Chalon sur Saône

Une personnalité, mais plusieurs identités comme ça chez Antonia de Rendinger !

Une personnalité, mais plusieurs identités comme ça chez Antonia de Rendinger !

Mise en lumière par l’émission de Laurent Ruquier « On n’demande qu’à en rire », Antonia de Rendinger a tutoyé vendredi soir le Théâtre Piccolo pour accentuer le trait des Régalades 2014-2015, zone-refuge du café-théâtre et des bonnes choses qui l’accompagnent. A Chalon-sur-Saône également, on n’demande qu’à en rire. Et c’est ce qui s’est produit sans coup férir. L’effet boule de neige…

Jacqueline professait aux dames l’art et la manière d’avoir une maison irréprochable

« Travail, famille, poterie », c’est une grosse allusion à qui vous savez. Et le spectacle, s’il garde avec Jacqueline, esprit vif et âge avancé, qui partage son existence avec sa mère de 99 ans fortement diminuée, et qui dans les années 50 animait « La maison de Jacqueline, la maison du bonheur », fait partiellement référence à une époque obsolète. « C’était une émission surtout pour apprendre aux femmes à bien tenir leur intérieur. On était au sortir de la guerre, il n’y avait qu’une seule chaîne. Quand je sortais, les gens me reconnaissaient. C’était il y a tellement longtemps… » Autres temps, autres mœurs…Sa petite chienne  est désormais mieux qu’un faire-valoir : « Toi et moi on n’a pas besoin des hommes, puisqu’on a « Les feux de l’amour » ! ». Ainsi va la vie de Jacqueline, entre souvenirs vivaces et réalité pas toujours agréable du fait des aléas engendrés par la vieillesse. « Je mets les dents de maman au lave-vaisselle. Quand elle sourit, on dirait Belmondo », souligne-t-elle très pince-sans rire. Cependant la très efficiente démonstration d’Antonia ne saurait se résumer à ce statut de « has been ».

Des saynètes délirantes à souhait

La comédienne raffole entre autres des mots bricolés, en d’autres termes, de la contrepèterie. Un exemple lorsqu’elle endosse sa panoplie d’écologiste vertueuse. « Je fais un petit virement menstruel à Greenpeace… ». Hypertonique, pétulante, Antonia de Rendinger ne l’envoie jamais dire, avec un langage parfois fleuri, tenant parfois de la charretière. Ses sketchs font diversion, et leur longueur n’est jamais un frein à la franche rigolade. Au contraire même, la chute est amenée sur un plateau au gré du déroulement fouillé. Prenons l’épilation. « Je ne peux pas y aller, ils n’ont jamais vu un truc pareil, même à Chalon-sur-Saône. » Surtout que c’est urgent, le soir elle doit roucouler avec son soupirant «Ca fait trois ans que j’ai pas fait l’amour ». Manque de chance, c’est un homme qui s’y colle. « J’ai dit que j’étais Jane sur Mystique, pas Cheetah ! Vous devriez travailler à Jardiland, vous êtes une vraie débroussailleuse ! J’en connais un, si je passe à la casserole, qui va bouffer de la poule au pot ! » Et cette façon de faire croire à un moment donné, de par une liberté de ton tant tendancieuse que suggestive, à une péripatéticienne, alors qu’à l’ultime instant, chacun de se rendre compte du pot aux roses de la double lecture : elle est foraine, et s’occupe donc d’un manège ! Ouf ! La morale montait au-dessus de la ceinture…Antonia devait par ailleurs personnifier une conférencière un tantinet spéciale, une diseuse de propos relatifs à notre nombril, la cicatrice originelle…Avec là aussi une verve sous le joug d’une inventivité utilisant toutes les ficelles afin de créer un décalage avec la normalité au profit de la seule poilade. Quand l’héroïne de la soirée devient présidente de la république française avec un fort accent ibérique, elle joue cartes sur table : « Oui, c’est bien moi qui ai raccompagné Mathieu Kassovitz la semaine dernière en scooter. » Sa liste des premières mesures prises est idyllique : suppression de l’impôt sur le revenu, la retraite passera à 49 ans, le SMIC sera porté à 3500 euros nets mensuels (c’est un début), la gratuité pour les jeunes filles suédoises au pair, etc. « Les Français savent pour qui ils votent. Ils n’éliraient jamais un imbécile… » a-t-elle lancé à la cantonade en guise de bravade. Accessible à la fin de son intervention, Antonia a glissé malicieusement un conseil à ceux qui n’auraient pas véritablement apprécié sa prestation : »Dire du mal de mon spectacle ne vous rendra pas meilleur… » A bon entendeur…Loin de nous en tout cas cette idée saugrenue…

Le cinquième volet des Régalades fixé à la mi-avril

A Chalon Spectacles (03.85.48.37.97 ; [email protected]) a programmé Artus dans « Al dente » le vendredi 17 avril à 20h, au Théâtre Piccolo. Coût : 22,00 euros. Infos et réservations possibles aussi à l’Office de tourisme du Grand Chalon, 4, place du port Villiers, au 03.85.48.37.97

                                                                                        Michel Poiriault