Bourgogne
« Ce qui doit disparaître ? Que les différences entre les sexes soit une hiérarchie entre les sexes, au profit des hommes »
Publié le 15 Avril 2015 à 07h31
Dans le cadre du cycle « Femmes Reg’Arts », qui se déroule du 7 au 26 avril, Françoise Fortunet, Professeur d’histoire du droit et ex-doyenne de la faculté de droit et de science politique de Dijon, est intervenue lundi dernier. Sa communication sur la place des femmes vis-à-vis de l’enseignement de la culture et des arts suivait la projection d’un film en partie consacré à la vie de Lota Soares, une architecte brésilienne, qui fut la compagne de la poétesse Elizabeth Bishop [1].
Pour Françoise Fortunet, comme pour Christophe Sengel [2], la projection à l’Axel de Reaching for the moon, film en partie consacré à une femme architecte demeurée célèbre pour le parc Flamengo dont elle a doté Rio de Janeiro – la brésilienne Lota Soares -, était l’occasion d’interroger les rapports entre les femmes, la culture et les arts. Ce à quoi s’est volontiers attachée Françoise Fortunet [3]. En retraçant l’histoire des lentes conquêtes de ces domaines par cette moitié de l’humanité que constituent les femmes. En rendant un hommage appuyé à celui qui fut l’un des Présidents du Conseil de la IIIème République, de 1914 à 1915 : René Viviani. Tout ceci avant de donner quelques conseils aux jeunes filles pour qu’elles occupent pleinement leur place, dans quelque domaine que ce soit.
La culture accessible aux femmes : pendant longtemps, un outil pour en faire de parfaites maîtresses de maison
Contrairement à ce que l’on pourrait croire de prime abord, il était relativement admis, avant que n’évolue la situation des femmes au cours du XXème siècle, que celles-ci puissent consacrer un peu de temps à la culture. Il existait même un enseignement secondaire spécifique aux femmes, faisant une large place à l’économie domestique mais aussi à l’enseignement artistique, que lesdites femmes pouvaient suivre.
Il ne faudrait toutefois pas prendre des vessies pour des lanternes. En effet, l’objectif de cet enseignement était d’en faire de parfaites « maîtresses de maison », sachant tenir un salon et égayer les soirées de leurs hôtes, ainsi que celles de leurs maris. Il n’était absolument pas d’encourager la création artistique des femmes, en vue d’une reconnaissance individuelle de leurs talents. D’ailleurs, les femmes n’avaient pas accès aux écoles de dessin en qualité d’élèves. Elles pouvaient juste être modèles. Dans le même ordre d’idées, elles ne pouvaient pas non plus s’inscrire à l’Ecole nationale des Beaux-Arts…
La fin du XIXème siècle, le début d’une ère nouvelle pour les femmes
Si, pour faire court, rien ne bouge véritablement pour les femmes durant tout le XIXème, un débat naît toutefois à la fin de ce siècle-là, auquel participe le Ministre de l’Education de l’époque : un certain Charles Dupuy [4], dont le moins que l’on puisse dire est qu’il n’a guère laissé de traces dans les annales…
Pour faire évoluer la place des femmes dans la société, mais sans pour autant emprunter la route conduisant à la mixité, Charles Dupuy propose la création d’écoles spécifiques pour les femmes : une école des Beaux-Arts pour les filles ; des écoles de formations des… maîtresses, pour les futures institutrices. Pourtant, et bien que ces propositions demeurent pour le moins modérées, elles feront assez vite long feu.
Un défenseur encore trop méconnu de la cause des femmes : René Viviani
Dans le sillage d’un colloque consacré aux questions « féministes », à l’issue duquel une résolution finale est adoptée, qui propose que soit introduit dans notre droit l’égalité des droits civils et politiques entre les hommes et les femmes, un homme politique français a joué un rôle éminent pour faire avancer la cause des femmes. Cet homme, c’est René Viviani [5]. Certes, il ne parviendra pas d’un coup de baguette magique à instaurer l’égalité demandée par la résolution précitée. Néanmoins, il fera adopter des lois importantes, dont celle de 1907, permettant aux femmes de conserver leurs salaires et leur épargne quand elles en ont. Ce qu’elles ne pouvaient faire jusqu’alors et les rendait totalement dépendantes de leurs conjoints.
Les femmes et l’architecture : une conquête encore inachevée
Admises en 1903 à concourir au Prix de Rome [6], les femmes font leur apparition dans un certain nombre de domaines culturels, dont l’architecture. On commence progressivement à compter des femmes architectes. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, est même créé un centre international des femmes architectes.
Toutefois, si elles sont aujourd’hui de plus en plus nombreuses, leur effectif est sans commune mesure avec celui des hommes architectes. Par ailleurs, parmi les plus grands noms d’architectes français, on compte moins de 10 % de femmes, un pourcentage curieusement similaire à celui du nombre de femmes présidentes de conseils départementaux… Si tel est le cas, ce n’est évidemment pas parce qu’elles ne valent pas leurs homologues masculins. C’est juste qu’il ne suffit pas qu’une femme fasse tout ce qu’il faut comme études pour devenir architecte pour que tout se passe bien pour elle. De même, ce n’est pas parce qu’une femme occupe l’une des toutes premières places et s’avère reconnue par ses confrères que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. D’où les tentatives que l’on voit fleurir ici et là pour faire avancer des revendications féministes dans le secteur de l’architecture.
Dans tous les cas, il aura fallu plus d’un siècle pour que les femmes investissent le domaine éminemment culturel de l’architecture. Et leur combat, pour y rester et y progresser, est encore loin d’être terminé. S’il s’achève un jour…
Quelques conseils à destination des jeunes filles d’aujourd’hui
En observant l’histoire des rapports entre les femmes et la culture, Françoise Fortunet avait-elle prémédité de livrer quelques conclusions bien senties ? Toujours est-il que lorsque l’une des personnes de l’assistance l’a interrogée sur ce qu’il conviendrait de conseiller aux jeunes filles d’aujourd’hui pour occuper pleinement leur place dans notre société, la réponse n’a pas tardé : les jeunes filles devraient avant tout faire des études ; elles feraient également bien de s’orienter vers des métiers réputés masculins ou « virils » ; elles devraient toujours garder à l’esprit que rendre compatible sa vie professionnelle avec sa privée et familiale demande aussi un effort de la part de leur conjoint.
Sans cela en effet, on n’en finira jamais avec « ce qui doit disparaître : le fait que les différences entre les sexes soit une hiérarchie des sexes, au profit des hommes ».
Adèle PANTRE



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