Cinéma

En ce moment à l’Axel de Chalon : « Valley of love »

En ce moment à l’Axel de Chalon : « Valley of love »

Le réalisateur de « La religieuse », film grâce auquel de nombreux spectateurs ont pu découvrir les talents d’une actrice sublime - Pauline Etienne –, revient dans les salles obscures, avec Valley of love. Le sentiment d’Info-Chalon.

« Si j’ai une ambition, c’est n’est pas de réussir moyennement un film, c’est de le rater très bien. C’est mon côté Beckett » [1]. C’est ce qu’a récemment déclaré Guillaume Nicloux, le réalisateur de Valley of love [2], actuellement à l’affiche au cinéma Axel.

Guillaume Nicloux a-t-il finalement été, avec ce que d’aucuns qualifient de « Western fixe » [3], à la hauteur de ses ambitions ? En fait, même avec la meilleure volonté du monde, difficile de dire que Valley of love est un film très bien raté, voire raté tout court. En effet, malgré une histoire aussi crédible que les promesses d’un politicien – un fils, fruit des amours révolus entre un homme et une femme, se suicide mais leur promet de revenir de l’au-delà pour les voir s’ils respectent les consignes qu’il leur a laissées dans des lettres écrites avant de mourir –, on ne parvient pas à décrocher de Valley of love, encore moins à le trouver nul. Certes, celui-ci ne marquera pas les annales du 7ème art, néanmoins il se dégage du jeu des acteurs – Isabelle Huppert et Gérard Depardieu – un petit quelque chose de profondément mélancolique, qui sonne vrai. Bien plus vrai que les prétendues apparitions et manifestations du fils disparu en tout cas. Et puis il y a ces dialogues entre Isabelle et Gérard – c’est ainsi qu’ils s’appellent dans le film -. Des dialogues qui n’ont rien à voir avec ceux, légendaires, de Michel Audiard mais contenant des répliques devant lesquelles on ne peut s’empêcher de sourire – « La vessie, c’est juste un sac de pisse » ; « Perdre ses sourcils, c’est complètement con » -, malgré le contexte dans lequel elles fusent. Un contexte aussi lourd que la chaleur, visiblement écrasante, des lieux où se situe l’action : la célèbre « vallée de la mort », aux Etats-Unis.

Au final, Guillaume Nicloux ne rate donc pas totalement son film, qu’il est toutefois loin de réussir pour autant. Pas facile, parfois, d’être à la hauteur de ses ambitions… Et n’est pas Beckett qui veut…

En attendant, c’est sans doute un film que l’on peut aller voir, pour paraphraser un « journal satirique paraissant le mercredi ».

S.P.A.B.

 

[1] http://www.lexpress.fr/culture/cinema/videos-la-lecon-de-cinema-de-guillaume-nicloux_1688577.html

[2] 2015. Durée : 1 h 32

Bande-annonce :

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19553285&cfilm=229340.html

[3] Le Monde, 17 juin 2015, p 19