Saône et Loire

La guerre de la carte scolaire n’aura pas lieu en Saône et Loire

La guerre de la carte scolaire n’aura pas lieu en Saône et Loire

La rentrée 2015 dans les écoles se prépare, avec son lot de fermetures et d’ouvertures de classes dans le département. Entre deux rendez-vous avec des groupes de parents mécontents d’une fermeture annoncée, Fabien Bey, directeur académique des services de l’éducation nationale, a tenu une conférence de presse, après le comité départemental de l’éducation nationale (CDEN), le 24 avril. La précédente réunion avait été reportée suite à une bouderie syndicale. La carte scolaire 2015 est loin d’être définitive. En juin, on y verra beaucoup plus clair.

Si la réunion du comité départemental de l’éducation nationale (CDEN), reportée pour des raisons de boycott des syndicats,  a bien eu lieu jeudi 24 avril, la « guerre » habituelle de la carte scolaire est ouverte. Mais pour Fabien Ben, elle n’aura pas lieu.

Jeudi 24 avril, le responsable du 1er degré en Saône-et-Loire s’est montré pacifique mais ferme. André Accary, nouveau président du conseil départemental, a fait adopter un vœu (1),(souvent pieu mais énergique), pour la carte scolaire par sa majorité le matin même de la conférence de presse de l’inspecteur d’Académie. Un hasard de calendrier mais comme d’habitude, les élus départementaux quelle que soit leur parti, râlent contre les suppressions de postes annoncées. Bref, la carte scolaire, au moment où tombent les mauvaises et bonnes nouvelles d’ouverture ou fermeture de classes et de va-et-vient des postes, fait parler et protester aussi bien chez les professionnels de l’Education que chez les parents d’élèves. Rien n‘est pour l’instant figé. Les annonces définitives tomberont officiellement en juin et les comptages du jour de la rentrée, en septembre prochain, fixeront définitivement la chose.

Fabien Ben a donc découvert ce jeudi, quelques heures après son adoption, le vœu du Conseil Départemental grâce à la presse locale. L’accueil a été… diplomate mais légèrement agacé, a-t-on cru comprendre. « Vous savez, les IEN (inspecteurs de l’Education nationale) rencontrent les élus, comme chaque année, depuis décembre. Piloter, c’est anticiper. Et pour le conseil général (départemental), Dominique Lotte (NDLR : qui ne fait plus parti de la majorité au CG) était présent ce 24 avril. 68 emplois vont être redéployés dont 54 en attribution face aux élèves ».

Il a tenu à préciser sa méthode et le processus de décision pour la carte scolaire 2015 d’une manière ferme, ce qui ne signifie pas, loin de là, fermée. « Pour la première fois, j’ai écrit à la soixantaine de maires concernés par la fermeture d’une classe dès le 30 mars, ce qui est prévu par une circulaire de juillet 2003 et n’est jamais appliqué. D’habitude, les maires sont avertis après la décision. Cette année, j’ai pris les devants ». Pourquoi ce changement de méthode ? L’an dernier, la Saône-et-Loire a été face à une perte de 474 élèves dans le 1er degré, alors que les chiffres prévisionnels recueillis par les écoles et les mairies n’en prévoyaient que…37. Le département avait obtenu un poste de plus. Un delta très difficile à gérer pour l’administration scolaire en termes d’emplois et de nombre de classes. « On méconnaît un peu le système, on dit que les directeurs d’école inscrivent les élèves, or le directeur admet les élèves à l’école et c’est le maire qui inscrit l’enfant à l’école.».

« L’Académie de Dijon est l’une des huit académies en France les mieux dotées pour 2015 alors qu’on perd vingt emplois et 915 élèves, contre déjà 930 perdus en 2014 de plus qu’attendus ». La Saône-et-Loire perd cette année 274 élèves d’après les premières prévisions chiffrées. « Au total, cela fait 700 élèves de moins en deux ans sur le département ». Deux postes d’enseignants sont perdus. Des baisses démographiques qui se traduisent sur le terrain.

Les effectifs de l’école et la moyenne par classe, le contexte socio-environnemental (appartenance à l’éducation prioritaire, à une zone de montagne ou de revitalisation rurale), les difficultés économiques et sociales du territoire, le profil des élèves sont quelques-uns des critères retenus. « L’évolution du nombre de classes de chacune des écoles résulte alors de l’étude de la situation en regard de repères départementaux et ne préjuge en rien des décisions qui ont été prises à l’issue des travaux des commissions départementales du mois d’avril », précise le dossier de presse. C’est un suivi continu de la situation des écoles « pour d’éventuels ajustements en juin et septembre 2015 » qui se profile. Chaque jour, Fabien Ben et ses adjointes reçoivent des délégations de parents en colère des soixante communes visées par les éventuelles fermetures de classe. Difficile face à des parents inquiets et des élus mécontents de faire comprendre qu’au plan national, la Saône-et-Loire reste plutôt privilégiée.

Restent les enjeux pour cette année : la refondation de l’école qui se poursuit, l’accompagnement des dispositifs spécifiques (plus de maîtres que de classes en élémentaire, scolarisation des moins de 3 ans en maternelle), la prise en compte des spécificités départementales (la ruralité forte du département avec des regroupements scolaires entre communes). La Saône-et-Loire va aussi renforcer, suite à un constat de faiblesse dans le secteur, les moyens mis à disposition pour la scolarisation des élèves handicapés, en nommant des enseignants référents. La brigade de remplacement sera aussi renforcée cette année.

Pour Fabien Ben, l’amélioration qualitative prime. Et passe donc, sur le terrain par une mutualisation des moyens, déjà expérimentés en zone rurale pour l’aménagement des rythmes scolaires.  Pour les rythmes scolaires, (dont on n’entend plus parler depuis la fin des élections départementales...) deux communes seulement font encore de la résistance molle au mercredi matin à l’école: l’Abergement Sainte-Colombe et Ourroux.

« Le fait de se regrouper donne une plus-value, pédagogique ou dynamique, il faut redécouvrir les vertus du collectif », insiste Fabien Ben qui rappelle aussi qu’un élève sur 5 en Saône-et-Loire n’arrive pas au DNB (diplôme national du brevet, fin de 3e), des résultats inférieurs à la moyenne nationale. Dans l’imaginaire collectif toutefois, mettre la clef sous la porte du village, même si elle ne fait que déménager à cinq kilomètres, c’est perdre un peu de l’âme du bourg.

 

Florence Genestier

 

La Saône-et-Loire compte 610 écoles. 392 communes ont encore leur école communale. 44 % des 610 écoles ont une à trois classes. 

(1) "Vœu relatif au projet de carte scolaire pour la rentrée 2015, présenté par le groupe de l’Union pour l’avenir de la Saône-et-Loire

Mis devant le fait accompli, les élus de Saône-et-Loire ont découvert le projet de carte scolaire pour la rentrée 2015.

Avec 66 fermetures et 14 ouvertures potentielles, c’est cette année encore une perte sèche pour notre département.
Pourtant, avec l’annonce de 60000 créations de postes d’enseignants, le gouvernement avait voulu afficher sa priorité sur l’école. Aujourd’hui, nous assistons à un nouveau reniement.

En Saône et Loire, avec seulement 224 élèves de moins à la rentrée (soit 0.005% des effectifs), ce ne sont pas moins de 52 classes qui disparaissent sur le territoire ! Dans certains secteurs, des fermetures sont programmées alors même que les effectifs sont en augmentation !

Cette annonce est un coup dur porté aux territoires ruraux. Dans les communes, les élus font des efforts conséquents pour investir chaque année dans les bâtiments scolaires et permettre le fonctionnement optimal d’écoles de proximité. Ces fermetures provoquent la colère des maires qui viennent de construire ou réhabiliter une classe.

Suite au CTSD du 15 Avril, quinze classes se retrouvent maintenant en sursis mais aucune fermeture n’a été levée. La mobilisation massive de parents, enseignants et élus se poursuit pour faire entendre raison aux services de l’Education Nationale.
C’est de l’avenir de nos enfants dont il s’agit !  

Le Conseil Départemental de Saône-et-Loire, réuni en assemblée plénière ce vendredi 24 Avril, demande à M. le DASEN :

-       une nouvelle étude de la carte scolaire départementale prenant davantage en compte les spécificités de notre territoire

-       une concertation de tous les acteurs (élus, enseignants, parents…) du territoire concernés par ces mouvements

-       un redéploiement de postes de remplaçants non titulaires en postes en situation devant les élèves

-       une négociation pour bénéficier enfin sur notre département des 60000 créations de postes promises sur le plan national."