Chalon sur Saône

Black M électrise avec son rap énergisant un public sous haute tension

Black M électrise avec son rap énergisant un public sous haute tension

Ambiance surchauffée jeudi soir au Parc des expos de Chalon-sur-Saône, où le rappeur Black M et ses compagnons d’armes ont devant, et avec près de trois mille personnes, mené un train d’enfer et utilisé nombre de ficelles pour que jamais la pression magistralement exercée ne retombe d’un iota. Que la fête était belle pour les aficionados vaccinés à un genre musical qui coule abondamment dans leurs veines !

Un rap au tempérament de feu

Tout avait été calculé afin que la montée en puissance soit progressive. En première partie les danseurs du TN Crew, les chanteurs Dadju (de la formation « The Shin Sekai »), Lynda et Biwaï, des forces vives regroupées sous le label Wati B, ont fait beaucoup mieux qu’un round d’observation en chauffant un public démarrant au quart de tour. Ne restait plus ensuite à Black M qu’à recueillir les fruits amenés à maturité par ses complices, qu’il a retrouvés par intermittence pour conférer davantage de lustre à l’ordonnancement de son spectacle. Deux fans invités à danser sur scène, leurs congénères conviés à faire régulièrement un maximum de bruit dans la salle, concours d’applaudimètre, bataille de pistolets à eau des artistes entre eux, pantomime des danseurs, clin d’œil à Michael Jackson, exhortations aux démonstrations d’enthousiasme, on aura du coup énormément sauté sur place, levé les bras, repris les textes des chansons, se sera tortillé, manière d’être à l’unisson des meneurs de foule en devenant de ce fait un acteur très actif. Si la carrière solo de Black M n’a qu’un an derrière elle, un seul album -au succès fulgurant concrétisé par un disque de diamant- la contemple : « Les yeux plus gros que le Monde », tombé dans le domaine public fin mars 2014, réédité à la mi-novembre. C’est donc à un piochage en bonne et due forme de ces deux viatiques, que les chalonnais ont eu à se mettre sous le tympan de la part du maître de cérémonie. « Sur ma route », « Je garde le sourire », « Foutue mélodie », on en passe et des meilleures…les mélodies et paroles de celui qui « sévissait » au sein du groupe Sexion d’Assaut, ont fourni à l’auditoire autant d’opportunités de se comporter comme larrons en foire sous le couvert d’un hip-hop tentaculaire. Black M a réactionné la pompe à sensibilité, ce sous divers angles qui lui appartiennent en propre. Dans « Spectateur » : « C’est bientôt la fin du Monde, mais le Monde s’en fout ; Le Monde, lui, veut faire des lovés autant qu’dans le foot ». Ou bien à l’intérieur de « Mme Pavoshko : « Oui, madame Pavoshko, non ; J’suis pas en prison ou à l’hosto’, non ; J’fais des hits, madame Pavoshko ; Et vos gosses me kiffent, madame Pavoshko ». Un dernier extrait pour la route, de « C’est tout moi ». « Oui j’ai du mal à reconnaître mes erreurs, oui je sais ; Ne m’en veux pas car j’ai du mal à m’exprimer mais j’essaye ; C’est tout moi ; C’est tout moi. » Quelque deux heures et demie plus tard le tour était joué. La boucle ainsi bouclée, c’est la tête pleine d’airs familiers que chacun se sera retiré, heureux que la magie de ce je-ne-sais-quoi d’inaltérable ait fonctionné à pleins tubes. En attendant peut-être d’écouter son second album, en gestation…

Michel POIRIAULT