Agglomération chalonnaise
« On ne va pas bunkériser Chalon pour sauver Chalon et inonder le reste !"
Publié le 19 Mai 2015 à 10h35
Première réunion d’information sur le PPRI (Plan de Prévention des Risques d’inondation du Val de Saône). De nombreuses questions en attendant l’enquête publique. Les PPRI du Val de Saône sont en révision. Avant l’enquête publique, ouverte aux commentaires des habitants, qui se déroulera du 8 juin au 8 juillet, les services de l’Etat organisent cette semaine une série de trois réunions d’information. On est allé à la première d’entre elles, à Saint-Marcel, qui concernait la zone 3, hors Chalon.
Quinze communes de l’agglomération chalonnaise sont concernées par les nouveaux PPRI du Val de Saône. C’est une démarche interdépartementale qui associe trois voisins : Ain, Rhône et Saône-et-Loire et qui prend comme nouvelle base de réflexion la crue de la Saône de 1840, la plus importante sur laquelle on a des archives précises. Le PPRI règlemente l’utilisation des sols en fonction des risques d’inondation et peut donc autoriser ou interdire des constructions, sous conditions. Il s’agit donc pour les services de l’Etat de connaître les inondations passées et d’identifier les zones inondables, afin d’assurer la sécurité des personnes et de limiter les dommages aux biens et réduire les perturbations pour les activités. A terme, cela signifie qu’o peut interdire des constructions si elles sont prévues en zone à gros risque ou de fixer des règles plus draconiennes pour les constructions « nouvelles ou existantes ». Trois cartes déterminent le nouveau PPRI : celle des aléas (inondation, avec hauteur et vitesse de l’eau), celle des enjeux (biens ou personnes vulnérables à l’inondation) et la dernière, superposition des deux premières : celle des risques. Voilà pour la théorie, exposée à la cinquantaine de personnes présentes hier soir à la salle Alfred-Jarreau de Saint-Marcel, invitées à intervenir quand elles voulaient. Le PPRI qui, si tout va bien, devrait être approuvé après débats et échanges avant la fin de l’année 2015, prévoit 3% de surfaces inondables en plus que les anciens documents, aujourd’hui en vigueur. Après l’exposé par les services de la Direction Départementale des Territoires sur la redéfinition des zones les questions n’ont pas manqué, venues d’abord des habitants un peu inquiets, de Crissey notamment.
10 millions de personnes vivent en zones inondables en France
« Vous êtes en zone inondable depuis longtemps, a commencé le sous-préfet de Chalon, Jehan Eric Winckler, qui a détendu l’assistance en commettant d’entrée un lapsus. « On n’est pas là pour recanaliser la Somme, euh, la Saône. Il ne peut pas y avoir d’accroissement de population dans certains endroits. » L’homme, géographe de formation, a été en poste dans le Var et a vu les dégâts des rivières et des fleuves qui débordent. « On ne peut pas mettre une rivière en boîte. Ce qui s’est passé en 1840 se reproduira, on ne peut pas vous dire quand mais il est clair que l’eau repasse toujours par son lit initial. L’eau finira par passer. Il faut éviter d’imperméabiliser les sols ». A retenir, le leitmotiv pour l’Etat pendant cette soirée, phrase mantra répétée au moins dix fois par Christian Dussarat (directeur départemental des territoires) et le sous-préfet chalonnais : « Dix millions de personnes vivent aujourd’hui en zone inondable en France, il faut les protéger ». Et parfois contre leur gré. Tel est leur fardeau…
Marc Comeiras, de la DDT a ensuite présenté un diaporama technique. Entre ancien et futur documents, qui ne se fondent pas sur les mêmes crues, les différences de niveau d’eau lors des inondations maximales sont plus alarmantes. Elles atteignent par exemple au PK des voies navigables à Saint-Rémy-Saint-Marcel 50 cm de plus (à Crissey 17 cm de plus) que ne prévoyait l’ancien document.
A l’issue de l’exposé (accessible via internet sur le site DDT71), une habitante de Crissey, Colette Hivernât, qui fut candidate écologiste aux cantonales en 2011, s’étonne qu’on ait « le droit de construire sur des zones violettes ». Les cœurs de village, en zone inondable souvent dans le chalonnais bénéficient en effet de dérogations, refusées aux autres zones. Et évoque aussi le nouvel hôpital de Chalon construit en zone inondable. « Oui mais, avec rien dans le sous –sol et un environnement professionnel construit sur pilotis » précise en réponse le sous-préfet.
Un autre habitant de Crissey évoque lui à demi-mot l’inégalité supposée entre commune mère de l’agglomération et les petites communes autour, qu’ils pensent visiblement sacrifiées en cas de crue importante : « Pourquoi n’a-t-on pas le même PPRI que Chalon ? Si Chalon fait entorse au PPRI, ce ne sera ni nouveau ni la première fois, les dégâts seront plus importants chez nous. A chaque crue, ils construisent un nouveau mur. Quelle est au final, l’incidence en amont et en aval de ces rangs de moellons ? ». Une idée angoissante répandue qui selon les services de l’Etat tiendrait un peu de la légende urbaine, puisque dans tous les territoires français, c’est un reproche et une crainte récurrentes des habitants de la proximité des grandes villes. Celle de payer pour les grandes voisines.
Inégalité de traitement entre Chalon et l’agglo ?
« On ne va pas bunkériser Chalon pour sauver Chalon et inonder le reste !, proteste M. De Winckler. On m’a refusé une extension de la sous-préfecture pour ces risques-là. Les mesures sont extrêmement compliquées à Chalon, cela se fait trottoir par trottoir, rue par rue », avance-t-il. « C’est une réflexion collective et globale qu’il faut mettre sur pied, insiste le DDT. Il ne s’agit pas de dire, on envoie l’eau chez le voisin et tant pis pour lui. Le boyau d’étranglement de la Saône ici, c’est effectivement les quais de Chalon». La théorie du complot aquatique repassera, les crues et décrues rapides de la rivière s’expliquent souvent par la concomitance d’évènements météo au même moment. Moins imaginairement porteurs que le sacrifice des petits face aux intérêts des plus gros. Reste une angoisse non négligeable et qui doit être prise en compte face à la crue qui viendra.
Et la salle de dénoncer les remblais en rive gauche dans le chalonnais, effectués « n’importe comment » de 1970 à 2000, remblais qui aggravent les choses aujourd’hui. Le maire de Saint-Marcel, à la tribune évoque le problème du Champ du Four, zone inondable et habitée de sa commune. L’association de Sauvegarde du quartier s’est élevée contre des mesures prescrites pour un autre dossier passé à l’enquête publique très discrètement et avait intenté une démarche auprès du tribunal administratif. L’affaire, jugée en première instance à Dijon, semble close dans l’esprit du sous-préfet. « C’est faux, on a fait appel du jugement» intervient le président de l’association, présent dans la salle, et qui a engagé un avocat. « On a toujours de l’eau sur nos terrains et par infiltration en cas de crue, mais ils ont via des travaux ailleurs, asséché une autre zone humide, donc davantage d’eau arrive chez nous ! » rappelle-t-il à InfoChalon à l’issue de la réunion.
« Il y a eu bien entendu des erreurs commises, y compris par l’Etat en ce domaine, reconnaît Christian Dussarat. Il s’agit maintenant de savoir – NDLR : forts de ces retours d’expérience parfois tragiques -, si on veut continuer à prendre des risques. » Et de placer chacun devant ses responsabilités, notamment les élus qui voient parfois leurs projets communaux retoqués par les nouveaux PPRI. Une petite crue de la Saône correspond tout de même à un milliard de m3. Voilà qui mérite une attention soutenue des habitants, encouragés par les services de l’Etat à donner leur avis et à poser des questions pendant l’enquête publique du (ouverte 8 juin au 8 juillet) et à s’informer. Le zonage des terrains constructibles, inconstructibles et des habitations existantes encouragées à se rendre moins vulnérables aux inondations – et hélas peu suivies de travaux en général selon la DDT- n’est pas l’aspect le moins ardu de ces PPRI Chalonnais.
Florence Genestier
Sites où consulter les documents présentés lors des réunions d’info :
http://www.saone-et-loire.gouv.fr/revision-des-ppri-saone-secteurs-2-3-et-4-du-a3001.html
http://www.saone-et-loire.gouv.fr/chalon-sur-saone-a1161.html
Les prochaines réunions PPRI du secteur sont prévues à 18 h le 21 mai à Sassenay, le 26 mai à Dameray
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