Chalon sur Saône

C’est une « celtitude », la fée Nolwenn, fille de l’eau, sort du lot

C’est une « celtitude », la fée Nolwenn, fille de l’eau, sort du lot

« Comme c’est bon de vous retrouver, j’ai l’impression que ça fait une éternité qu’on ne s’est pas vu ». Ce cri du cœur émanait de Nolwenn Leroy samedi soir dans une salle Marcel-Sembat où on affichait complet, et son public de Chalon-sur-Saône le lui a bien rendu. La longiligne et gracieuse chanteuse à voix et à texte aura avec douceur emmené ses courtisans dans le domaine des effets surnaturels. Sans chichis. Mais avec la quintessence de l’âme.

Votre serviteur au chômage partiel, persona non grata s’agissant des témoignages photographiques

Vous ne trouverez malheureusement aucun cliché de la Bretonne dans ces colonnes. Car il faut savoir que ses producteurs imposent un seul photographe représentant un média par date (signalons qu’en amont aucune demande d’interview n’a de plus été satisfaite, au moins pour la prestation chalonnaise), et celui-ci n’a pas été d’info-chalon, avec pour consigne  concernant l’heureux élu des photos durant les deux premiers titres, et au fond de la salle ! Pour la petite histoire, la règle générale en concert est de pouvoir immortaliser des images (sans flash) pendant les trois premières chansons. Alors, ostracisme, dédain pour un certain lectorat, Confidentiel -Défense, secret d’Etat ? Ami(e) lecteur(trice), vous n’aurez donc aucune trace de la très photogénique Nolwenn dans sa superbe robe, et c’est bien dommageable…A vous de juger du bien-fondé de la décision arbitraire et du ressentiment qu’elle fait, peut-être, naître chez vous…Esprit de Charlie, deux mois et demi après, où es-tu ? Tu vois bien que la vie est un éternel recommencement…A signaler que le document d’accroche emprunté à Internet, tout en noir, matérialise le deuil d’une forme de respect…

 

Ambiance dédiée à la chaleur humaine et à la proximité

Ceci dit, Nolwenn n’a pas eu à puiser dans des artifices pour qu’on s’intéresse à sa personne. A l’aide de ses cordes vocales envoûtantes aux résonances singulières, alliance de puissance, de gravité ainsi que d’onctuosité, elle aura mis dans sa poche l’ensemble des spectateurs. Quelques drapeaux bretons ou pancartes d’encouragement de-ci de-là, des présents remis, il y avait un climat symbiotique du début jusqu'à la fin. Si la vainqueur de la 2ème saison de Star Academy en 2002 est partie en tournée à plusieurs reprises, c’est la première fois que l’auteur-compositeur-instrumentiste (violon et piano dans la cité de Niépce) avale les routes depuis le début de ce mois de mars au motif de tournée acoustique. Sur scène la trentenaire privilégie le clair-obscur avec une série d’abat-jour, histoire de coller le plus possible à un décor intimiste. Tout est fait afin que l’atmosphère chaleureuse, enveloppante des studios de répétition, la délicatesse, s’emparent du lieu. Comme à la maison en quelque sorte, selon ses dires. Et l’osmose avec ses trois musiciens n’est pas pour déplaire aux spectateurs, aux anges.

 

Le public n’a pas fait que boire ses paroles, il a également répliqué d’une manière active

La mer, les marins, l’influence celtique imprègnent vigoureusement le climat ambiant, avec des jeux de lumière accroissant le côté poignant. La pop, le folk, se taillent la part du lion, dans des chansons interprétées en français, anglais, gaélique, souvent sur un fond tapissé de mélancolie. Son show pompe dans le vivier de ses albums (cinq ont été réalisés en studio, deux en live, le prochain en studio est prévu pour la fin de cette année). Tout le monde de communier en écoutant religieusement les nombreuses révélations saillantes de la grand-messe, en fonction de la tonalité du moment. « La chanson  de la mer », « Mélusine », une berceuse de Jonatha Brook, « Mon ange », « Endormie », « Brest », « Tri Martolod », « Juste pour me souvenir », « Amis des jours de pluie », « Je ne serai jamais ta parisienne », « Davy Jones », « I see fire », «Lost again », « You get me », etc. jusqu’à la reprise d’une chanson des Stones, le spectre des émotions était suffisamment large pour que chacun quitte le plancher des vaches et lévite au gré des envolées lyriques…On a martyrisé ses mains dans les travées, frappé le sol du pied, claqué des doigts, siffloté, chanté…Lors d’une gigue l’ondine est même descendue dans la foule pour être au plus près de ses admirateurs(trices), administrant au passage de la substantifique moelle de ses terres de légende qu’elle sait si bien magnifier.

                                                                                              Michel Poiriault