Cinéma

En ce moment à l’Axel de Chalon : Tale of tales, de Matteo Garonne

En ce moment à l’Axel de Chalon : Tale of tales, de Matteo Garonne

Info-Chalon est allé voir Tale of Tales, dans les salles obscures depuis la semaine dernière.

Avec Gomorra (2008) et Reality (2012), excellents films qui lui avaient valu d’être à deux reprises Grand prix du jury à Cannes, le réalisateur italien Matteo Garonne avait fait fort et laissé un très bon souvenir aux spectateurs qui les avaient vus. Pas sûr, toutefois, que cette sorte d’ « état de grâce » dont il bénéficiait jusqu’alors perdure encore longtemps. En effet, Tale of tales [1], son petit dernier, dans les salles obscures depuis la semaine dernière, n’est franchement pas à la hauteur de ce que l’on était en droit d’attendre de celui qui passait jusqu’alors pour une étoile montante du cinéma italien.

« Si tu ne peux dire du bien de quelqu’un, abstiens-toi au moins d’en dire du mal ». A mi-chemin entre les conseils prodigués par le cardinal Mazarin dans son Bréviaire des politiciens et cette morale chrétienne dégoulinante de bons sentiments prêchée aux jeunes catéchumènes, suivre cette recommandation, qui permet assurément de ne jamais se fâcher avec qui que ce soit et d’éprouver le moins possible ce que Freud appellerait « sentiment de culpabilité », a sans doute du bon parfois, dans la mesure où celle-ci peut procurer une certaine tranquillité d’esprit. Néanmoins, et encore plus lorsqu’il s’agit du 7ème art, doit-on se taire lorsqu’un film est pourri et que son réalisateur nous prend manifestement pour des truffes ?

Comme me l’a un jour laissé entendre l’écrivain Bernard Quiriny, tandis que nous discutions littérature, l’absence de critique, positive ou négative, sur une création artistique est sans doute ce qu’il y a de pire pour son auteur, étant entendu que ne susciter aucune réaction de quiconque revient de facto à voir son œuvre rangée dans la catégorie des bides retentissants, qui ne valent même pas la peine que l’on se fatigue à en parler. Je vais donc me taire sur ce qu’a osé nous infliger Matteo Garonne et ce que m’inspire son « adaptation » – « massacre » conviendrait mieux – de Conte des contes, chef d’œuvre de Giambattista Basile. Ceci dit, je n’en pense pas moins. Je vous laisse toutefois apprécier ce qu’il convient de penser de ce que les Cahiers du cinéma qualifient de « croûte des croûtes de ce début d’été » [2], en raison notamment de « l’enchevêtrement aléatoire de séquences » [2] que constitue ce film, de « l’interminable défilé de costumes et de créatures à gimmicks » [2] qu’il impose au spectateur et de fait que Matteo Garonne peine à dissimuler qu’il n’a « strictement rien à raconter » [2].

En effet, ce n’est qu’en jugeant sur pièces que vous pourrez ou non approuver l’idée selon laquelle Tale of Tales n’est qu’une « pièce montée indigeste » [3].

S.P.A.B.

[1] 2015. Durée : 2 h 13

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19554031&cfilm=226583.html

[2] Cahiers du cinéma, juin 2015, p 43

[3] Télérama, 1.07.2015, p 43