Chalon sur Saône

Tribunal correctionnel de Chalon - 
En état d'ivresse, il balance une assiette sur sa femme et écope de 8 mois de prison

Tribunal correctionnel de Chalon - 
En état d'ivresse, il balance une assiette sur sa femme et écope de 8 mois de prison

A voir le visage de la victime, présente dans la salle d'audience, on peut se demander à juste titre s'il n'y a vraiment eu que le jet d'une assiette... C'est pourtant ce qu'ont affirmé dans un beau consensus tout à la fois auteur et victime de violences survenues dans la soirée du 7 mai dernier dans un appartement de Buxy.

Jugé lundi par le tribunal correctionnel de Chalon, dans le cadre d'une comparution immédiate, l'auteur a été condamné à 18 mois de prison, dont 10 mois avec sursis, assorti d'une mise à l'épreuve de 2 ans, avec obligation de travailler ou de suivre une formation et de se soigner et avec interdiction de rencontrer la victime. Incarcéré depuis le 9 mai dernier au centre pénitentiaire de Varennes-le-Grand, il a été maintenu en détention.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, vers 0h 15, les gendarmes de permanence sont intervenus au domicile de René, un quadragénaire buxynois, suite à un appel de Catherine, son épouse. Après leur avoir ouvert la porte, ce dernier a tout de suite dit aux militaires qu'au cours d'une dispute il avait lancé une assiette sur sa femme. Ayant pénétré à l'intérieur de l'appartement, les gendarmes ont découvert l'épouse, le visage ensanglanté. Après avoir été soignée au centre hospitalier de Chalon, la victime, qui a fait l'objet de 3 jours d'ITT, a été entendue par les enquêteurs. Elle a alors raconté qu'ils avaient bu tous les deux, avec un ami, durant une partie de l'après-midi, dans un bar, qu'ensuite ils étaient rentrés chez eux, en compagnie de cet ami, qu'ils avaient encore pris l'apéritif et enfin que son époux s'était énervé, quand elle lui avait annoncé qu'elle ne dînerait pas avec eux. Catherine a également signalé qu'après l'avoir violenté René avait confisqué le téléphone et les clés de l'appartement, pour l'empêcher de prévenir les forces de l'ordre et de s'en aller, puis qu'ils avaient longuement discuté et que, suite à cette discussion, son mari l'avait enfin autorisé à appeler les gendarmes. « Je regrette tout le mal que je lui ai fait » a déclaré René. 

Mais ce n'était malheureusement pas la première fois... La victime a aussi expliqué, lors de son audition, qu’ils s’étaient mariés en 2013 mais qu'elle avait subi des violences avant le mariage. Indiquant par ailleurs que son mari l'avait battu deux jours après le mariage, qu'elle avait déjà du se réfugier au centre d'hébergement et de réinsertion sociale du Creusot, qu'ils avaient tous les deux un problème d'alcoolisation et que ce problème était la cause de toutes ces violences. Des violences qui, semble-t-il, se sont répétées durant ces dernières semaines, puisque depuis début avril 2015 les gendarmes sont intervenus à trois reprises à leur domicile.

« Ils ont plongé tous les deux, main dans la main »


René n'a aucune formation professionnelle et ne travaille plus depuis 5 ans. N'ayant pas de permis de conduire, parce qu'il n'a jamais eu l'argent pour le passer, il lui est très difficile de trouver un emploi. Son épouse, elle non plus, ne travaille pas. Ils survivent avec le RSA couple. Comme l'a fait remarquer le président Aurélien Bailly-Salins « Ils ont plongé tous les deux, main dans la main ».

« Ce dossier est le point d'orgue d'une vie conjugale malheureuse et depuis le début » a souligné le vice-procureur Aline Saenz-Cobo, avant de rappeler que le prévenu s'en était déjà pris par le passé  à sa propre mère et à une amie. La représentante du ministère public n'a pas manqué de préciser « La violence est encrée en lui et l'alcool n'arrange rien - une heure après son interpellation, René avait encore un taux d'alcoolémie de 0,66 mg par litre d'air expiré ! - . Monsieur a l'alcool mauvais, a l'alcool agressif ». Après avoir fait observer que ses regrets étaient « bien tardifs et de circonstances » et qu'on avait affaire à « quelqu'un qui se livre à la violence tous les jours », la magistrate du parquet a requis notamment 13 mois de prison ferme avec mandat de dépôt.

« Mon client n'élude pas les violences conjugales. Contrairement à ce qu'affirme Madame le Procureur, ce sont bien des regrets sincères » a confié Me Anne-Charlotte Charrier, qui défendait René. Avant de poursuivre « Dans son jugement le Tribunal devra tenir compte de la problématique alcoolique du couple. Quand il n'y a pas d'alcool il n'y a pas de violences, ni verbales, ni physiques ». Après avoir noté que « chez la victime il y a toutes les caractéristiques du syndrome de la femme battue » Me Charrier a aussi indiqué que ce que le mis en cause souhaite avant tout, c'est qu'« on lui prenne la main » pour l'aider à commencer à se soigner. Mais ce ne sera pas tout de suite... Le temps pour lui de purger les huit mois que les juges lui ont infligés.

Gabriel-Henri THEULOT