Givry

Dans l’accordéon tout est bon, a fortiori lorsque le violoncelle ne manque pas de sel

Dans l’accordéon tout est bon, a fortiori lorsque le violoncelle ne manque pas de sel

Quatre hommes, une femme, exit la parité ! Mais lorsque les uns prennent le monopole, que l’artiste féminine s’insère au milieu d’eux, ou bien fait cavalier seul, tout s’oublie. Le très confirmé groupe portugais Danças Ocultas et la Brésilienne Dom La Nena ont de toute façon œuvré pour que jeudi soir le tempo 2 des Musicaves soit un ravissement pour les yeux, et surtout les oreilles, au Domaine Besson.

Des accordéons, un violoncelle, une chanteuse, l’espace-temps s’est révélé performant et explicite

C’est fou ce qu’il est possible de réaliser avec un accordéon diatonique quand il est dompté à souhait ! Les quatre représentants huppés de la péninsule ibérique en ont usé avec maestria, jouant avec le raffinement de leur instrument roi, se renvoyant même musicalement la balle à un moment donné. Grondements, roulements, inspiration, expiration, ce souffle exhalé presque palpable a accordé un blanc-seing à un état d’intériorisation, quelquefois à la limite de la mysticité, de la transcendance. Stupéfaction en face d’eux ! Ils ont par touches et soufflet interposés gratouillé les tréfonds de la conscience, voire de l’inconscience, mine de rien. Cette musique apaisante, lénifiante, mélopée aimantée par la luxuriance d’ailleurs inexplorés, a entraîné le public dans une ballade intemporelle au fondu-enchaîné n’excluant pas les airs entraînants aux couleurs de l’arc-en-ciel. Venue prêter main-forte au quatuor solidifiant, ou faisant fi du compagnonnage en qualité de soliste, Dom La Nena avait comme mode de gouvernance ses cordes vocales et ses mains. L’archet a glissé harmonieusement sur le violoncelle consentant afin d’en extirper une tonalité fortement teintée de mélancolie, nostalgie, blues, spleen, bref les caractéristiques de la saudade pure et dure. Avec des titres comme «Le diable musicien », « Buenos Aires », « L’ange Gabriel », etc. poésie et empreintes folk ont indiqué la marche à suivre à l’aide d’une voix épousant parfaitement la typicité des paroles. Le temps d’une chanson les plus motivés des spectateurs auront, cerise sur le gâteau, et à l’invitation  de la jeune interprète, dansé, libérant leur trop-plein d’énergie consensuelle.

 

               Photos de Maria-Corinne Deliry                                                       Michel Poiriault