Cinéma
CINEMA A CHALON - Pourquoi Jamel Debbouze n’a pas mangé son père
Publié le 19 Avril 2015 à 16h04
Sorti en salle mercredi 8 avril, le film-évènement de Jamel Debbouze, « Pourquoi j’ai pas mangé mon père », a déjà fait couler beaucoup d’encre. Et les avis sont des plus partagés. Info-chalon vous livre son sentiment.
A la base de ce film d’animation, il y a un roman datant de 1960 : The evolution man [1], de Roy Lewis, journalise et sociologue anglais. Ce livre sera titré lors de sa traduction en français : Pourquoi j’ai mangé mon père. Il raconte l’histoire d’une famille préhistorique récemment descendue des arbres pour faire ses premiers pas sur la terre ferme et qui, au fil du temps, découvre, puis apprend à maîtriser le feu, devient carnivore, invente les premiers outils (silex, arc…), tente la domestication animale, commence à dessiner dans les grottes,… progressant du paléolithique au néolithique. Avec de nombreux anachronismes dans un décor préhistorique où l’Homme évolue à « Vitesse grand V », c’est un débat politique – entre progressistes et conservateurs – et sur la société moderne que lance l’auteur à travers son roman.
Si Jamel Debbouze utilise le même décor dans son adaptation cinématographique Pourquoi j’ai pas mangé mon père [2], réalisé en performance-capture [3] et en 3D, c’est un message tout personnel, et qui caractérise bien ce self-made man débordant d’énergie et de bonne humeur, qu’il nous livre dans cette œuvre dont l’aboutissement a nécessité sept années. Cette histoire, c’est un peu son histoire. Il en tient d’ailleurs le rôle principal : celui d’Edouard. « Un petit personnage qui grandit en périphérie, refuse la violence, fait accepter sa différence, se marie hors de sa communauté et finit par s’imposer » (Guillemette Odicino – Télérama).
Edouard est un Simien, fils du roi de sa tribu, dont les compères ont estimé dès sa naissance qu’il n’avait pas sa place parmi eux, car trop chétif. Mais la suite nous montrera que la force d’Edouard est ailleurs. Il a en lui une telle pulsion de vie que, quelle que soit la situation dans laquelle il se retrouve, il s’en sort toujours. Et il finira par donner un souffle d’espoir à son peuple pour le guider vers « la véritable humanité… celle où on ne mange pas son père ».
Parsemant son premier long métrage en tant que réalisateur de cet humour qui lui est propre et de références à notre société contemporaine, Jamel Debbouze invite le spectateur à prendre le chemin de la vie et de l’espoir : ne jamais s’arrêter à ce que l’on connaît, se risquer à aller en terre inconnue, toujours aller de l’avant face aux difficultés, refuser les conventions, ne pas se laisser dicter ce que l’on doit faire, se prendre en main et ne pas se mettre de limite : « Get up et fais ton truc ».
Cette version accélérée de l’évolution est beaucoup plus drôle et plaisante à regarder que L’Odyssée de l’espèce [4]. Et elle permet même aux fans de Louis De Funès de le retrouver à l’écran, à travers le personnage de Vladimir, grâce à l’utilisation du système de performance-capture et à un logiciel spécialement développé « afin de récupérer dans les archives le plus de phonèmes possibles pour recréer sa voix » (Jamel Debbouze). Egalement à l’écran : Mélissa Theuriau, épouse de Jamel, et Arié Elmaleh.
Pourquoi j’ai pas mangé mon père est un excellent moment d’animation rempli de clins d’œil et de métaphores qu’Info-chalon ne peut que vous conseiller. Maintenant, c’est à vous de voir…
M.B.
[1] Roy Lewis, Pourquoi j’ai mange mon père, Pocket (1960) 2012, 192 pages.
[2]2015 – Durée : 1h35
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19552353&cfilm=57732.html
[3] Cette technique permet de reproduire les mouvements du corps et les expressions du visage grâce à une multitude de capteurs dont sont équipés les acteurs. C’est ce système de prises de vue qu’a utilisé par James Cameron pour Avatar. Pourquoi j’ai pas mangé mon père est le premier film tourné en Europe utilisant intégralement la performance-capture. Pour ce faire, le local de tournage de mille mètres carrés de Stains, en Seine-Saint-Denis, a été « équipé de soixante-dix caméras disposées sur 360°, de quarante ordinateurs et d’un disque dur monumental et quasi organique » (Jamel Debbouze).
[4] Documentaire historique réalisé par Jacques Malaterre racontant l’évolution humaine – 2002, Durée : 1h29.
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