Chalon sur Saône

Faiblement vidé de sa substance, Chalon dans la rue n’en prendra pas moins en temps voulu le mors aux dents

Faiblement vidé de sa substance, Chalon dans la rue n’en prendra pas moins en temps voulu le mors aux dents

Deux mois avant l’échéance proprement dite du festival transnational Chalon dans la rue, il y a un rituel auquel jamais il n’est dérogé, celui de sa présentation officielle. Dans ses locaux de l’Abattoir, le Centre national des arts de la rue a ce jeudi au moment de la pause méridienne, réuni les forces organisatrices ainsi qu’un aréopage de personnalités, de responsables les plus divers, et des sympathisants, afin de battre le rappel autour de la 29ème édition quoi s’étalera du mercredi 22 au dimanche 26 juillet.

Le visage sociétal, les yeux dans les yeux Pas de Compagnie cette année pour égayer les propos liminaires afférents au grand raout estival, moins de Compagnies (151 quand même, dont 11 de Belgique, Espagne, Pays-Bas, Suisse) dans huit semaines du fait d’un coup de rabot budgétaire, avec en vertu du principe du lien de causalité une quantité de spectacles légèrement amoindrie, mais une fois encore un nombre de jours identique, ainsi que la volonté inébranlable de faire de cette manifestation le creuset de toutes les variantes des arts de la rue. Théâtre de rue, opéra de rue pour fanfare et quatre chanteurs, clown, chorégraphie urbaine géante, théâtre physique, danse, cirque, installation, performance…

Fantasmagorie et poésie s’inviteront à chaque coin et recoin.

Premier des trois tribuns à intervenir, le directeur artistique du festival, Pedro Garcia, a encerclé la vitrine, le in (quinze créations pour ce millésime), afin d’en restituer la quintessence, ne manquant pas au passage de délivrer un vibrant hommage au pionnier des arts de la rue, Michel Crespin, décédé l’en dernier. En 2015 Chalon dans la rue va en particulier balayer du regard la société. Je, tu, il, elle, nous, vous, ils, elles, l’altérité à la loupe dans son acception la plus large, interrogatrice, de nature à remettre peut-être en question les avis tranchés. 135 Compagnies pour le off Coordonnatrice et responsable du off, Nadège Gauthier a eu affaire antérieurement à forte partie pour in fine ne retenir que 135 Compagnies (sur 1000 demandeuses), celles-ci accouchant de137 projets, avec des artistes qui inventent, innovent et viennent jouer à leurs frais. « Il y a plus d’un tiers des créations qui sont des créations de 2015.

Ce off met en valeur les différentes disciplines de la rue, qui ne sont pas figées. C’est aussi le plaisir de se retrouver et de partager », a notamment dit Nadège, avant d’adresser un merci particulier aux hébergeurs. Une réunion en vue pour que soit allégée la quote-part de la cité de Niépce Le premier magistrat chalonnais Gilles Platret a réaffirmé l’attachement de la collectivité à l’endroit du festival. « Un projet culturel donne sa place à la fois à des Compagnies épanouies, et qui aujourd’hui viennent à Chalon : elles sont seize dans le in. Et puis il y a aussi une programmation du off qui veut véritablement donner la géographie même du festival. Chalon dans la rue, c’est la partie visible d’un iceberg qui comprend bien d’autres éléments. Nous avons évidemment à cœur que l’événement, matériellement se produise. »

L’horizon cependant s’assombrit dès lors que les histoires de gros sous font faire grise mine.

« Il y a un projet et un budget qui le porte. Nous avons entrepris un travail de redimensionnement », devait déclarer l’édile, espérant que la situation qualifiée de détresse ne soit que passagère. Puis son argumentaire est allé crescendo. « Sur le festival je vais vous donner quelques chiffres sur ses vraies bases, je n’admettrai pas les rumeurs fausses. » D’où un festival valant un peu plus d’un million d’euros, avec un apport local de quelque 670.000 euros, amputé de 25% par rapport à l’an dernier, indépendamment des 8000 heures à mettre au crédit des agents de la ville. « La ville continue de porter la majeure partie de l’effort financier. C’est plus de 60% du budget de fonctionnement du festival. Chalon est la 2ème ou 3ème ville de France à faire ainsi. » Pour sa part, l’Etat octroie 150.000 euros, la région 78.000, le Grand Chalon 50.000, et le département, 20.000. A trop tirer sur la ficelle… »J’ai souhaité provoquer une réunion. Il faut trouver une convention avec tous les partenaires pour une assise financière durable. La ville n’imposera pas de nouvelles baisses de subvention. Elle ne peut être celle qui assume isolément une charge aussi lourde pour ses finances. Il va falloir convaincre nos partenaires de rééquilibrer tout ça. Je souhaite aussi que les entreprises soient plus nombreuses pour nous aider. « Le temps des données chiffrées et des exhortations passé, restait au maire à reprendre le cours des choses, artistiquement parlant. «C’est le rendez-vous de la qualité, de l’expression libre, le reflet de la société, qui pense, dénonce, combat. Nous avons une mission nationale. Il y a un rayonnement qui dépasse Chalon, la Saône-et-Loire, la Bourgogne, un intérêt qui intéresse la France tout entière. Il y a eu un travail colossal accompli depuis vingt-neuf ans. Chalon dans la rue, c’est une image de marque intéressante pour valoriser notre territoire. »

Michel Poiriault