Opinion de gauche

Non au libéralisme total ...

Depuis plusieurs mois les créanciers de la Grèce s’emploieraient à sauver ce pays en lui imposant une magistrale cure d’austérité, une obligation de réformes et un ultimatum pour rembourser sa dette.

En termes de dettes, qu’en est-il exactement ? La commission européenne et la banque de France, que personne n’oserait qualifier de structures révolutionnaires publient chaque année l’état de la dette de chaque pays. Il est édifiant.

Pour l’année 2013 (avant les élections de François Hollande ou d’Alexis Tsipras), l’Allemagne, l’Italie et la Grande Bretagne possédaient une dette dépassant les 2000 milliards d’Euros, suivaient la France (1915 milliards), l’Espagne (960 milliards) puis la Belgique (387 milliards) et la Grèce (319 milliards). En valeur absolue, on voit donc bien que les pays les plus endettés ne sont pas ceux qui se présentent ou sont présentés comme les plus vertueux.

Plus étonnant, rapportée au nombre d’habitants, la dette de la Belgique est bien plus importante que celle de la Grèce.  Par ailleurs, toujours selon les mêmes sources, le  Japon et les Etats Unis sont encore plus endettés ( en valeur absolue comme par habitant). Rapportée au PIB, il en est de même. Depuis 2013, aucun de ces pays n’a remboursé le moindre centime du capital de sa dette et les dettes ont continué d’augmenter !

Alors pourquoi cet acharnement contre la Grèce ? La réponse est bien évidemment politique. Le gouvernement élu par le peuple grec en ce début d’année 2015 a décidé, souverainement , d’en finir avec des politiques qui ont conduit  à faire toujours plus souffrir les plus pauvres, les retraités, les  jeunes et à épargner les plus fortunés, les armateurs et les grands groupes financiers…En bref, le gouvernement grec a osé dire NON à l’orthodoxie libérale telle qu’elle est définie par le FMI (Fonds Monétaire International), la BCE (Banque Centrale Européenne) et la Commission Européenne.

Et voilà que ces derniers contestent  méchamment la décision d’Alexis Tsipras d’organiser un référendum pour demander à son peuple s’il accepte, ou non, de se serrer encore plus la ceinture. Car c’est bien de cela dont il s’agit ! Selon la définition la plus courante, le totalitarisme est un système dans lequel une idéologie exerce une mainmise totale sur les idées, n’admet aucune opposition organisée et confisque la totalité des activités. Nous sommes donc bien dans une configuration de totalitarisme libéral.

N’oublions pas qu’en 2005, il y a 10 ans, les électeurs français avec une participation de 69%, avaient dit NON au traité de Maastricht à 55% et qu’ils ont été floués. Il faut donc croire que lorsque les électeurs ne votent pas comme les tenants du système le voudraient, il faudrait les « sanctionner » plus lourdement.

Il est plus facile et pas très courageux  de s’en prendre à un petit peuple que d’affronter les vrais responsables des crises successives qui frappent partout dans le monde et qui ont pour nom : capitalisme financier et ultralibéralisme.

L’audace d’Alexis Tsipras est sans équivalent, depuis plus de 30 ans, chez ses homologues européens qui ont capitulé, avec plus ou moins de zèle, face au dogme libéral. Son audace est de penser qu’il est  possible de changer l’ordre des choses. Or, c’est justement pour cette raison qu’il a été élu.

La victoire de Tsipras dimanche, et peut être celle de Podemos prochainement  en Espagne, sont des possibilités de remettre l’histoire sur de bons rails, au profit de tous les peuples. Elle offre une chance d’ouvrir un autre avenir pour le peuple grec et la jeunesse du monde entier.

3 juin 2015

Lucien Matron