Chalon sur Saône
L’un des coréalisateurs du film « Gens de Gaza » projeté demain à Chalon s’épanche sur son vécu
Publié le 29 Mars 2015 à 16h47
S’il a tenu à conserver l’anonymat, c’est pour pouvoir s’exprimer plus librement et ne pas farder la vérité, qu’il livre toute crue plus bas. Puis le lundi 30 mars à 20h au Clos Bourguignon de Chalon-sur-Saône, place au film, lequel sera suivi d’un débat. Ca ne devrait pas manquer d’intérêt.
Pouvez-vous nous présenter le Collectif ?
« C’est un groupement informel plutôt français et il y a maintenant une association qui est basée à Paris et porte un peu le projet, mais ce n’est pas vraiment significatif. Une trentaine de personnes ont participé activement au film. Il est à peu près achevé en huit langues complètes (le français, l’anglais, l’arabe, l’allemand, le néerlandais, l’italien, l’espagnol, bientôt le portugais et l’hébreu). Sur le site gensdegaza.info on peut voir la bande-annonce, le contexte, et des extraits pour l’instant dans sept langues, dont le turc d’ailleurs. Des intervenants habitent en province, le traducteur d’allemand habite l’Allemagne, etc. Il y aura dix langues en tout déjà au départ. Le thème de départ, l’enjeu, le but, c’est mettre en valeur et diffuser la parole et l’histoire des gens ordinaires. On a fait avant des films moins ambitieux sur des thèmes identiques, c’étaient des petits films sur les sans-papiers, la Palestine…sur des actions de résistance locale, mais ces films étaient moins conséquents que celui-ci. Vu les conditions, vu comme ça s’est fait, et puis après vu la dynamique qu’il y a eu autour, on a bossé énormément dessus, c’est sûr. »
Quel a été le cheminement de ce film ?
« En 2013 on est sortis de Gaza, la vraie sortie a été 2014. Il a été projeté entre autres à Paris dans le cadre de la Semaine anti-coloniale et anti-raciste, et il y a eu une dizaine de projections, dont deux en Australie, car le coréalisateur gazaoui habite actuellement là-bas. »
Avez-vous eu des obstacles avant, pendant, et après le tournage ?
« Pour la production proprement dite. C’est pour distribuer le film, dans la mesure où il est complètement hors des réseaux commerciaux. Vu sa nature il est très dur à faire circuler, vu la déshérence actuelle résultant de l’état dépressif en France, les organisations militantes sont moins entourées de gens qui sont prêts à agir, parce que chacun est tourné vers ses propres préoccupations. Etant donné aussi que les médias alternatifs sont très en-dehors du système commercial standard, c’est très difficile de propulser une dynamique, ça avance, mais laborieusement. »
Dans quel état d’esprit sont les Gazaouis ?
«A l’époque c’était presque un moment un peu « faste » dans le blocus de Gaza, dans la mesure où c’était cinq semaines après l’agression de novembre 2012, où les Gazaouis considéraient qu’ils avaient remporté une victoire, ne serait-ce que déjà sur eux-mêmes. Parce que pendant l’agression, les différentes factions d’obédience du Hamas ou du Fatah, ou d’autres, ont réussi à se coordonner pour lutter ensemble contre l’agresseur. A ce moment dès qu’il y a eu l’agression, c’était Morsi des Frères musulmans qui était au Caire. Il a doublé le terminal de Rafah pour permettre à la population de Gaza d’éviter les bombardements, et les Gazaouis étaient fiers de dire que pas un seul Gazaoui n’était sorti de Gaza pendant les bombardements. Au contraire même, des gens du côté Egypte sont venus pour apporter leur soutien, le tunnel fonctionnait alors à flots je dirais, et donc l’économie était possible. Ce qui maintenant a complètement changé, et les tunnels ont été à peu près tous détruits. L’Egypte participe à présent au blocus complet mis en place sous la pression d’Israël et des Etats-Unis, et on voit ce qui se passe actuellement dans le sud de la bande de Gaza, à Rafah, où ils sont en train de créer un couloir en excluant complètement la ville de Rafah sur 6 km de large et 13 de long. Depuis l’agression de l’été dernier, c’est beaucoup plus difficile pour eux de reconstruire, il y a eu des problèmes énormes de logement pour tous ceux qui avaient perdu leur maison. Il y a eu une augmentation constatée depuis la dernière agression du nombre de cancers notamment auprès des enfants, l’eau est de plus en plus polluée et imbuvable. La situation est actuellement terrible. »
S’agit-il d’un documentaire à charge, plus ou moins partisan, ou alors mû par une impartialité objective ?
« Si on considère qu’agir et s’exprimer pour les droits humains c’est partisan, alors c’est partisan. Mais moi je ne trouve pas que ce soit partisan d’agir et de témoigner pour les droits humains. C’est un documentaire engagé dans la lutte pour les droits humains si on veut. Après, il est évident que les Gazaouis qui parlent, ils parlent par rapport à un agresseur qui est plus d’ailleurs des soldats ou des drones pilotés à distance depuis le Néguev, que la population globale des Juifs d’Israël. C’est un documentaire à charge, oui, par rapport aux atteintes aux droits de l’homme. Je ne considère pas que le film soit partisan de la cause palestinienne, la serve. Il est partisan de l’exigence bien exprimée dans le film par les Gazaouis, du fait que la lutte pour les droits humains est déjà une des premières bases sur laquelle toute personne, ou toute population peut s’appuyer pour faire face aux contraintes. »
Comment qualifier leurs conditions de vie ?
« C’est inimaginable, leur vie est en adéquation avec leur capacité de résistance depuis x années qu’on a du mal à imaginer, dans la mesure où c’est vraiment une guerre totale qui se fait sur tous les plans : militaire, des contraintes physiques, du blocus, culturel. Israël a détruit tous les cinémas, tous les lieux de rencontres publics des Gazaouis, dans une situation où à tout moment les drones et les ballons d’observation sont toujours dans le ciel depuis le Néguev…Un jeune soldat ou une jeune soldate sur son clavier peut faire le choix, ou on peut l’inviter, de tuer untel ou untel dans la rue à Gaza qui est en train de se balader. »
Quelles catégories de la population souffrent le plus ?
« La majorité, c’est-à-dire ceux pour qui la préoccupation de base c’est tous les matins comment nourrir leur famille. Il y a 70% de réfugiés, en général ce sont des gens qui ont tout perdu, et il y a une misère énorme, justement parce qu’il n’y a pas de travail, pas de ressources, de toute façon toute initiative, toute entreprise qui est lancée, dès qu’elle commence un petit peu à fleurir, elle est à peu près systématiquement bombardée par Israël. Donc ils ne peuvent pas espérer reconstruire, consolider sur le moyen terme, sauf résister. »
De quelle manière les habitants font-ils face aux pénuries ?
« La solidarité marche beaucoup entre eux, même s’il ne faut pas rêver, c’est un lieu où la justice sociale est forte, pas forcément la classe dirigeante qui fait tout ce qu’elle peut. Une guerre ça attire aussi plein de gens troubles autour, maintenant il y a même des djihadistes qui envahissent Gaza comme la Cisjordanie alors qu’ils ne sont absolument pas accueillis au départ, mais l’argent de la guerre s’accompagne un peu de tous les trafics. Donc il y a des profiteurs, des gens qui collaborent avec Israël, etc. mais la majorité des gens, je ne me souviens plus du pourcentage, du taux de pauvreté, mais il est gigantesque. La majorité des Gazaouis vivent, quand l’argent arrive, par des soutiens extérieurs comme la diaspora ou d’autres structures, mais ils vivent dans la débrouille et la solidarité entre familles. »
Quels messages veulent-ils envoyer au Monde entier ?
« Ce qu’ils disent, dans le film c’est assez clair. C’est, par exemple une femme née en 48, l’année de la création de l’Etat d’Israël, qui dit : « On ne demande pas que les gens prennent parti contre nous, contre les autres. On demande que vous voyiez la réalité telle qu’elle est, et que vous rendiez justice pour les droits à l’humain de base ». Pouvoir vivre décemment et paisiblement avec leur famille, et par contre, ce qui est important aussi pour eux, c’est de maintenir cette exigence qui est inscrite dans les résolutions de l’O.N.U. par rapport aux réfugiés, qui est le droit au retour. »
Pour votre par, êtes-vous optimiste quant à l’amélioration de leurs conditions de vie ?
«Actuellement je suis très pessimiste vis-à-vis de toute la situation du Moyen-orient, et d’autant plus des Palestiniens qui sont pris en étau entre les forces occidentales, américaines ou européennes, Israël et les Etats arabes, qui ne veulent pas entendre parler d’une population qui essaie de s’affranchir de son joug. Ces forces et Etats sont dirigés soit par des dictateurs, soit, et c’est un peu la même chose, par des gens qui sont complices de la politique d’Israël et des Etats-Unis aux dépens des populations »
Michel Poiriault
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