Opinion de gauche

Encore un cigare Monsieur Valls ?

Ah qu’il était fiérot Valls, le 22 mars au soir, des résultats du premier tour des départementales : « Les formations républicaines ont tenu leur place (…), le FN n’est pas la première force ce soir. (…) Quand on mobilise les Français ça marche ! » Juste après, il s’allumait même un cigare.

Quelle réussite en effet ! Au premier tour, comme au second, l’abstention a atteint 50 %.  Le PS a subi une nouvelle déroute. La gauche a perdu 30 départements. Le FN est à 25 %, conforte partout son implantation, dépassant les 30 voire les 35 % dans plus d’une vingtaine de départements. Il n’en n'a certes gagné aucun mais les digues sautent, les grandes gueules racistes se décomplexent, le FN s’affiche tranquillement sur les marchés et devant les entreprises.

Une chose est sûre : le système politique risque de « turbuler » de plus en plus, à mesure que ce nouveau tripartisme électoral déborde les cadres du bipartisme que la 5ème République devait imposer pour toujours.

 

         Plus Hollande et Valls se réfugient dans la magie du verbe, plus la réalité apparait cruelle : la baudruche de « l’union nationale » de l’après Charlie s’est déjà dégonflée. Le duo socialiste ne va pourtant rien changer. Alors, pour préserver l'espoir de garder quelques régions en décembre prochain, voire de gagner la présidentielle, ils s’accrochent aux vieilles recettes des pouvoirs socialistes aux abois : entretenir la peur du FN et le chantage à l’union. Qui passe aussi par un travail de désagrégation de la concurrence. Ainsi le secrétaire national du PS aux élections, Christophe Borgel, se frottait presque les mains dans une conférence de presse : « Il n’y pas d’alternative, pas de ‘’Syriza à la française’’ qui peut naître. On va donc pouvoir parler de rassemblement dans des conditions plus sereines… »

Il est vrai que personne ne flambe électoralement à la gauche du PS. Vrai aussi qu’une grande partie de la « gauche de la gauche» ne sait vraiment plus où elle habite. Montebourg « refait sa vie » comme vice-président… du groupe Habitat. Les frondeurs s’opposent loyalement. Le Front de gauche est écartelé entre volonté de durcir le ton contre le PS et angoisse de couper les liens électoraux qui garantissent les fauteuils municipaux, départementaux, régionaux…  EE-LV est au bord de la scission. Comment les classes populaires, dont la colère mais aussi le désarroi sont profonds, pourraient-elles prendre au sérieux de tels « opposants » ? 

 

A l’issue de ces élections, on voit déjà se dresser le théâtre de guignol des deux ans à venir, jusqu’à la présidentielle. FN et droite « républicaine » vont rivaliser d’imagination. Qu’inventeront-ils encore en matière de discriminations et de mesquineries vexatoires, après l’interdiction des paraboles aux balcons (le FN à Béziers) et le porc obligatoire à la cantine (l’UMP à Chalon)?

 

Or, cette France du printemps 2015 sur laquelle souffle la haine des pauvres et des étrangers, Valls et Hollande ne la combattent pas. Ils en sont largement responsables par leur politique. On ne change pas une politique qui perd, c’est la leçon tirée par les duettistes de l'exécutif au lendemain de la claque des élections départementales.

Avec le Medef, ils veulent "libérer l’emploi..." ou plutôt casser le contrat de travail . Sarkozy en a rêvé, la "gauche gouvernementale" le réalise. Dire que les ténors du PS se demandent où est passé l'électorat de "gôôche" !  Quelle farce ! Quelle démission ! Quel reniement !

 

Valls ou Hollande ne sont en rien un rempart contre le FN. C’est en se mobilisant pour faire échec à leurs attaques, en regagnant le terrain des luttes, que nous pourrons sortir du climat de démoralisation et nous donner les moyens d’en finir avec les politiques d’austérité. Ils brandissent l'étendard de la laïcité, des valeurs de la République pour masquer le terrible échec de leur politique d'exclusion. Ils nous divisent, laissent le champ libre aux idées réactionnaires. Ils sont impardonnables !

 

 

 

Jean-guy Trintignac NPA 71