Chalon sur Saône

Les trois modes jubilatoires d’appréhension de l’art du Collectif 240

Les trois modes jubilatoires d’appréhension  de l’art du Collectif 240

Jusqu’alors réduit à la portion congrue, et pour cause, le Collectif 240, Chalonnais, fort de ses trois éminences grises Vincent Maupas, Chloé Pagny et Francis Martin, sort présentement comme un diable de sa boîte en pulvérisant les arcanes qui étaient volontairement les siennes. La quadrature du cercle, c’est que pour réaliser sa première exposition artistique il lui fallait bien faire au préalable ami-ami avec l’humilité de l’ombre, au moyen de cette main chercheuse qui soit en quelque sorte le bras armé des circonvolutions cérébrales librement consenties.

Gouleyant, énigmatique, le paysage panoramique administre maintes caractéristiques

Allaités au sein de l’Ecole Média Art Fructidor, les trois amis ont décrété que l’union ferait leur force, tout en ne marchant pas sur les brisées de l’autre, leurs microcosmes respectifs ne pouvant en aucun cas se juxtaposer, tant la carte d’identité génétique s’oriente vers la confusion des genres. Abstraction, figuratif, fantasia des formes, des couleurs, de la densité, sculptures en goguette, chaque oeuvre se paye le luxe d’une génuflexion devant un message qui crève l’écran, ou alors stationne dans le camp de la déclaration subliminale. Effectuer le tour du propriétaire, ça équivaut à voyager dans un périmètre réduit, les effluves, pour mitoyennes qu’elles soient, garantissant des effets euphorisants à humer à pleins poumons, histoire qu’ensuite elles chatouillent votre for intérieur. Au demeurant, tous les tableaux, toutes les réalisations, brillent par les questionnements suscités, à défaut de symbiose immédiate. Car telle est bien là la richesse de l’étalage : se fondre dans le mouvement d’ensemble, s’en pourlécher les babines si affinités, ou gamberger à n’en plus finir aux fins d’obtention du Saint Graal. Le sien, du moins. Et il y a tellement peu de distance entre la coupe et les lèvres une fois que les gens ouverts d’esprit sont embarqués corps et biens dans le kaléidoscope…

Petite dissection par les protagonistes

Honneur aux dames, et donc à Chloé, l’unique représentant de la gent féminine. « J’ai ici sept tableaux travaillés à l’acrylique de même qu’avec les feutres Posca, ainsi que trois sculptures en argile. Ce sont des personnages illustres, ou dont l’histoire m’a touchée, et après je retranscris leur univers en y ajoutant le mien. Dans ma démarche, l’essentiel vise à procurer  du positif. Il s’agit de morceaux de nous que l’on fait sortir, une mise à nu », clarifie la jeune femme, au site répondant à l’adresse : www.tout-chloe.com Fer de lance du Collectif, Vincent se divise en cinq tableaux imbibés de peinture abstraite (l’intégralité de son patrimoine). « Je n’ai utilisé que l’acrylique, avec une mise en matière initiale, plus une recherche de la lumière. J’espère que le public sera aspiré par l’effet lumineux, et après il interprétera selon sa sensibilité. Ca passe ou ça casse… Je suis simplement heureux d’avoir réussi à mettre en tableau mon travail, et surtout j’ai une grande envie de repartir. » Enfin, Francis, le troisième larron, exhibe une huile (un acteur danois), huit dessins et cinq sculptures en céramique. « Je suis attiré par l’humain, ce qui est réaliste et figuratif. J’aime bien quand les gens peuvent entrer en résonance sur les tableaux. La pose, c’est l’aboutissement de ma technique ; à la base il y a le crayon, les lignes sont au feutre. Ca a été dessiné d’après des modèles vivants, à raison d’une dizaine de minutes chacun. La justesse des proportions m’intéresse, ça permet d’apprendre à observer les choses dans la vie. Ici, je souhaitais montrer un panel de ce que je pouvais faire. »

Jusqu’à dimanche soir inclus

L’expo est visible encore jeudi 18, vendredi 19, samedi 20 de 9h à 12h30, et de 14h à 18h30, ainsi que dimanche 21 juillet de 15h à 18h, à l’Office de tourisme et des congrès du Grand Chalon, 4, place du Port Villiers à Chalon. Accès libre.

                                                                                                         Michel Poiriault