Chalon sur Saône

« Le fils du comique » avec Pierre Palmade, presque du rire aux larmes…

« Le fils du comique » avec Pierre Palmade, presque du rire aux larmes…

Mises sur orbite le 2 novembre dernier avec Josiane Balasko, atteignant leur régime de croisière grâce en particulier aux têtes d’affiche que sont Amanda Lear, Michel Leeb, Chevallier-Laspalès, Elie Semoun-Laurent Gamelon, Michèle Bernier-Frédéric Diefenthal, Mathilde Seigner-François Berléand, les Théâtrales 2014-2015 de Pascal Legros productions avec dans leur sillage A Chalon Spectacles, ont pris fin en entrant dans la postérité artistique locale ce vendredi soir salle Sembat avec Pierre Palmade and co. Une épopée en forme d’incontestable réussite qui prendra place dans les annales, laquelle ne restera pas sans d’autres lendemains…

Un pan de la vie sociétale passé en revue

En 2008 Pierre Palmade avait donné naissance à la pièce « Le comique ». Cinq ans plus tard celle-ci a fait un petit : « Le fils du comique ». Les chalonnais ont donc revu Pierre Mazar aux prises avec un écheveau inextricable qui, sous couvert d’amusement, n’en a pas moins abordé quantité de sujets de société propres à chambouler. L’homosexualité, l’homophobie, l’hétérosexualité, la gestation pour autrui, l’ambiguïté des sentiments (l’amitié, la jalousie destructrice…), la beauté extérieure affrontant celle de l’intérieur, l’opportunisme de mauvais aloi…le méli-mélo du malstrom aura accouché de grosses crises de rire, ainsi que d’une évidente tendance à l’introspection. Ou comment interpeller de manière peu ou prou sibylline les consciences en mode détente.

Coincé entre une amitié solide et une comédienne sans scrupules

Pierre Mazar éprouve un irrépressible besoin viscéral : avoir un fils. Là où le bât blesse, c’est qu’il est homo, partageant son existence avec Benjamin depuis 8 ans, conjoint qu’il envoie souvent paître, ce dernier ayant une préférence pour l’adoption. La quadrature du cercle. Sylvie, sa meilleure amie (inspecteur de police dans le civil) avec qui il file les rapports les plus cordiaux depuis cinq ans, est la personne la plus appropriée pour assurer la descendance masculine. Il le lui a dit. Mais ne voilà-t-il pas qu’une concurrente, Isabelle, va semer le trouble dans l’esprit du père virtuel : celui-ci accorde sa bénédiction à une actrice qui va jouer dans sa prochaine pièce, et se déclare prête à tout, mœurs légères obligent, afin que son mentor soit comblé par une paternité… »Je veux en faire un avec une vraie femme. Je veux vivre la complicité père-fils. Je n’ai pas le droit de priver le Monde d’un petit Pïerre Mazar, vif, intelligent, élégant…Je vous trouve belle, génétiquement très intéressante, mais vous avez conscience que je suis homo ? », lui glisse-t-il. Les superlatifs vont pleuvoir. « J’ai l’instinct que c’est elle la mère de mon fils. L’animal qui est en moi sent que c’est la bonne femelle pour se reproduire. Le flash, je viens de l’avoir avec cette femme, comme une télépathie transparentale. » Or, c’est faire fi de la promesse à Sylvie, toujours motivée pour le geste salvateur. « Je sens qu’il y a plein de choses qui vont changer dans ma vie, et je voudrais qu’on reparle de l’enfant. J’y pense tout le temps, on en a tous les deux besoin. Ce matin je me suis réveillée, ça a été comme une illumination. » Ouille ! Pierre Mazar va alors lui avouer son virage à 180°, et son envie d’enfant avec une autre. Coup de tonnerre et cruelle déception pour la recalée. « C’est dégueulasse. Et moi ? » On est les meilleurs amis du monde, et ça ne changera pas », lui rétorquera son pote.

Un imbroglio pas possible

Se reprenant, Sylvie s’avère bonne joueuse. « J’accepte, à une condition : un dîner tous les trois, et tu décides après avec qui tu fais ton enfant. Je veux m’avouer vaincue, mais seulement après un combat. J’ai besoin de savoir à qui je donne mon rêve. » Le repas a lieu, avec également Benjamin, lequel se charge de compter les points en étant un arbitre plutôt partial, penchant du côté de Sylvie. Au début les rapports sont distants, froids. Chacune exprime ses motivations, entre profondeur et superficialité. Puis ça part en vrille, on se lâche en oubliant les règles élémentaires de courtoisie. C’est du chacun pour soi. La situation devient incontrôlable, les postures s’accélèrent. Tout se précipite, Mazar envisage de faire un enfant à chacune des prétendantes, puis c’est l’ex-compagnon de l’actrice Isabelle, qui taille par ailleurs des croupières au Figaro par articles interposés au paternel en puissance, auteur reconnu, et vient semer la pagaille en affichant son souhait d’enfant avec Isabelle, laquelle est partante, reprend la vie commune tout en ne renonçant pas au rôle dans la pièce, gagnante donc sur tous les tableaux. Ensuite Benjamin et Sylvie se mettent d’accord pour un bébé en commun, renvoyant Pierre Mazar à ses chères études…Info, intox ?

                                                                                       Michel Poiriault