Bourgogne

Dijon réunissait les 5e Assises Nationales de la biodiversité

Dijon réunissait les 5e Assises Nationales de la biodiversité

Jusqu’à ce vendredi 12 juin Dijon organisait les cinquièmes assises nationales de la biodiversité. Si ce vendredi est marqué par les visites de terrain, les assises 2015 ont permis à diverses générations d’échanger sur ce thème, celle d’une biodiversité en danger mais qui bénéficiera d’une agence dédiée dès la fin de l’année.

Deux jours de travaux qui ont associé scolaires (dont des lycéens chalonnais), enseignants, scientifiques, élus se concluent par une table ronde « Biodiversité et changement climatique ».  Deux vedettes en tribune: Patrice Drevet, ex-monsieur météo et journaliste, l’animateur de l’après-midi et Allain Bougrain-Dubourg, président de la ligue de protection des oiseaux. A leurs côtés, Jean-Marc Bouillon, président de la Fédération française de paysage et trois élus : Pierre Pribetich, adjoint au maire de Dijon, Dominique Girard, conseiller départemental d’Auxonne et Dominique Lapôtre, vice-présidente du conseil régional.

La Bourgogne compte un tiers des espèces métropolitaines sur son territoire. Les professionnels de la viticulture sont déjà bien conscients des conséquences du réchauffement climatique, les conditons de culture, notamment celles du pinot noir, en danger, sont évoqués. Un plan de conservation des cépages est en marche. L’Université de Bourgogne, très pointue sur la question, suit leur évolution. Dominique Lapôtre a souligné les efforts de la région en matière de réhabilitation bocagère. Au total, en Bourgogne, 300 km de haies ont pu être recréées grâce au soutien régional. « Cela préserve les paysages traditionnels et les anciennes variétés. Nous sommes dans une stratégie large et transversale ». Dominique Girard a lui souligné que le réchauffement climatique permettait à des parasites méditerranéens de remonter plus au nord. Allain Bougrain-Dubourg a rappelé qu’il devait son prénom avec deux « LL » à son père, résistant qui avait ce pseudonyme lorsqu’il agissait en Saône-et-Loire. Il s’est réjoui de la future agence nationale de la biodiversité mais a espéré qu’elle ne viderait pas les associations de ses compétences. Il est revenu sur l’opération Visio nature lancée par son association. La LPO fait appel à des amoureux de la nature et  a pu recueillir 37 millions de données en sept ans grâce au sens de l’observation minutieux de ses adhérents. Des informations qui, une fois vérifiées, nourrissent des travaux scientifiques.  Jean-Marc Bouillon a pointé l’utilité d’avoir une biodiversité importante en ville, notamment la présence d’arbres au cœur de la cité : « si on augmentait le nombre de végétaux de 10% dans les villes françaises, on obtiendrait déjà une notoire baisse de température ».  

 La tribune a été interpellée par Philippe, un apiculteur désespèré de la disparition de ses abeilles.  Il espère un acte de courage politique visant à interdire les « pesticides tueurs » et notamment les néonicotinoïdes, responsables en grande partie de la disparition des colonies d’abeilles (dont l’interdiction éventuelle devrait être bientôt débattue à nouveau à l’Assemblée Nationale). Propriétaire d’un verger exploité jadis avec de fortes doses de produit, l’apiculteur est passé au bio et sept ans après, entrevoit enfin sur sa parcelle une faune et une flore plus diversifiée.  En réponse au courroux apicole, l’élu dijonnais a précisé que Dijon était une ville « zéro pesticide » ;  le conseiller départemental a précisé que lui aussi était apiculteur (5 ruches). Allain Bougrain-Dubourg a saisi l’occasion pour pousser un dernier « coup de gueule » : « J’ai bien conscience que le niveau de vie de certains agriculteurs est misérable, mais ils sont entrainés dans une escalade surréaliste où on leur demande d’empoisonner la nature pour obtenir une rentabilité à terme. A Paris, désormais, il y a une biodiversité plus riche que dans certaines grosses régions agricoles françaises ! »

Florence Genestier

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