Chalon sur Saône

Les musiques noires américaines ont été évangélisées par Jeanette Berger

Les musiques noires américaines ont été évangélisées par Jeanette Berger

La chanteuse d’origine mâconnaise Jeanette Berger a fait coup double à Chalon-sur-Saône cette semaine. Elle aura d’un côté impulsé une dynamique certaine au festival « Garçon, la note ! » dont c’était la grande première, et de l’autre administré maintes bouffées d’air frais aux guinguettes des bords de Saône. « Mistral gagnant » dans les deux cas.

Un accueil aux petits oignons

Ce mardi soir au bar-brasserie Le Dôme a laissé une excellente impression à l’auteur-compositeur-interprète partie prenante courant juin des Francos Gourmandes de Tournus, et du festival parisien Solidays. « On a passé un super moment ! Environ deux cents personnes étaient présentes sur l’ensemble de la soirée, avec une bonne centaine attablées, et la bonne humeur était au rendez-vous. J’ai eu beaucoup de chance : le public était très réceptif à mes propres chansons, environ la moitié du set, et agréablement surpris par les reprises que j’ai choisies, toujours dans le répertoire que j’aime : Ray Charles, Nina Simone, Amy Winehouse… »

Elle n’a pas failli à sa tâche

Puis jeudi soir les guinguettes du Port Villiers ont circonscrit un périmètre voué aux festivités du palais et du conduit auditif, avec en sus au centre la scène très proche de la rivière qui n’en revenait sans doute pas de l’honneur qui lui était fait. Pieds nus, accrochée en permanence à son piano ayant valeur d’attribut vital, caractère intimiste en vigueur, Jeanette a effectué une très convaincante démonstration de son organe vocal, secondée par l’instrument en question, devant beaucoup de monde en goguette. Linéarité, passez votre chemin ! La jeune femme de 24 ans, vaccinée aux sons jazzy, et plus encore à la soul et au rhythm and blues importés des States, a pratiqué l’alternance en sa qualité d’ambassadrice croyable : tantôt sur un tempo apaisant, tantôt à une cadence effrénée. Sa botte secrète ? Déclencher le détonateur à la fois de l’intériorisation et de l’extériorisation, une gageure.A l’aide de sa voix musclée, expressive, à l’énergie vibratoire, chaleureuse, elle a répandu dans l’atmosphère en ondulant à l’occasion des parcelles de bonheur, ces notes et phrasés qui ne demandaient qu’à être consommées à part en finesse, ou d’un seul tenant. Cette fois ce sont uniquement des chansons de son fait qui ont inondé l’assistance, en particulier « Walking back home » (de son EP « Blues Prayer »), ainsi que « How many times », titre de son single sorti en avril dernier. Elle a eu somme toute bien du mérite et de la constance d’user de sa force de pénétration dans la conscience collective, la soliste pétrie de talent, entre les personnes venues dîner, prendre un verre sans autre souci que la détente en alimentant les conversations se transformant par la force des choses en bruit de fond, et les passages des véhicules à deux ou quatre roues sur la route attenante…

                                                                                     Michel Poiriault