Côte chalonnnaise

Climats de Bourgogne - Une extension vers la Côte Chalonnaise ?

Climats de Bourgogne - Une extension vers la Côte Chalonnaise ?

Jeudi 16 juillet au milieu des vignes, dans une parcelle de Maranges 1er Cru Clos du Roi, les vignerons du cru ont fêté joyeusement l’inscription des Climats de Bourgogne sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Car oui, les Climats de Maranges sont bel et bien inscrits. L’occasion pour eux de réaffirmer aussi - haut et fort – leur double appartenance : à la côte viticole de Beaune et au département de Saône-et-Loire. Un trait d’union rêvé pour argumenter une future extension vers la Côte Chalonnaise ?

C’est que se plaisait à imaginer à demi-mots, Aubert de Villaine, rien de moins, le président de l’association de défense des Climats. « Nous avons travaillé pour les Maranges. Cela n’a pas été facile de les imposer », débutait-il en référence à ce dossier qui le mobilise depuis maintenant 8 années. « Au départ, on a défendu toute la Bourgogne. Mais, nous avons été obligé de présenter la partie la plus emblématique », expliquait-il avec encore un léger regret dans la voix. Mais en cette chaude fin de journée (40°C), l’heure était à la fête. Les Maranges comptent pleinement profiter de l’inscription sur la liste du patrimoine mondial à l’Unesco. Et les Maranges ont de beaux et nombreux atouts à faire valoir, à commencer par leurs vins et maintenant leurs climats, en premier lieu desquels leurs six premiers crus (La Fussière, Le Clos des Rois, Le Clos de la Boutière, Le Clos des Loyères, Les Clos Roussots, Le Croix Moines) mais pas que… loin de là.

Les Climats sont des parcelles de terre précisément délimitées, bénéficiant de conditions géologiques et climatiques spécifiques. Combinées au travail des hommes et traduits par de grands cépages, tels que Pinot Noir, pour les vins rouges, et Chardonnay, pour les vins blancs. Ces conditions ont donné naissance à une exceptionnelle mosaïque d’appellations hiérarchisées et mondialement réputées. Les Climats transmettent aux vins de Bourgogne leurs qualités organoleptiques propres et uniques (apparence, arômes, goût, texture…).

De nouvelles opportunités

Les trois maires – de Cheilly-lès-Maranges, Dezize-lès-Maranges et Sampigny-lès-Maranges -, respectivement Marc Labulle, Franck Chambrion et Catherine Girard, adressaient - au nom de tous les habitants - leurs profonds remerciements aux bénévoles, aux mécènes, aux soutiens anonymes et aux membres de l’association qui ont permis ce classement.

Catherine Girard voyait déjà « du travail pour notre office de tourisme ». Franck Chambrion allait même plus loin : « à nous élus de monter des projets pour faire vivre cette belle notoriété ». Et Marc Labulle de conclure : « qu’une nouvelle voie s’ouvre pour notre territoire ». Un travail qui revient à tous en réalité. Le président de l’ODG, Claude Bulard souhaitant « qu’avec les habitants, les vignerons montent des structures car il reste beaucoup à faire ».

Le Conseil départemental compte bien se saisir aussi de cette reconnaissance. Elisabeth Roblot, en charge du tourisme, voulant faire de la destination Saône-et-Loire, le département « leader » de l’oenotourisme en France. Car comme le soulignait Sébastien Martin, président du Grand Chalon et élu de Givry, « ce qui est bon pour un territoire bourguignon est bon pour toute la Bourgogne ».

Se montrer digne du label

Il avait visiblement bien écouté les paroles d’Aubert de Villaine qui auparavant avait déclaré : « je suis toujours - dans mon cœur - de la côte chalonnaise ». Un beau compliment émanant du principal co-propriétaire du Domaine de la Romanée-Conti à Vosne-Romanée. Son amie, Claudette Brunet-Lechenault, élue du canton de Chagny, rappelant qu’il a d’ailleurs été Maire de Bouzeron. Des déclarations qui laissaient une porte ouverte à une possible extension de la zone inscrite en direction de la côte Chalonnaise ? En effet, des extensions sont possibles après l’inscription. Pour preuve, l’exemple proche de chez nous, de la grande saline de Salins-les-Bains étendue en 2009 à la saline royale d’Arc-et-Senans pour sa production du sel ignigène. Mais, avec son ton sage et réfléchi, Aubert de Villaine tempèrait toute précipitation et revenait à la réalité sur le plan de gestion des côtes de Beaune et de Nuits : « Nous entrons dans la deuxième phase. Nous devons d’abord nous montrer digne du label. Faire mieux encore. C’est le deuxième étage d’une fusée, après celui des appellations d’origine contrôlées. Celui qui protège tout ce qui est autour de la vigne : sa culture, le petit (murs, cabottes…) et le grand patrimoine ». L’extension de la zone vers la côte Chalonnaise n’est pas impossible mais cela prendra certainement du temps et nécessitera une véritable volonté émanant du terrain…

Cédric MICHELIN - L'Exploitant Agricole de Saône et Loire