Cinéma

Info-Chalon est allé voir « Mad Max : Fury board » au cinéma Nef de Chalon

Info-Chalon est allé voir « Mad Max : Fury board » au cinéma Nef de Chalon

Dans les salles depuis quelques jours, le dernier Mad Max est actuellement projeté au cinéma Nef. Le sentiment d’Info-Chalon.

« Mad Max »… Lorsque le policier Max Rochatansky, plus connu sous le nom de « Mad Max », déboule sur les écrans français en 1979 sous les traits de Mel Gibson et avec un look de Marlon Brando dans L’équipée sauvage, celui-ci incarne très vite la quintessence de ce que  d’aucuns appellent une « virilité sensuelle » [1]. Mad Max, c’est un homme, un vrai. Pas un p…. Qu’on se le dise !

Vingt-cinq ans après, « le loup solitaire avide de vengeance après l’assassinat de sa famille » [1], désormais incarné par Tom Hardy, peut-il encore représenter le mâle viril dans toute sa splendeur ? Une chose est sûre : s’il est « physiquement plus charpenté » [1] que son prédécesseur, Tom Hardy donne au final une toute autre impression, celle d’un « virilité douce, assez nouvelle » [2], que l’on voit à l’œuvre dans le film et que l’on devine particulièrement compatible avec un nouveau type de rapports entre femmes et hommes, avec lesquels les jours de la « domination masculine » [3], même si elle est encore loin d’avoir dit son dernier mot, sont d’ores et déjà comptés. Ce changement profond du personnage et de ce qu’il dégage est d’ailleurs ce qu’il y a sans doute de plus frappant (et de plus appréciable) dans ce quatrième volet d’une sage que l’on avait – à tort – cru terminée avec la sortie d’Au-delà du dôme de tonnerre – « Mad Max 3 » –, en 1985.

Ceci étant, il n’y a pas que cela qui interpelle dans ce Mad Max-là. En effet, comme le dit très bien Jean-Marc Lalanne des Inrocks, ce film « impressionne par son hypercontemporanéité » [4], qui se déploie aussi bien au niveau de la forme du film – son esthétique globale – qu’au niveau du fond – la volonté du réalisateur de « restituer un certain état déréglé et belliqueux du monde moderne » [4], tout en abordant la question, actuelle, de l’exploitation des corps ainsi que celle, tout aussi sensible, du jihadisme, notamment au travers des actions-suicides des « Warboys » qui, dans le film, cherchent à rejoindre un Walhalla [5] dont l’esprit rationnel peut valablement penser qu’il s’agit d’un hochet pour simplets.

Tout ceci fait-il pour autant de Max Max : Fury board [6] un film à voir absolument ? Pour ce qui le concerne, votre serviteur d’Info-Chalon serait plutôt enclin à répondre que : oui, ce Max Max-là mérite un petit détour de deux heures par la case Nef, où il est actuellement projeté. Ceci même si le scénario ne fait pas mal à la tête et si l’on peut se lasser de ces courses-poursuites menées moteurs rugissants et guitares électriques à fond la caisse. Ce Mad Max-là, qu’on se le dise, a de la gueule, une âme et un sacré mérite : il vous permet de penser le monde dans lequel vous baignez tout en vous en extrayant, ceci pour vous plonger dans un futur plus ou moins proche, mais dans tous les cas fascinant.

S.P.A.B.

 

[1] Télérama, 13.05.2015, p 40

[2] Télérama, 13.05.2015, p 38

[3] Pierre Bourdieu, La domination masculine, Seuil, (1998) 2014, 177 p

[4] Jean-Marc Lalanne, Les Inrockuptibles, 13.05.2015, p 43

[5] Séjour éternel d'Odin (Wotan) où les guerriers tués au combat ou dans une action héroïque continuent de jour à mener des combats sans mort ni blessure et de nuit à s'adonner à des festins et à des beuveries d'hydromel servis par les Walkyries dans les crânes de leurs ennemis (http://www.cnrtl.fr/definition/walhalla)

[6] 2015. Durée : 2 hrs

Bande-annonce :

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19553108&cfilm=125054.html