S

Ma loquacité habituelle me conduit à vous interpeller.
Qui que vous soyez, autochtones ou forains, je tiens, à titre liminaire, à vous remercier de votre présence à la première dictée nationale, organisée par le Rotary, comme moyen de lutte contre l'illettrisme et à vous exhorter à devenir, pour assurer la promotion, le succès et la pérennité des futures éditions de cette manifestation, nos meilleurs hérauts.
Que vos préférences quotidiennes aillent spontanément vers le langage des geeks ou des twitteurs, voire, dans les jours fastes, jusqu'à utiliser apocopes et syllepses propres à notre langue bien-aimée,
que vous revendiquiez simplement comme bagage le b.a.-ba de l'orthographe,
et même, si vous vous surprenez à écrire " polisse", à l'identique du titre du récent film éponyme de Maïwenn,
peu nous chaut.
Vous auriez certainement préféré, in petto, en ce premier jour de printemps, écouter pieusement le gazouillis des passereaux, profiter, n'y voyez pas malice mesdames, d'un après-midi de lèche-vitrines, assister à la floraison des premières plantes mellifères, ou admirer la majesté d'un liquidambar.
Vous auriez pu tout aussi bien exercer vos talents, un brin athlétiques, d'adeptes du  kitesurf , du kyudo, ou du kayak, ou, sacrifiant à votre hédonisme, lovés dans votre sofa, déguster les arômes complexes d'un Maragogype ou comparer entre amis, dans une longue discussion bachique, les vertus des vins de Xérès ou de Rivesaltes.
Mais, faisant fi de vos réserves et de vos envies, vous êtes venus participer, sous le couvert d'une confrontation ludique et d'une joute autour des mots, à la défense de notre langue française et à la lutte qui nous rassemble aujourd'hui.
Ainsi, vous serez tous, dans nos mémoires, quelles que soient les fautes commises, sacrés, sous les vivats et les hourras, premiers... ex aequo.