Combien faudra-t-il subir de déroutes et de désaffection des urnes pour faire du neuf à gauche ?

Les élections départementales ont confirmé les tendances : 1 Français sur 2 ne vote pas, le Parti Socialiste recule, les divers gauche et les écologistes sont au point mort, le Front National est le premier parti de France en voix, l’UMP à l’UDI tirent les marrons du feu en sièges en ne représentant qu’un Français sur 10 !...

La politique gouvernementale est désavouée. Sans coup férir, il est annoncé que le cap sera maintenu, comme si aucune autre politique n’était possible! Le sens et les raisons entêtées de cette politique sont connus.

Pour présenter sa loi, le ministre Macron a ainsi résumé : «  les jeunes doivent rêver d’être milliardaires ». Lors du quinquennat précédent Sarkozy avait avoué «  une vie réussie, c’est une Rolex à cinquante ans ». L’argent comme seul référence pour l’émancipation humaine est une considération arrogante et sans envergure à ce niveau de responsabilité.

Les Français ne veulent pas d’une politique d’extrême droite d’inspiration raciste, autoritaire et antisociale. Le Front National est dangereux parce qu’il détourne le désespoir en proposant la haine,  le repli sur soi, les fausses solutions. La France est intelligente, solidaire et historiquement exemplaire pour de nombreux peuples. De ce point de vue, le FN est clairement un parti anti-France qui trompent les Français.

Les Français ne veulent pas plus de Sarkozy aujourd’hui qu’en 2012. Ils rejettent son programme libéral qui accumule les moins : moins d’éducation,  moins de santé, moins de droits, moins de retraite, moins de services publics, moins de pouvoir d’achat. Ils savent que ses meilleurs amis sont les rentiers, les financiers et les grands patrons du CAC 40 qui se gavent jusqu’à l’écoeurement. Les Sarko-addicts ont perdu de vue les valeurs égalitaires et fraternelles de la République. L’UMP et l’UDI sont les partis du moins disant républicain.

Les Français ne sont pas plus enthousiasmés par le registre et l’agenda réformistes de Hollande et Valls. A gauche, le temps est venu de regarder les choses en face, d’en finir avec les recettes qui ne font qu’accommoder une très mauvaise cuisine socio-libérale.

Les bases d’une alternative politique durable et solide sont connues. Face aux repères perdus, les questions d’organisation de la société, de satisfaction collective des besoins, de mieux  vivre ensemble, d’éducation, de créativité, de libération des désirs, de progrès humains sont posées.

Pour y répondre, l’égalité des chances, l’intérêt général, le partage des savoirs et des richesses, le respect de la planète et des populations qui l’habitent sont des choix incontournables.

A la loi implacable de la finance et de l’individualisme, il faut opposer la relance par la coopération et le bien commun. A la loi du rendement à court terme, il faut opposer l’activité économique tournée vers la satisfaction des besoins. A l’abandon des politiques éducatives, culturelles et de recherche, il faut opposer le progrès par la connaissance et l’intelligence collective. A la gouvernance managériale, élitiste et verticale, il faut opposer l’esprit critique et la démocratie.

L’élan populaire et l’impulsion doivent être à la mesure des enjeux. L’humilité et la volonté d’agir ensemble doivent être l’état d’esprit de toute alternative. Aucune organisation politique, aucune famille de pensée progressiste n’aura raison, à elle seule, contre les autres. Un cadre inédit doit être construit à partir du rassemblement de toutes les sensibilités ouvertes au progrès humain et aux dynamiques citoyennes.

Lucien Matron